On a connu Le Monde plus sélectif dans ses amitiés, mais l’info prime et balaye tous les scrupules. Le jeune Benalla, moins de 26 ans au compteur (il aurait théoriquement droit au RSA) est interrogé par un parterre stupéfiant dans les locaux d’un « communicant » (Le Monde prend ses précautions avec les guillemets), ce jeudi 26 juillet 2018. Benalla répond avec précision et une certaine cohérence aux questions, mais on sent bien que le cœur de l’affaire est ailleurs. Ce qui ne nous empêche pas de vous proposer les meilleurs morceaux de ces 10 pages d’entretien.
« L’entretien, que nous n’avons pas fait relire, s’est déroulé à Paris, mercredi 25 juillet, au domicile de Marc Francelet, un ancien journaliste reconverti dans les affaires qui se présente aujourd’hui comme "communicant". Lors de la séance photo, réalisée en fin de journée, est apparue Michèle Marchand, figure de la presse people et très proche du couple Macron. Preuve que, dans la tempête, M. Benalla n’est pas un homme seul. »
On apprend d’abord qu’en matière de sécurité et d’organisation, Benalla est un surdoué :
« Progressivement, je m’oriente vers de nouvelles fonctions : directeur de la sûreté et de la sécurité du mouvement En marche ! Il y a les premiers meetings à monter, Strasbourg, Le Mans… En fait, mes fonctions, c’est de l’organisation pure et simple, car les gens d’En marche ! sont inexpérimentés. »
Ça on l’a vu, au cours de l’étonnante campagne 2017. Suit une petite vanne sujette à toutes les interprétations :
« Quel est votre premier contact avec Macron ?
– Très amical. Amical au sens large du terme. Macron est quelqu’un de très facile d’accès, qui a un charisme. Avec lui, vous êtes à l’aise tout de suite. »
Alexandre montre de grandes capacités d’organisation, du coup il monte vite en grade(s) :
« Strzoda [le dircab du président, NDLR] me convoque quelques jours après, me dit : "Vous avez un profil sécurité, on m’a dit que vous étiez un génie de l’organisation, je vous vois bien à la chefferie de cabinet, ça vous va ?" Et j’entre donc officiellement avec le titre de "chargé de mission auprès du chef de cabinet du président de la République". »
Justement, les journalistes du Monde s’étonnent de l’accès rapide à de hautes responsabilités :
« Vous avez 25 ans, et vous vous retrouvez à donner des ordres à des policiers expérimentés…
– En fait, tout à l’Élysée est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’Etat. Est-ce qu’il vous a fait un sourire, appelé par votre prénom, etc. C’est un phénomène de cour. »
Cette progression rapide dans la hiérarchie du Palais excite les jalousies. Benalla explique qu’il n’a pas la carte : « Je ne fais pas partie du club. Je le ressens mais je dois en faire abstraction. » Et réfute les accusations d’arrogance :
« Non, je n’ai pas le melon. La vérité, c’est que ma nomination à ce poste, ça a fait chier beaucoup de gens. Parce qu’un gamin de 25 ans, qui n’a pas fait l’ENA, qui n’est pas sous-préfet – parce que je suis le seul à ne pas l’être dans l’équipe, je suis l’extraterrestre de la bande ! –, et en plus qui dit les choses, là où il n’y a que des non-dits, évidemment, ça suscite des rancœurs… »
Il charge ensuite les jaloux de la maison poulaga :
« Les syndicats de police ne disent que des conneries, ils ont trouvé le moyen d’exister alors qu’ils sont très affaiblis au sein de la police nationale. Ça ne me touche pas. »
Ensuite, on passe aux choses plus sérieuses. Là on ne taille pas dans les questions et les réponses.
« Pourquoi étiez-vous habilité secret-défense ?
– On a accès à des informations sensibles quand on approche le président. J’ai eu droit à une enquête très poussée de la DGSI, j’ai une habilitation secret-défense, mais je n’ai pas les codes nucléaires ! Les plans de l’Elysée, c’est classifié, les notes de service le sont, et je produis des documents qui sont classifiés, notamment la future direction de la sécurité de la présidence de la République (DSPR), à la conception de laquelle j’ai participé. Au cabinet, tout le monde est habilité.Avez-vous voulu réorganiser le service de protection du président ?
– Deux entités concourent à la même mission : le commandement militaire, la gendarmerie, et de l’autre, le GSPR. Le GSPR, c’est l’enfant terrible de l’Élysée. Il y a des incohérences qui, pour moi, sont complètement incroyables. Si demain il y a une cohabitation, vous avez la sécurité qui est sous la main du ministre de l’Intérieur.
Le service de la protection de la personne – SDLP –, qui coiffe administrativement le GSPR, n’a pas accès aux déplacements du président de la République, c’est leur rêve, ils nous appellent dix fois par jour pour être dans l’avion avec le président. Ils n’ont qu’un pouvoir de nuisance qu’ils savent mettre en œuvre si vous ne leur donnez pas ce qu’ils veulent, le SDLP. Ce n’est pas la création d’une garde prétorienne, le président ne va pas avoir à son service des mercenaires ou des barbouzes… On avait bien avancé, mais on avait en face un ministère de l’Intérieur qui refusait de participer à l’élaboration de cela. Je n’aurais eu aucun rôle dans la future structure. Je n’avais aucun intérêt à quitter le cabinet. »
Benalla suppose alors qu’il est victime d’une cabale, destinée à toucher le président : « Il y avait en premier une volonté d’atteindre le président de la République, c’est sûr et certain. Et je suis le maillon faible, je le reconnais. »
La partie sur le tabassage (selon la gauche) des blacks blocs est un peu hors-sujet. C’est ce qui a déclenché ce tsunami médiatique, mais comme dirait Gollnisch, on a fait moins de tintouin pour les 1 200 black blocs qui ont tout cassé à Paris le 1er Mai, et qui ont été relâchés par grappes les heures et les jours suivants. Benalla répond d’ailleurs avec malice aux journalistes qui évoquent ce droit de tabassage (l’expression est de nous) :
« Et si vous n’étiez pas collaborateur à l’Élysée, étiez-vous en droit de le faire ?
– Bien sûr. Article 73 du code de procédure pénale : tout citoyen a qualité pour appréhender l’auteur d’un délit. Je ne considère pas avoir fait une arrestation, j’ai appréhendé quelqu’un et l’ai remis aux policiers. Les gens ont des agissements délictueux, ils cassaient en toute impunité, il faut le vivre, et moi, c’est ma nature, je suis trop engagé. Si je n’étais pas collaborateur de l’Élysée, je referais la même chose. »
Bon, Benalla a un peu pété la gueule à un gaucho, on va pas en faire un pâté. Le pâté, lui, c’est pourquoi la presse aux ordres change soudain de direction et s’en prend à Macron, qu’elle a adoré et fait quelques mois plus tôt. On monte alors dans les tours, celles du pouvoir profond, car il est incompréhensible que Drahi TV ou Pigasse Jour s’attaquent à leur créature. Il faut qu’il y ait une injonction très, très supérieure. On n’a jamais vu la presse française pratiquer l’indépendance et la recherche de la vérité, ça se saurait. Ou alors quelques vérités secondaires, dont le peuple se fout.
Contre-feu ?
Les observateurs attentifs des médias auront remarqué une chose : au moment où se développe l’affaire Benalla, qui serait donc une affaire Macron par proxy, un peut-être contre-feu est né du côté du Parisien, qui est officieusement l’organe du ministère de l’Intérieur, donc théoriquement acquis à Collomb, un fidèle de Macron, qui mourrait pour lui. Et c’est peut-être lui qui va sauter, au bout de cette manip.
Que dit Le Parisien ? Il ressort littéralement l’affaire Beltrame en insistant sur le fait que la colonne de soutien du GIGN au lieutenant-colonel, qui se sacrifie pour un otage dans le Super U, met 10 bonnes minutes à intervenir au moment critique... Voici la fin de cet article étonnant, quant à sa diffusion sans actualité :
« Après avoir déposé son ceinturon, le colonel Beltrame s’avance vers Radouane Lakdim en écartant les bras. La caissière est relâchée. « À aucun moment je n’ai eu de fenêtre de tir car il y avait soit la femme prise en otage, soit le colonel », déplore le commandant du PSIG. Les deux hommes s’isolent dans la pièce. Pendant cette séquence, les gendarmes en profitent pour évacuer les dernières personnes se trouvant encore dans le magasin. Les équipes toulousaines du GIGN arrivent finalement sur place et reprennent les opérations en main. Ils sont prêts à déclencher un plan d’assaut d’urgence “en cas de brusque dégradation de la situation à l’intérieur de la pièce”, relève le rapport de synthèse du GIGN, même si l’objectif initial est d’attendre les unités qui ont décollé de Villacoublay en hélicoptère, censées arriver à 14h15.
Il est déjà 14 heures passées lorsque le négociateur du GIGN parvient à contacter le colonel Beltrame sur son portable. “Comment allez-vous ?”, s’enquiert-il. “Très bien. Vous savez qui je suis ?” “Oui, je sais qui vous êtes”. L’appareil est mis sur haut-parleur et Radouane Lakdim accepte d’engager le dialogue. “Alors j’ai demandé qu’on fasse un échange : le lieutenant-colonel gendarme contre Salah Abdeslam, Fleury-Mérogis”, réclame le djihadiste qui a déjà fait part au préalable de cette revendication extravagante. “Ben, Radouane, vous savez très bien que ça ne se fait pas comme ça, non”, répond le négociateur au bout du fil. “Ah ben il faut vous bouger là-haut”, reprend le terroriste qui insiste : “on est là pour la mort […] en martyrs”. Le négociateur tente d’amadouer Lakdim en lui parlant de sa mère, présente sur place. Cette mère que le terroriste avait directement appelée un peu plus tôt pour lui annoncer qu’il était l’auteur de ce bain de sang. “Ma mère est pas comme moi, elle est comme vous. […] Je lui ai passé le message, elle ne veut pas comprendre, eh ben chacun sa tombe”, réplique l’assaillant, guère ému.
Des questions sans réponse
C’est alors que, selon la retranscription de la bande sur procès-verbal, Arnaud Beltrame pousse ce qui sera ses derniers mots : “Attaque… Assaut, assaut”. Il est ensuite fait mention de “bruits de lutte et cris d’une ou deux personnes”. Le négociateur ne semble pas prendre la mesure de la situation. “Qu’est-ce qu’il se passe ?”, répète-t-il à trois reprises. S’ensuit un très long monologue où ses questions demeurent toutes sans réponse : “Radouane, je veux savoir ce qui se passe […] tous ces bruits donnent l’impression que vous êtes bien énervé […] Arnaud, vous êtes là ?”. À cinq reprises, le procès-verbal fait état de “bruit de râle”. Arnaud Beltrame, dont on apprendra ensuite qu’il a été égorgé, est en train d’agoniser mais le négociateur ne semble pas réaliser. “Si tu es blessé, Arnaud, grogne un coup… C’est toi, Radouane, tout ce bruit ?”, questionne inlassablement le gendarme. “La retranscription ne rend pas compte de la situation extrêmement confuse au moment des faits, insiste une source proche du dossier. Ce qu’on identifie après coup comme des râles n’a pas forcément été perçu comme tel dans le feu et le bruit de l’action”.
Combien de temps dure cette séquence avant que les effectifs locaux du GIGN ne donnent finalement l’assaut, après avoir entendu trois coups de feu dans la pièce ? Dans le passage du rapport de synthèse du GIGN remis à la justice correspondant à cet appel téléphonique, il est fait état d’un “brouhaha […] pendant trente secondes” entre l’interruption brutale de la conversation et les coups de feu. Or, comme nous l’avions révélé en avril, selon plusieurs sources, le délai entre les ultimes paroles de l’officier et l’assaut avoisine plutôt les 10 minutes. Le procès-verbal de la bande-son ne permet pas de donner un minutage précis, puisqu’il n’est pas horodaté. Mais il est évident que de longues minutes s’écoulent. Contactée, la direction générale de la gendarmerie n’a pas souhaité faire de commentaire sur une affaire judiciaire en cours. »
Si les professionnels de la surveillance intéressée de Conspiracy Watch, de Décodex ou de la LICRA voyaient ça, ils pourraient aisément hurler au « complotisme ». On ne relèvera pas les signes d’amateurisme incompréhensible ou de légèreté coupable dans les propos du négociateur, qui semble ignorer le danger alors que tout indique que les choses se passent mal...
Voilà une information qui sort à un moment incongru mais opportun, si l’on considère que les deux tendances qui se disputent le pouvoir profond sont actuellement aux prises : mondialistes européistes contre atlanto-sionistes...