Elections annoncées, formation d’un nouveau gouvernement, l’Autorité palestinienne secouée par le scandale des “Palestine Papers”, puis par le soulèvement en Egypte, est aujourd’hui à la recherche d’une nouvelle légitimité. Hier le président palestinien Mahmoud Abbas a donc chargé le Premier ministre Salam Fayyad, de former un nouveau cabinet avant des scrutins prévus cette année.
L’Autorité palestinienne déjà minée par l’échec du processus de paix, vit ces dernières semaines une remise en question fondamentale. Fragilisée par le vent de la contestation qui secoue le monde arabe, ébranlée par la débâcle des régimes égyptien et tunisien auxquels elle était liée, décrédibilisée par les fuites sur les négociations de paix avec Israël, érodée par la fracture persistante avec le Hamas, l’Autorité palestinienne cherche aujourd’hui à redonner une assise à une légitimité gravement remise en question.
L’Autorité palestinienne a donc annoncé qu’elle renoue avec les rendez-vous électoraux, autant de tests de sa légitimité dans l’opinion. Afin de rétablir cette légitimité mise à mal, elle a convoqué la semaine dernière des élections municipales pour le 9 juillet, et a annoncé le 12 février, des élections générales d’ici septembre.
C’est dans cette optique que le président Mahmoud Abbas a chargé lundi le Premier ministre Salam Fayyad, qui a présenté la démission de son gouvernement, de former un nouveau cabinet avant ces élections.
Il va sans dire que ces scrutins ne devraient se tenir que dans la seule Cisjordanie, compte tenu du refus du Hamas à Gaza, et d’Israël qui interdit toute activité politique palestinienne à Jérusalem-Est, occupée et annexée depuis 1967.
Rétablir l’unité nationale
Le président de l’Autorité palestinienne a chargé lundi le Premier ministre Salam Fayyad, qui avait auparavant présenté la démission de son gouvernement, de former le nouveau cabinet.
En fonction depuis 2007, le Premier ministre doit rapidement entamer des consultations avec les partis palestiniens et la société civile. Le 31 janvier, en pleine vague de contestation populaire en Egypte et en Tunisie, il avait appelé les mouvements palestiniens à “commencer à réfléchir sérieusement à des élections générales”, et de les utiliser pour mettre fin à la division et rétablir l’unité nationale.
Rappelons que depuis la séparation de fait entre la Cisjordanie, dont l’Autorité palestinienne gouverne les zones autonomes, et la bande de Gaza contrôlée par le Hamas depuis juin 2007, le calendrier électoral est resté suspendu : la présidentielle de 2009 n’a pas eu lieu, pas plus que les législatives, ni les municipales en 2010. Le Hamas a aussitôt rejeté l’appel à des élections venu de l‘Autorité palestinienne. Autre temps fort de ce samedi : la démission de l’une des principales figures de la direction palestinienne actuelle, Saëb Erakat, le négociateur palestinien.
Le Hamas dénonce une farce
Les deux scrutins proposés par l’Autorité palestinienne ont tour à tour été rejetés par le mouvement islamiste Hamas qui conteste publiquement la légitimité de M. Abbas, dont le mandat, qui a expiré en janvier 2009, a été prolongé jusqu’à la tenue d’une nouvelle élection présidentielle afin d’éviter un vide institutionnel.
“Nous ne reconnaissons pas ces élections et nous n’y participerons pas. Elles consolideront la division et ne seront pas dans l’intérêt des Palestiniens” a commenté un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum. Ce dernier est rejoint par un autre porte-parole qui précise : “l’appel (pour les élections, ndlr) vise à couvrir les scandales frappant Abbas et relatifs aux documents d’Al-Jazira et à détourner l’attention de l’opinion publique palestinienne de ces scandales”.