Il est 20 heures ce 14 mai 2017. Le visage de Marine Le Pen se dessine lentement sur les écrans de télévision de millions de Français, au soir du second tour de l’élection présidentielle.
Elle devient le 8e président de la Ve République. C’est un séisme politique.
Quelques semaines plus tard, portée par ce succès et à l’issue de tractations avec des parlementaires en dissidence de leurs propres partis, Marine Le Pen dispose de la majorité à l’Assemblée nationale.
Le scénario de mon cauchemar varie selon les nuits. Parfois, Marine Le Pen applique ses promesses à l’encontre de l’Europe et du reste du monde : sortie de la France de la zone euro, moratoire sur le remboursement de la dette, suspension de notre contribution au budget européen, barrières douanières. Le nouveau franc s’effondre, le déficit extérieur plonge, nos exportations chutent, nos entreprisesferment, le chômage explose, la violence prospère. Parfois, Marine Le Pen renvoie à plus tard ce volet de son programme : nous conservons l’euro et notre pays poursuit cahin-caha sa trajectoire économique, avec des secousses mais sans cataclysme.
Mais, dans tous les cas, moi qui ai été un enfant caché pendant la seconde guerre mondiale, je frémis de voir notre pays sombrer dans un régime où le populisme refuse les opinions minoritaires, rejette ce qui s’écarte de ses normes, redéfinit à sa sauce les droits et les libertés. Un régime où la critique est une trahison, où l’autorité est dévoyée au profit des affidés du pouvoir, où les principes républicains s’effacent devant les partis pris idéologiques, où on prétend que les difficultés disparaîtront quand les boucs émissaires auront été expulsés hors de nos frontières.
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