Européennes : grande victoire du Rassemblement national ; législatives : grande défaite du Rassemblement national !
Le parti de Marine Le Pen a pourtant engrangé le 6 juillet plus qu’il ne l’avait jamais fait, soit 8,7 millions de voix (37, 2 %) , plus qu’aux européennes, – 7,8 millions de voix (32,5 %). Hors présidentielles, c’est un record absolu qui marque une nouvelle progression de ce parti. Ce résultat ne lui vaut cependant que 143 députés (dont 17 venus des Républicains derrière Ciotti), soit beaucoup moins qu’il ne l’espérait et elle laisse le beau rôle au Nouveau Front populaire qui arrive en tête.
Comment passer du succès au revers avec un nombre de voix en hausse ? L’explication est dans le mode de scrutin, proportionnel aux européennes, uninominal à deux tours aux législatives.
N’y voyons nulle entourloupe : ce mode de scrutin favorise les grands partis au détriment des petits et surtout ceux qui regroupent leurs forces, comme l’a fait in extremis le Nouveau Front populaire et comme l‘ont fait par un accord de désistement réciproque ce dernier et les macroniens d’Ensemble. Une union à deux étages en quelque sorte. Le RN a beaucoup pâti de n’avoir pas d’alliés ou de proches sauf des petits partis comme Reconquête d’Éric Zemmour dont les électeurs ont, suppose-t-on, voté pour lui au second tour.
Le scrutin uninominal à deux tours peut légitimement susciter une frustration quand on sait qu’avec le système anglais à un tour, en usage au Royaume-Uni, le RN aurait, avec les mêmes voix, obtenu la majorité absolue. Mais un retour à la proportionnelle n’arrangerait rien. C’est dans le cadre de la proportionnelle qu’avait eu lieu en 1950 une tromperie bien pire, le système des apparentements, en vue d’écarter le général de Gaulle du pouvoir.
Le résultat de ces élections conduit-il au chaos ? Ce n’est pas sûr. Il n’ira pas pour autant dans le sens des intérêts de la France. Il repose sur une alliance discrète de Macron et de Mélenchon qui, contrairement à ce que laisse supposer leur image publique, sont plus proches que l’on ne croit.
En politique intérieure, ils ont des vues identiques sur plusieurs sujets essentiels :
Ouvrir encore plus la France à l’immigration de masse ;
Poursuivre les réformes sociétales transgressives, comme l’ euthanasie qui était sur le point d’être votée au moment de la dissolution. Ces réformes sont en rupture avec un héritage chrétien que l’un et l‘autre (et pas moins Macron, n’en déplaise aux lecteurs de La Croix !) détestent.
Élargir sans scrupules les déficits publics.
Poursuivre la « stratégie du chaos » en matière d’ordre public, toujours prompts l’un et l’autre à favoriser la sévérité vis-à-vis des forces de l’ordre et la mansuétude vis-à-vis des délinquants.
Ajoutons qu’en fidèles du mondialisme à la Davos, ni l’un ni l’autre n’aura de scrupules à imposer encore plus les classes moyennes. En supprimant l’ISF, Macron n’a ménagé que les grandes fortunes.
En politique internationale, par contre, leurs vues diffèrent sensiblement, sur Gaza et peut-être sur l’Ukraine. Mais s’agit-il de convictions ou de poses ? Si l’OTAN ne les leur dicte pas, ils sauront bien trouver des compromis. Peu idéalistes l’un comme l’autre, ils savent bien qu’on n’accède pas au pouvoir sans compromis. Mélenchon est cependant le plus rassurant face au risque de guerre.
Ce qui est à craindre en définitive, c’est un gouvernement à l’espagnole : coalition allant du centre-gauche à l’extrême gauche où cette dernière donne le ton.
On sera étonné de ces convergences , mais cessons de penser, comme on se le figure dans les beaux quartiers, que Macron est un centriste ; hormis le soin des plus fortunés, toutes ses positions sont à l’extrême gauche. Ce qui caractérise notre époque, que très peu comprennent, c’est le passage à l’extrême gauche de la partie la plus engagée du grand capital international (Bill Gates, Warren Buffet, George Soros, Jeff Bezos et d’autres). Eux seuls sont assez puissants pour imposer l’idéologie woke qui est la leur à tout l’Occident. Ils n’y arrivent pas dans le reste du monde et c’est peut-être pourquoi nous avons une guerre. De cette gauche qui domine le monde, Macron est le parfait représentant et Mélenchon ne s’est à notre connaissance jamais distancié.
La seule empoignade qu’il faille attendre de cette alliance est le partage des prébendes, déjà en cours.
La seule chose qu’il faille redouter, ce n’est pas le chaos, c’est qu’ils ne s’accordent que trop bien pour détruire encore plus la France.