L’accroissement des tensions avec l’Arménie, ennemi de longue date au sujet de la région disputée du Haut-Karabakh et la position de la Russie dans le dossier ukrainien poussent l’Azerbaïdjan à modifier sa stratégie militaire vers une plus grande autonomie.
À Bakou, deux axes se dessinent : sa propre production d’équipements militaires, à l’image des drones fabriqués en commun avec Israël ; et un rapprochement avec la Turquie (membre de l’OTAN) et la Géorgie.
Ainsi, le drone de reconnaissance et d’espionnage israélien Hermes, abattu le 23 août dernier par les forces iraniennes alors qu’il s’apprêtait à effectuer un vol d’espionnage au dessus d’un site nucléaire, aurait décollé de la base aérienne au Nakhitchevan, une enclave azerbaïdjanaise entre l’Iran et l’Arménie.
La semaine dernière, à l’occasion du 1er salon azerbaïdjanais de l’industrie de la Défense qui s’est tenu du 11 au 13 septembre, le ministre de la Défense de l’Azerbaïdjan Yaver Jamalov a annoncé que son pays prévoyait d’exporter une centaine des drones co-produits avec le régime sioniste vers les membres de l’Alliance atlantique, sans préciser lesquels ni les modalités de ces contrats.
L’Azerbaïdjan, puissance énergétique de la mer Caspienne, souhaite s’émanciper de son puissant voisin russe en matière d’armements. La position pro-arménienne de Moscou et les ambitions régionales de l’Azerbaïdjan poussent ce dernier à se détourner de la Russie, à laquelle il a acheté plusieurs milliards de dollars d’équipements pour ses forces armées durant les dernières années.
En août dernier, après la multiplication des accrochages entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, Vladimir Poutine avait réuni les présidents des deux nations rivales à Sotchi afin de trouver une solution pacifique et éviter l’escalade. Une approche qui ne semble pas avoir convaincu le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev.
L’Azerbaïdjan se tournant vers les adversaires de la Russie, le Kremlin pourrait bien être tenté de jouer la carte arménienne pour contrer les ambitions de Bakou.