Manuel Valls était à la grande synagogue de la Victoire ce 18 septembre pour une cérémonie de vœux à l’occasion de Roch Hachana. Devant un millier de représentants des communautés juives de toute la France, il a prononcé une allocution que Joël Mergui, président du Consistoire, a décrite comme « un des moments les plus forts que nous ayons vécus à la grande synagogue ».
En effet, devant tout le gratin communautaire, Manuel Valls a dénoncé un « nouvel antisémitisme qu’il faut combattre, sur fond d’un antisionisme qui propage la haine du juif […]. Se dire antisioniste ou nier le droit à l’existence de l’État d’Israël en voulant éviter l’accusation d’antisémitisme, n’est pas possible. »
Donnant une légitimité inespérée à un chiffre fantaisiste établi directement par le CRIF, le Premier ministre a expliqué que l’antisémitisme avait augmenté de 91 % depuis le début de l’année. Une occasion d’annoncer : « Oui, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est une grande cause nationale. »
Il a ensuite réitéré le numéro du Trocadéro : « Sans les juifs, la France ne serait plus la France », puis, a déclaré s’être « parfois senti un peu seul quand il a fallu faire taire un certain humoriste », désireux sans doute d’apparaître comme le premier de la classe.
Roger Cukierman ne tarit plus d’éloge sur cet employé modèle, qu’il qualifie de « phénomène impressionnant ».
En effet, le 12 septembre dernier, lors d’une conférence donnée au Farband (Union des sociétés juives de France), Roger Cukierman avait félicité le gouvernement le plus impopulaire de l’histoire de la Ve République. Ce jour-là, François Hollande avait obtenu le Grand Prix, mais c’est bien Manuel Valls qui s’était vu décerner la Palme d’Or :
« François Hollande a beaucoup de défauts, il n’est pas très bon en économie. Mais il a toujours été du côté des juifs. Il a fait des déclarations fortes [le communiqué ultra sioniste du 9 juillet dicté par Benjamin Netanyahou au téléphone, NDLR]. Sous la pression de l’opinion publique, il a pu évoluer un petit peu, mais profondément, il aime les juifs et je l’ai accompagné pendant le voyage qu’il a fait en Israël, et il était complètement épanoui là-bas et il a reçu un accueil particulièrement chaleureux et à mon avis mérité.
Et puis il y a Manuel Valls qui est un phénomène alors là… encore plus impressionnant parce que lui, il prend des risques personnels. Lorsqu’il interdit les manifestations pro-palestinienne, lorsqu’il s’est attaqué à Dieudonné, il savait pertinemment qu’il prenait des risques considérables sur sa popularité personnelle et on a vu le résultat d’ailleurs puisque sa popularité a chuté gravement. Mais il dit les choses de manière particulièrement claire quand il a dit « l’antisionisme, c’est de l’antisémitisme », il a dit « la France sans les juifs, ce n’est pas la France ».
Et dans les actes il le montre également, au point d’ailleurs qu’il a fait demander qu’on le soutienne auprès de la droite française-auprès des partis modérés de droite, lorsqu’il a voulu interdire les spectacles de Dieudonné ou lorsqu’il a voulu interdire les manifestations antisémites. Il craignait que la droite ne s’oppose, ne prenne prétexte de ce qu’ils appellent habituellement l’atteinte à la liberté d’opinion pour critiquer sa position. Et donc nous sommes intervenus auprès du monde politique de droite : Raffarin, Juppé et Copé, Xavier Bertrand, Lemaire et cætera pour leur demander de ne pas critiquer. »