C’est l’impression pas très vague qu’on a en lisant sa chronique dans L’Express ce lundi 23 juillet 2018 au matin. Emmanuel, pourtant promu par Jacques, a-t-il quelque part fait une boulette impardonnable pour le lobby mondialiste incarné par Attali ? On vous laisse juges en découvrant la métaphore du prophète de la banque humaniste...
« On aura, j’espère, compris la métaphore : une entreprise, une nation, un État, un chef d’État, un être humain quelconque, peut faire illusion, faire croire à sa force, son utilité, sa durabilité, jusqu’à ce qu’une épreuve de vérité vienne révéler la réalité de sa consistance, de son épaisseur, de sa capacité à résister aux coups d’une épingle, aux entailles d’un couteau, au tourne-vis ouvrant une valve.
Cette épaisseur, d’une entité ou d’une personne, est fort difficile à prévoir, à deviner de l’extérieur. Et on est parfois fort surpris. On a connu des entreprises apparemment indestructibles disparaître en un instant. D’autres, apparemment fragiles, contrecarrer toutes les adversités. On a vu, (on voit tous les jours), des gens s’effondrer quand leur réputation est mise à mal, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. »
Un ange casqué de la carrure d’Alexandre Benalla passe... Attali se désolidarise-t-il de son poulain en difficulté ou joue-t-il un rôle actif dans la coulisse pour glisser des peaux de banane sous les pieds de Manu 1er et éventuellement lui trouver un remplaçant plus contrôlable, mieux recentré sur la ligne de départ ?
Parler de « dégagisme » seulement un an après l’élection du nouveau président est étonnant dans la bouche de ce faiseur de rois, c’est du moins ce dont il se vante.
Mais avant cela, écoutons l’interview récente (juin 2018) du prophète de la banque humaniste par un agresseur sexuel pas du tout mais alors pas du tout inquiété par la justice. Il en profite pour montrer très clairement que la politique de Trump n’est pas du goût du camp mondialiste :
« Le sommet Trump-Kim, c’est Munich pour moi... C’est juste une occasion de donner un label de valeur internationale à un dictateur. »
Mais ça, on le savait. C’est la limite de la lucidité du pseudo-visionnaire. Car Attali, c’est un peu comme Élisabeth Tessier, la voyante qui déposait un peu partout des prédictions sous scellés et qui faisait ouvrir devant huissier celle qui correspondait à la réalité...
Attali, lui, a quand même une boussole fixée sur son projet eschatologique : faire d’Israël la première puissance mondiale et de Jérusalem la capitale du monde. Malheureusement, Jacquou-le-Prono ne sera peut-être plus là pour voir le grand Achèvement de plusieurs millénaires de luttes et de magouilles. Mais revenons à notre interview.
Le morceau intéressant arrive à la fin.
Haziza (à 19’24) : « Alors dernière question, puisque vous êtes proche du président Emmanuel Macron... »
Attali : « Je ne suis pas son conseiller. »
Et les deux terminent l’interview sur la blague du « pantalon », qui fait moyennement rire les Français...
Le ballon et l’épingle
Prenez un ballon d’enfant, un de ces ballons qu’on trouve encore dans les foires ou sur les manèges des fêtes foraines. Un ballon rond, ovale, ou en forme d’animal. Il est beau, il est rutilant. Pourtant, un coup d’épingle suffit à le rendre flasque à jamais.
Prenez un ballon de foot, bien gonflé, un de ces ballons que des milliards de gens ont vus récemment. A priori, il est indestructible. Une épingle ne peut rien contre son enveloppe qui résiste aussi à tous les coups de pied du monde. Par contre, si on emploie un couteau, ou si on trouve la valve par laquelle il a été gonflé, il n’est bientôt plus qu’un morceau de caoutchouc sans importance.
Mais, si le ballon est plein, comme le sont certains ballons de plage en mousse, ou les ballons qu’on utilise en salle de sport, nul ne peut le détruire, il résiste à tout.
A priori, rien ne distingue pourtant ces trois sortes de ballons. Ils sont, à première vue, identiques, même si l’usage en est fort différent. Parfois même, les ballons les plus fragiles sont les plus rutilants, les plus attirants, les plus convoités. Et ce n’est qu’en tentant de les percer qu’on en comprend la vulnérabilité.
[...]
C’est évidemment une leçon utile pour les crises du jour.
À moins que la métaphore du ballon et de l’épingle ne suffise pas, et qu’on soit plutôt, comme je l’ai prévu ici à plusieurs reprises, dans une transition entre un dégagisme soft et un dégagisme hard, quand un peuple ne se contente plus d’affaiblir le système qui le dirige, et qu’il veut en finir avec lui. Les épingles ne sont alors que les prétextes pour se débarrasser d’un ballon dont on ne veut plus.
La seule réponse est, dans ce cas, de recréer le désir de ce ballon, de montrer sa valeur, sa force, son épaisseur, son utilité : dans la vie publique, comme dans la vie privée, rien ne vaut le désir et le projet, le désir du projet.