Le fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, achève ce mardi au Parlement européen le dernier mandat de sa vie politique.
25 janvier 1956. Un jeune homme de 27 ans monte à la tribune de la nouvelle Assemblée nationale. Nommé membre de la commission des Affaires étrangères, Jean Le Pen a choisi à l’ouverture de la session parlementaire de modifier son prénom, qui était aussi celui de son père, et d’y accoler l’un de ses seconds prénoms. C’est donc sous le nom de Jean-Marie Le Pen qu’il prend pour la première fois la parole, après le discours d’ouverture du président socialiste Le Troquer. Et déjà, il vitupère. Et conteste la composition du bureau de l’Assemblée.
« La politique est aussi un théâtre, comme la justice du prétoire », écrit Jean-Marie Le Pen dans ses Mémoires. Mais le rideau finit toujours par tomber. Ce mardi, le comédien joue sa dernière représentation. Ce sera en fin d’après-midi au Parlement européen dont il est le doyen. Pour l’occasion, il s’est inscrit à l’ordre du jour pour prendre la parole devant l’hémicycle strasbourgeois. Il en avait perdu l’habitude.
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« Je vais porter un jugement sur cette assemblée que je quitte et que je trouve particulièrement inefficace », lâche-t-il, en guise de menu de ce qu’il appelle son « adieu aux armes ». « J’évoquerai aussi le scandaleux racket dont j’ai été victime », poursuit-il.
Une référence aux procédures de recouvrement pour des emplois présumés fictifs de ses assistants pour lesquelles il doit rembourser au Parlement 320 000 euros. Une « persécution très nette », grommelle-t-il, tout en rappelant que ses collègues ont levé six fois son immunité parlementaire pour permettre des poursuites judiciaires, souvent en raison de dérapages racistes.
Une ultime bravade dans un Parlement européen où il n’a pas beaucoup de bons souvenirs. « J’aurais l’occasion d’en avoir surtout de mauvais… » Puis, après une longue réflexion : « Ah si, mon élection en 1984 ! Libération avait titré : “le Choc Le Pen”. C’est agréable, ça… »
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Incontestablement, Jean-Marie Le Pen a préféré ses mandats au Palais-Bourbon plutôt qu’à Strasbourg. Même si, pour les premiers comme pour les seconds, il n’a jamais appartenu à une quelconque majorité. Il assume crânement : « J’ai toujours été dans l’opposition. Je suis un navigateur debout. »
Mais attention, prévient-il, « ma parole n’a pas besoin d’un mandat parlementaire pour être portée ». Le patriarche continuera à intervenir dans le débat public quand il le désire. Et pourquoi pas dès les européennes. « Je soutiens la liste conduite par monsieur Bardella pour le compte du RN, conclut-il, froidement. Même si, moi, je suis FN ! »
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