D’après les infos mainstream, c’est à la suite d’une intoxication alimentaire que Jean Teulé, bien connu du monde des lettres, est mort subitement à 69 ans. On ne savait pas qu’on pouvait mourir aussi vite d’une intox, fût-elle alimentaire. Teulé avait fait du chemin depuis L’Écho des savanes (avec l’excellent Jean Rouzaud) jusqu’aux éditions Miallet-Barrault et Julliard, où il publia ses plus grands succès, dont Le Montespan, l’histoire d’un stupéfiant cocu sous Louis XIV, si notre mémoire est bonne. Le livre est enlevé, chargé d’anecdotes historiques mais aussi de sacrées gauloiseries, si l’on peut dire.
« À Hara-Kiri, on m’a appris à rire de l’horreur », livrait Jean Teulé à ses lecteurs à Ouest-France en 2011, pour la parution de son roman Charly 9. Interrogé sur la possibilité d’écrire sur les contemporains, cet homme d’1,96 m avait répondu : « Oui, mais aujourd’hui, il y a trop de procès. J’en ai eu cinq en diffamation ou injures publiques, je les ai tous perdus ! » (Ouest-France)
Dans la nécro de Teulé baragouinée par tous les M2 (médias mainstream), il y a un petit oubli, qui a pourtant lancé Teulé dans le bain de la télé, et quelle télé : Canal+. C’est dans le mensuel Zéro, digne descendant du grand Hara-Kiri, qu’il fourbira ses armes vraiment originales, créant une espèce de reposoir poétique au milieu d’une bande de déconneurs trash : Gourio, Vuillemin, Vergne, Berroyer... On retrouvera une partie de cette bande (les plus jeunes) dans la première mouture de Nulle part ailleurs, présentée par Philippe Gildas, Dieu ait sa bretonne âme.
Mais devant l’humour incontrôlable de la bande (qui se foutra de la gueule de Bercoff et de ses films de cul), les autorités de Canal préféreront quelque chose de plus systémo-compatible, et ce sera Les Nuls, l’émission. Avec quand même Jean-Marie Gourio, le comparse de Vuillemin, à l’écriture, principalement.
Ce qui est marrant c’est que Gourio venait de sortir (en 1987) Hitler = SS avec Vuillemin, un album qui énervera les associations d’anciens déportés, ce qui ne l’empêcha pas de nourrir les très moyens Nuls de son humour franco-polonais. Et Les Nuls, comme chacun sait, c’était Chabat, Carette (mort du sida), Lauby (et pas Lobby) et Farrugia, qui finira directeur de la chaîne et sclérosé en plaques.
Teulé, gentil comme tout, passera partout, et même chez Drucker (avec sa compagne Miou-Miou) ; pas mal pour un sympathisant des idées communistes. Ses sujets historiques (il préférait ne pas avoir de problèmes avec les vivants) sont narrés par le petit bout de la lorgnette, c’est la petite histoire, très terre-à-terre. Et c’est ce qui plaît, puisque son dernier bouquin sur la bataille d’Azincourt sera mis en place à 300 000 exemplaires.
Bon ben maintenant on va lancer la polémique : vacciné ou pas vacciné ? Jean Teulé ne nous en voudra pas, c’est pour la petite histoire.