La semaine dernière, les marchés ont signé la plus forte hausse hebdomadaire depuis trois ans, avec une progression de 10,8%. Est-ce à dire que la crise de l’euro touche à sa fin ? Non naturellement, l’intervention prévisible des banques centrales ne fait que retarder l’issue de la crise.
L’intervention prévisible des banques centrales
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intervention concertée des banques centrales de la planète a fortement calmé les marchés. L’injection concertée de liquidités a permis de faire baisser les taux longs espagnols de 100 points de base, à 5,68% et a réussi à faire repasser les taux longs italiens sous le cap fatidique des 7%, à 6,68%. L’incendie n’est pas éteint, loin de là, mais il est largement circonscrit du fait de l’intervention des banquiers centraux.
Il faut dire que seules les banques centrales ont des moyens suffisants aujourd’hui pour calmer la spéculation. Leur intervention était parfaitement prévisible, même si cela a tardé, comme je l’écrivais en août : « on pourrait imaginer que (…) les gouverneurs des banques centrales fassent une annonce pour calmer les marchés (poursuite de l’acceptation des Bons du Trésor comme collatéral du fait de la baisse de la note par une seule agence, injection de liquidités, monétisation…) ».
Un double problème d’aléa économique et politique
Mais cette intervention n’est pas sans poser de graves problèmes. Certes, elle permet d’éviter une grave crise financière, qui ne manquerait pas d’arriver si les taux continuaient à monter, mais elle représente aussi une forme d’aide gratuite aux banques privées. En effet, quand les banques centrales les refinancent, cela se fait sans contrepartie de leur part. Bref, les banques centrales prolongent l’incroyable aléa moral dont bénéficie le système financier, malgré le précédent de 2008 !
Pire, cela est fait par de simples technocrates, sans le moindre contrôle démocratique. En effet, l’épisode de la semaine dernière montre que le pouvoir est bien dans la main des banquiers centraux, qui ne répondent pourtant jamais devant le peuple. Un nouvel exemple du scandale démocratique que représente l’indépendance des banques centrales. D’ailleurs, Jacques Sapir a justement récemment proposé dans le Monde de les réquisitionner pour monétiser.
L’impasse reste allemande
Mais tous ces expédients nous font perdre de vue que l’euro est bien un zombie et que la question n’est pas de savoir si la monnaie unique va disparaître, mais quand. Certes, la tragi-comédie actuelle peut encore durer quelques années, mais les évènements des vingt derniers mois ont totalement condamné toute issue. Jamais les Allemands ne seront prêts aux transferts nécessaires pour prolonger davantage la vie de cette construction monétaire baroque et artificielle, et à raison.
60% des Allemands déclarent maintenant être opposés à l’euro. Et si Angela Merkel parle d’union budgétaire européenne, il ne s’agit en aucun cas d’un budget européen ou d’une « Transfer union », mais, d’une mise sous tutelle des budgets nationaux sous la coupe des technocrates européens. Certes, une telle évolution est totalement révoltante et il faut la combattre mais, elle pourra plus facilement être abandonnée le moment venu, comme l’ancien pacte de stabilité.
Malheureusement, la monnaie unique n’est pas encore totalement morte. Des expédients peuvent encore prolonger sa vie de quelques mois, voir quelques années. Mais pendant ce temps sera toujours mieux démontré qu’elle est une impasse économique.