Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la crise économique et le chômage ne sont pas des facteurs qui poussent les jeunes à se tourner vers une carrière militaire, même courte.
Ainsi, selon le 7e rapport du Haut Comité d’Evaluation de la Condition Militaire (HCEM), pour les 22.273 postes ouvert au recrutement en 2012, seulement 79.194 candidats se sont présentés. Soit 3,5 recrues potentielles pour une place. Aussi, le taux de sélectivité est très faible, même s’il masque quelques disparités entre les catégories de personnels.
Pour ce qui concerne le recrutement direct des grandes écoles d’officiers (Ecole de l’Air, Navale, ESM Saint-Cyr), le nombre moyen de candidats pour une place a été de 15,3 en 2012. Une données relativement stable depuis 10 ans. Même chose pour les officiers sous contrat, même si le taux de sélectivité est moindre (9,2). Cependant, il a atteint son plus haut niveau depuis 10 ans.
Une des raisons évoquées pour expliquer cette stabilité est la baisse du nombre de postes proposés au recrutement externe. Ce même facteur peut être avancé pour l’amélioration du taux de sélectivité pour les personnels sous-officiers, laquelle est à nuancer étant donné qu’il reste des différence entre les armées. Pour l’armée de l’Air, la moyenne est d’environ 4 candidats pour une place. Même chose pour la Marine nationale. Quant à l’armée de Terre, elle compte un peu moins de 7 recrues potentielles en moyenne pour un poste, ce qui est en nette augmentation par rapport à la période 2002-2008.
Cela dit, par rapport à la fonction publique dans son ensemble, les taux de sélectivité pour les personnels officiers et sous-officiers restent faibles. Ainsi, l’on compte en moyenne 21,9 candidats pour un poste de fonctionnaire de catégorie B (hors enseignement)…
Enfin, l’étude du HCEM souligne que le taux de sélectivité concernant les militaires du rang peine à remonter la pente, avec seulement 2,3 candidats en moyenne pour une place. Si l’armée de Terre et la Marine nationale ont vu ce taux progresser légèrement en 2012, l’armée de l’Air n’a pu que constater la chute du sien (2 recrues potentielles pour un poste de militaire technicien de l’air en 2012 contre 4,5 l’année précédente).
Quoi qu’il en soit, c’est très peu par rapport aux autres ministères. En 2011, par exemple, le taux de sélectivité pour suveillant pénitentiaire (catégorie C de la fonction publique) a été 10 fois plus important.
Plus généralement, le taux de sélectivité des militaires du rang n’a jamais dépassé 2,5 depuis la professonnalisation des armées. Et cela, comme le montre le rapport du HCEM, quel que soit l’évolution du taux de chômage chez les 15-24 ans.
"Dans une situation où le chômage des jeunes est fort et conjoncturellement en augmentation, où l’offre de postes offerts par les armées est en diminution, le nombre de candidats se présentant aux différents recrutements reste globalement stable. Cela peut sans doute s’expliquer par le particularisme du métier militaire et la précarité des contrats proposés aux jeunes dont la plupart sont, dans un monde incertain, à la recherche d’une stabilité de long terme", souligne ainsi le HCEM.
Reste que le nombre de recrues potentielles pour les armées est globalement peu élevé, quels que soient les catégories de personnels. "Si la stabilité numérique globale du vivier de recrutement pour les emplois d’officiers apparaît satisfaisante, note le HCEM, l’évolution à la baisse depuis 2004 du nombre de cadidats aux emplois de sous-officiers doit être attentivement suivie. S’agissant des candidats aux emplois de militaires du rang (majoritairement concentrés dans l’armée de Terre), le volume de candidats, quoique stable, reste insuffisants pour disposer d’une sélectivité satisfaisante".