Dimanche 17 janvier aura lieu le premier tour des élections présidentielles en Ukraine.
Après cinq ans de pouvoir, Viktor IOUTCHENKO sort affaibli, son bilan est catastrophique, la dette est abyssale. Cet homme peu charismatique n’a jamais réussi à faire l’union autour de lui, ses chances sont extrêmement faibles. Pourtant, les Etats-Unis avait misé sur lui, il était sous l’influence directe de sa femme Kateryna CHUMACHENKO IOUTCHENKO, américaine d’origine ukrainienne née à CHICAGO qui avait occupé auparavant des postes à la Maison Blanche (sous REAGAN) ainsi qu’au Département d’Etatet au Trésor, de plus elle avait été agent de liaison pour différents groupes anti soviétiques financés par la CIA. Elle avait siégé au Conseil d’administartion du célèbre think tank américain NAI (New Atlantic Initiative), organisme néoconservateur particulièrement actif sur les dossiers liés au pipe line Bakou Tbilissi Ceyhan. Le Directeur du Conseil de surveillance internationale de cette officine n’était autre que Henry KISSINGER assité par Bruce JACKSON (ancien patron de l’avionneur militaire américain LOCKEED MARTIN) et, cerise sur le gâteau : Donald RUMSFELD. Tout ce petit monde bien évidemment militait pour l’élargissement de l’OTAN dans cette zone prioritaire qu’est l’UKRAINE, dans la stratégie d’encerclement de la RUSSIE. De nombreux sponsors avaient pourtant cru dans les chances de Viktor IOUTCHENKO, à commencer par le sulfureux oligarque israélo russe BEREZOVSKY qui a dépensé sans compter, le putsch qui a mis au pouvoir IOUTCHENKO avait été largement téléguidé par le Mouvement OTPOR (Résistance) celui là même qui avait poussé Slobodan MILOSEVIC au départ, cette organisation financée par la CIA au travers de l’IRI (International Republican Institute) dont la vocation officielle est : « la création et l’aide de partis politiques et de mouvements associatifs », dont les ramifications sont nombreuses (Freedom House, Radio Netherland Worldwide, American Comitee for Peace in the Caucasus), l’admistration BUSH avait quant à elle mis la main au portefeuille en injectant 65 Millions de dollars pour aider le candidat IOUTCHENKO. Le flop est retentissant de ce que les médias occidentaux complices avaient appelé à l’époque la Révolution Orange, sa colistière Ioulia TYMOCHENKO est un chat retombant sur ses pieds, personnage particulièrement atypique, dès 1990 elle était déjà une femme d’affaires , avec son mari et son beau père, elle crée une société pour le négoce du pétrole (KORPORATSIA UKRAINSKII BENZIN). A partir de 1995, cette entreprise s’oriente vers le gaz et devient UESU, en 1997 l’entreprise réalise un CA de 4 Milliards de dollars US et contrôle un quart de l’économie ukrainienne. Ioulia devient dès cette époque pour les ukrainiens « la princesse du gaz ».En 1996, elle se lance en politique en se faisant élire député de la circonscription de Bobrinetsk avec 92% des voix. Durant l’été 1997 rien ne va plus, la société UESU est poursuivie pour fraude fiscale à grande échelle et la dette à l’égard de ses partenaires russe se monte à 300 Millions de dollars. Voyant que le vent commence à tourner, Ioulia la rusée fonde le parti GROMADA et mène au Parlement une lutte acharnée contre la corruption (ben voyons !) . Son mentor Pavel LAZARENKO quant à lui est en fuite aux Etats-Unis (il est poursuivi par la justice ukrainienne pour blanchiement d’argent et détournement de millions du budget de l’Etat pour approvisionner son compte en Suisse). Fin 1999, elle rentre au gouvernement pour occuper le poste de Vice-Ministre de l’Energie (les balles de la justice ukrainienne ont sifflé à ses oreilles sans l’atteindre).
La tension monte entre Moscou et Kiev, nous sommes en 2000, Ioutchenko alors Premier Ministre reconnaît officiellement que l’Ukraine a pompé allègrement le gaz russe qui transite sur son territoire pour alimenter les firmes du pays, le scandale est énorme.
Malgré ses succès (elle passe pour une star au niveau international), les affaires rattrapent Ioulia, le 13 Février 2001, elle est purement et simplement jetée en prison, la justice ukrainienne lui reproche de la contrebande de gaz et d’avoir effectué des transports d’argent pour le compte de son vieil ami LAZARENKO (à hauteur de 79 Millions de dollars … une bagatelle !). Par une habile manipulation appuyée par les multiples aides américaines dont elle bénéficie directement (comme nous l’avons vu plus haut), elle se fait passer médiatiquement pour une martyre et se fait réélire à la RADA (Parlement). Elle devient donc une seconde fois intouchable et les poursuites judiciaires sont classées sans suite en Ukraine.
Lors de l’élection présidentielle de 2004, c’est elle qui prend la tête du putsch qui invalidera les résultats de Viktor IANOUKOVITCH pour imposer IOUTCHENKO. Le 24 janvier elle est nommée Premier Ministre, pendant ce temps, la RUSSIE a lancé contre elle un mandat d’arrêt international. Comme l’a souligné justement Leonid KRAVTCHOUK « un groupe de millionnaires a pris le pouvoir des mains d’un autre groupe de millionnaires ». Le second round a donc sonné pour Ioulia la flamboyante, une épée de Damoclès reste néanmoins suspendue au dessus de sa tête.
Le troisième candidat qui, aux yeux du peuple ukrainien, est le plus intègre (il fut Premier Ministre de 2002 à 2004) reste Viktor IANOUKOVITCH, 60 ans, leader du puissant Parti des Régions, ses chances sont importantes pour ce premier tour. Cependant, il ne fait pas l’unanimité et reste le candidat privilégié des communistes.
Ce suffrage reste une élection à haut risque, les intérêts en jeu sont énormes, les enjeux futurs tout autant. Il y a un risque très fort de partition de la carte électorale ukrainienne, en effet, ce pays est composé à près de 78% d’Ukrainiens, de près de 20% de Russes et le solde étant des Roumains + Moldaves, les relations avec la RUSSIE sont très fortes voire fusionnelles, c’est le chemin majeur de transit du gaz russe destiné à l’Europe, le choix de dimanche générera donc des changements géopolitiques importants, les Américains n’ont pas dit leur derniers mots, leur candidate officielle est désormais Ioulia TYMONCHENKO, les gros moyens sont d’ores et déjà en place.
Nous attendrons avec beaucoup d’impatience les premiers résultats en espérant que le peuple ukrainien saura se libérer du joug atlantiste. Soyons néanmoins très attentifs sur les tentations putschistes des amis de Ioulia, experts comme nous l’avons vu dans ce domaine.
André CHANCLU