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Julius Evola – Chevaucher le tigre

Cette formule extrême-orientale signifie que si l’on réussit à chevaucher un tigre, on l’empêche de se jeter sur vous et, qu’en outre, si l’on ne descend pas, si l’on maintient la prise, il se peut que l’on ait, à la fin, raison de lui.

 

Rappelons, pour ceux que cela intéresse, qu’un thème analogue se retrouve dans certaines écoles de sagesse traditionnelles, comme celle du Zen japonais (les diverses situations de l’homme et du taureau) et que l’antiquité classique elle-même développe un thème parallèle (les épreuves de Mithra qui se laisse traîner par le taureau furieux sans lâcher prise, jusqu’à ce que l’animal s’arrête : alors Mithra le tue).

Ce symbolisme s’applique sur plusieurs plans. Il peut se référer à une ligne de conduite à suivre sur le plan de la vie personnelle intérieure, mais aussi à l’attitude qu’il convient d’adopter lorsque des situations critiques se manifestent sur le plan historique et collectif. Dans ce dernier cas, ce qui nous intéresse est le lien qui existe entre ce symbole et ce qu’enseigne la doctrine des cycles sur la structure générale de l’histoire, en particulier sur la succession des « quatre âges ». Cette doctrine, ainsi que nous avons eu l’occasion de l’exposer ailleurs, a revêtu des aspects identiques en Orient et en Occident (Vico n’en a recueilli qu’un écho).

Dans le monde classique, on parle d’une descente progressive de l’humanité de l’âge d’or jusqu’à celui qu’Hésiode appela l’âge du fer. Dans l’enseignement hindou correspondant, l’âge final est appelé le kali-yuga l’âge sombre), et l’on en exprime le caractère essentiel en soulignant que ce qui est propre au kali-yuga c’est précisément un climat de dissolution — le passage à l’état libre et chaotique de forces individuelles et collectives, matérielles, psychiques et spirituelles qui, auparavant, avaient été contenues, de diverses manières, par une loi venant d’en haut et par des influences d’ordre supérieur. Les textes tantriques ont donné une image suggestive de cette situation en disant qu’elle correspond au complet « éveil » d’une divinité féminine — Kâli — symbolisant la force élémentaire et primordiale du monde et de la vie, mais se présentant, sous ses aspects « infernaux », comme une déesse du sexe et des rites orgiaques. « Endormie » jusque-là — c’est-à-dire latente quant à ces derniers aspects — elle serait, durant l’ « âge sombre », complètement éveillée et agissante.

Tout semble indiquer que c’est précisément la situation qui s’est développée au cours de ces derniers temps, l’épicentre en étant la civilisation et la société occidentales, d’où elle s’est rapidement étendue à la planète entière ; le fait que l’époque actuelle se trouve placée sous le signe zodiacal du Verseau pourrait d’ailleurs trouver là une interprétation normale, se rattachant aux eaux, dans lesquelles tout retourne à l’état fluide, informe. Des prévisions formulées il y a déjà de nombreux siècles — car c’est à une époque aussi lointaine que remontent les idées que nous rapportons ici — se révèlent donc aujourd’hui singulièrement actuelles. Ce contexte se rattache, comme nous le disions, aux vues déjà exposées, en ce qu’il présente de façon analogue le problème de l’attitude à adopter durant le dernier âge, attitude associée ici au symbolisme du tigre que l’on chevauche.

En effet, les textes qui parlent du kali-yuga, et de l’âge de Kâli, proclament aussi que les normes de vie qui étaient valables pour les époques où les forces divines demeuraient, à un certain degré, vivantes et agissantes, doivent être considérées comme périmées durant le dernier âge. Celui-ci verrait apparaître un type d’homme essentiellement différent, incapable de suivre les anciens préceptes ; de plus, en raison de la différence du milieu historique, voire planétaire, ces préceptes, même s’ils étaient suivis, ne porteraient pas les mêmes fruits. C’est pour cela que des normes différentes sont désormais proposées et qu’ est abrogée la loi du secret qui couvrait auparavant certaines vérités, une certaine éthique, et certains « rites » particuliers, à cause de leur caractère dangereux et de l’antithèse qu’ils constituaient avec les formes d’une existence normale, réglée par la tradition sacrée. La signification de cette convergence de vues n’échappera à personne. En cela, comme sur d’autres points, nos idées, loin d’avoir un caractère personnel et contingent, se rattachent essentiellement à des perspectives que le monde de la Tradition avait déjà connues quand furent prévues et étudiées des situations générales d’un caractère non normal.

Examinons maintenant comment s’applique au monde extérieur, au milieu général, le principe consistant à chevaucher le tigre.

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12 Commentaires

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  • #3434589
    Le 7 octobre à 11:44 par Lilith
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    On ferait mieux de le laisser tranquille, le tigre.
    Si on s’occupait simplement de pourvoir aux besoins humains,
    en abandonnant toute métaphysique, et toute idéologie pendant 50 ans...

    Quelle société en émergerait ?
    Pour pouvoir s’occuper de métaphysique
    (ou de science) il faut que la société fonctionne.

    Je vois mal comment on peut même parler de politique
    (qui est la vie et la direction suivie par la cité)
    dans des sociétés totalement dysfonctionnelles ...

    Ce qui permet à une société de s’adonner aux arts et à la science,
    c’est d’être une société harmonisée.
    Aujourd’hui on postule l’inverse l’art, la science et la culture...
    et la politique sont censées harmoniser la société...

    C’est l’abandon de toute forme de politique(et de métaphysique)
    qui nous sortira de là.
    Nous sommes submergés de politique et de métaphysique, pour quel bénéfice ?
    Aucuns.

     

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    • #3434644
      Le 7 octobre à 13:25 par Air France
      Julius Evola – Chevaucher le tigre

      Ça s’appelle le nihilisme. Tu peux rejoindre l’équipe à Soros et ses légions arc-en-ciel.

       
    • #3434762
      Le 7 octobre à 17:34 par Macarel
      Julius Evola – Chevaucher le tigre

      Submergé de métaphysique, tout à fait.

      C’est exactement ce que je me dis quand je pense à Hanouna, à la téléréalité, ou aux albums de JUL et Aya Nakamura.

      Vous avez parfaitement cerné l’époque.

       
    • #3434875
      Le 7 octobre à 22:47 par Knokke
      Julius Evola – Chevaucher le tigre

      Vous semblez tout avoir compris à l’envers.

      C’est la science et la métaphysique, qui par la raison harmonise et fait fonctionner la société.

      C’est quand il n’y a plus de politique, qu’une société devient dysfonctionelle.

      C’est l’alliance de l’art (la transcendance), la science (le progrès, la raison), la culture (le savoir) et la politique (la gestion de la cité) qui harmonise et permet à une société d’être fonctionelle.

      Et vous exortez à jeter tout ça, et à s’abandonner au chaos nihiliste d’aujourd’hui, ou il faudrait abandonner tout ce qui est notre essence : culture, religion, art, système politique, métaphysique, pour pourvoir aux "besoins humains" ? mais une fois tout ça abandonné, que reste t’il de l’humain, si ce n’est les besoins animaux ?

       
    • #3434958
      Le 8 octobre à 05:20 par Pr de zumba
      Julius Evola – Chevaucher le tigre

      Aujourd’hui je demanderai qui lit Julius Evola ?
      J’irai même plus loin qui connait Julius Evola ?
      Mais surtout qui le comprendrait ?
      Non je pense qu’il ne faut pas lire Julius Evola, faut commencer doucement.
      Voici, Gala, People magazine, pour les plus érudits Paris Match et pour les intellectuels le Parisien.
      Très facile à trouver
      Annonce pour tous les dépressifs
      Sont dans toutes les salles d’attente

       
  • #3434624
    Le 7 octobre à 12:44 par Gargan
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Oh, pas besoin d’aller si loin. Les saints sauroctones sont plus "dompteurs", que tueurs de dragons.

     

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  • #3434728
    Le 7 octobre à 16:32 par Femme
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Ha ! Comme ce genre de textes fait du bien à mon petit cœur. Merci Arthur pour le partage ! Ça redonne de la force quand on parvient à voir au-delà de notre petit monde terrestre.
    Pour ma part, j’ai trouvé un trousseau de clés. J’ai commencé à ouvrir quelques portes et le peu que j’ai vu m’a déjà ravivé. Mais j’ai peur d’être limitée dans mes capacités et de ne jamais pouvoir utiliser les autres clés. Quelle frustration ! C’est le combat de l’ego. C’est dur. Je m’en remet à Dieu ou plutôt je m’y efforce.

     

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  • #3434747
    Le 7 octobre à 17:00 par john
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Si ma mémoire est bonne c’est Macron qui voulait chevaucher le tigre mais il devait vouloir parler du contraire...

     

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  • #3434853
    Le 7 octobre à 21:21 par J.I.
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Des choses à comprendre pour éviter de finir communiste, athée, fou ou dépressif, ce qui revient au même :

    La Conscience suprême, reconnue même par l’Occident aujourd’hui à travers ses structures, est ce que l’Orient et l’Asie appellent la Divinité, Cela ou DAO. Cette Conscience a créé ce monde, ou ces mondes, de manière parfaite. a) Parce qu’Elle possède une volonté bénéfique et représente la perfection totale de ce que l’on peut imaginer. b) Elle a émis cette création à partir de Sa substance, qui est la pure conscience divine, sans défaut. Ainsi, la première chose à saisir est que ce monde est parfait dans sa dynamique. Les cycles de la vie, avec leurs dégradations et transformations, font partie intégrante de cette perfection. Si tel est le cas, que pouvons-nous craindre ? Comment ne pas se réjouir ? Toute autre attitude révèle une ignorance ou une volonté de manipuler autrui.

    En reconnaissant que ce monde est parfait, nous comprenons que les cycles de l’existence sont également parfaits et se succèdent harmonieusement. Bien qu’il y ait des phases de dégradation, cela peut être vu comme une transformation nécessaire, à l’image d’un fruit qui, en devenant trop mûr, tombe pour libérer ses graines. Ces transitions nous invitent à réévaluer notre perception des états successifs, plutôt qu’à les considérer comme des échecs.

    Il n’existe pas de mondes passés ou asiatiques qui auraient été meilleurs que des mondes occidentaux progressistes et pervertis modernes. Penser cela est une erreur. La divinité, qui est un autre nom pour la vérité et la réalité, demeure constante, même si notre compréhension évolue. Les états sont toujours parfaits, même s’ils changent à chaque instant. La bonté, la vérité et la justice sont des constantes, que ce soit il y a dix mille ans ou dans dix mille ans. Il est donc essentiel de croire en Dieu, de prier, de pratiquer, et de s’engager contre les dérives du mal. Cela constitue notre plus grand devoir et nous aide à rester alignés avec la vérité, plutôt que de sombrer dans l’illusion.

     

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  • #3434856
    Le 7 octobre à 21:29 par Nono91
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Quand on lit Evola ou Guénon, qu’on soit d’accord ou pas, on monte quand même en altitude…

     

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  • #3434898
    Le 8 octobre à 00:23 par szut
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Esprit d’abord, Humain ensuite !

     

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  • #3434946
    Le 8 octobre à 04:55 par Doc_M
    Julius Evola – Chevaucher le tigre

    Si KK pouvait rééditer "La tradition hermetique" de Julius Evola, aujourd’hui introuvable sauf à des prix exorbitants, il s’en vendrait un paquet.

     

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