La propagande se retourne toujours contre elle. Les pouvoirs totalitaires devraient le savoir.
Croix gammées taguées, selfies avec saluts hitlériens ou inscriptions négationnistes dans des livres d’or : les responsables des lieux de mémoire sur les sites des anciens camps nazis en Allemagne s’alarment de provocations révisionnistes croissantes. Sans compter les mises en scène de visiteurs se photographiant tout sourire devant les fours crématoires ou encore les autocollants à la gloire de figures révisionnistes.
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Visites perturbées
« Les incidents sur les lieux de mémoire ont toujours existé mais on remarque une augmentation due à une libération de la parole d’extrême droite », reconnaît Volkhard Knigge, directeur du Mémorial du camp de concentration de Buchenwald. Depuis 2015, ils ont doublé dans ce camp situé à quelques kilomètres de Weimar en Thuringe, où périrent quelque 56 000 personnes entre sa création en 1937 et sa libération en avril 1945.
« Les messages glorifiant le nazisme ou demandant la réouverture des camps pour les étrangers sont plus fréquents », déplore le directeur du Mémorial de Buchenwald.
Phénomène plus récent : un nombre croissant de visites guidées sont perturbées par des militants adeptes de théories révisionnistes.
Remise en cause de la véracité du génocide
Un constat que partage son homologue berlinois Uwe Neumärker, directeur du Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe : « Les visiteurs nous posent des questions sur la véracité du génocide. Ce sont des choses auxquelles nous n’étions pas confrontés il y a encore quelques années ».
Cette tendance s’inscrit dans un contexte où les générations d’Allemands ayant vécu la période Seconde Guerre mondiale disparaissent peu à peu et où le sentiment de culpabilité national à l’égard des crimes du IIIème Reich tend à s’atténuer.
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Depuis leur élection dans quasiment tous les parlements régionaux, plusieurs députés AfD tentent d’influencer la programmation historico-culturelle des lieux de mémoire. « Ils questionnent les choix pédagogiques et cherchent à gommer certains aspects historiques. Pire encore, ils intimident les collaborateurs en exigeant de connaître leur vie privée et orientation politique. »
Guides doublés et mesures de sécurité
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Financer des caméras de vidéosurveillance ou des agents de sécurité absorbe des fonds conséquents « qui seraient plus utiles dans la pédagogie », notamment « en direction des plus jeunes », soupire M. Knigge. Il regrette, que les heures de cours consacrées au nazisme aient « fondu » ces dernières années, comme le soulignait un rapport parlementaire en 2018. « Or, les mémoriaux ne peuvent pas compenser ce que les écoles ne font plus. »
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