Yvan Gastaut est historien de l’époque contemporaine (XIXe-XXIe siècles), maître de conférences à l’université de Nice-Sophia Antipolis, UFR STAPS. Il a notamment co-dirigé Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France (Gallimard, 2009), La France arabo-orientale. Treize siècles de présences (La Découverte, 2013) et l’Atlas des immigrations en France. Histoire, mémoire, héritage (Autrement, 2016). Dans cette tribune, il revient sur l’ouvrage, Magique Système. L’esclavage moderne des footballeurs africains, paru aux éditions Marabout en 2018.
Largement étudiées par le Groupe de recherche Achac, les questions liées à l’esclavage ne cessent de rebondir dans le temps présent : il n’est pas rare de comparer certaines situations sociales à des formes modernes d’esclavage. Le monde du sport n’échappe pas à la règle : en particulier celui du football en raison des immenses enjeux économiques, financiers et politique qu’il représente.
À quelques semaines de l’ouverture de la 21e édition de la Coupe du Monde de la FIFA en Russie, l’ouvrage rédigé par deux journalistes, Barthélémy Gaillard (Vice France) et Christophe Gleize (So Foot et Society), s’interroge sur la « traite » des footballeurs africains entre Afrique et Europe. Intitulé judicieusement Magique Système, l’ouvrage est d’abord un clin d’œil au fameux groupe musical ivoirien qui connaît un grand succès dans le monde depuis le début des années 2000. Les deux journalistes s’emploient à visiter l’envers du décor du football. Pour rendre le football magique aux yeux de tous, un système d’exploitation s’est mis en place.
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Bien sûr, le sujet, est loin d’être nouveau : « l’or noir » dont parlent les auteurs avait déjà sa réalité à partir de la fin des années 30 lorsque les clubs européens dans le sillage de la figure talentueuse de Larbi Ben Barek cherchent leur « perle noire ». La colonisation sert alors déjà de réservoir pour les clubs. Ces derniers ont d’ailleurs tous les pouvoirs sur ces joueurs recrutés, à tel point que la vedette Raymond Kopa s’insurge en 1963 : il parle d’esclavagisme généralisé dans le football, les joueurs professionnels n’ayant aucune liberté vis-à-vis de leur employeur.
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