« La France a désormais la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée » a déclaré le 4 juin le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius dans un communiqué, en précisant par la suite sur France 2 qu’il ne faisait « aucun doute » que ce gaz avait été utilisé par « le régime et ses complices ». La stratégie du mensonge qui a déjà permis aux puissances de l’OTAN de bombarder la Serbie, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, va-t-elle cette fois encore permettre de frapper la Syrie ?
Après avoir qualifié les mercenaires qui depuis deux ans terrorisent et martyrisent le peuple syrien de « résistants, révolutionnaires », après avoir répété « Bachar doit partir », au mépris de la volonté de son peuple qui soutient à 70% son gouvernement [1], après avoir appelé l’Union européenne à armer ces mercenaires, Laurent Fabius prétend maintenant détenir des analyses de laboratoire « prouvant l’usage de gaz sarin » par l’armée regulière syrienne.
Quelle crédibilité peut-on accorder aux « preuves » que Laurent Fabius tient de deux journalistes revenus de Syrie avec des échantillons dont la « provenance » n’a pas pu être établie et dont les analyses ont été confiées au « centre de recherche du Bouchet, qui dépend de la Délégation générale de l’armement (DGA) » [2] ?
L’ « enquête » réalisée en Syrie par Le Monde, cela saute aux yeux, est un coup monté de toute pièce. Un coup qui a impliqué des agents secrets français. Les fameuses fioles remises par la France à l’ONU constituent un enjeu capital pour la France dont la lamentable diplomatie a reçu gifle après gifle. N’importe quel État ou groupe peut en fabriquer, comme cela s’est déjà vu avec l’Irak quand Powell a brandi une fiole à l’ONU en 2003 pour justifier la guerre qui devait renverser Saddam Hussein, présenté lui aussi sous les traits du Grand Satan.
Pourquoi M. Fabius et les journalistes du Monde n’ont-ils fait aucun tapage médiatique quand, le 29 mai, la police turque avait découvert quatre kilos de gaz sarin à Adana, en Turquie, en possession de membres du front Al Nosra qui auraient avoué vouloir acheminer ce gaz sarin vers les zones de combat en Syrie ? [3]
Pourquoi quand le 2 mai l’armée régulière syrienne a saisi deux kilo de gaz sarin dans la ville de Hama, lors d’une opération contre les « combattants armés » [4], cela n’a-t-il pas non plus été rapporté par Le Monde ?
Les États-Unis ont réagi avec une grande prudence aux « révélations » de M. Fabius : « Nous devons augmenter le faisceau des preuves en notre possession (...) avant de prendre une décision (…) Il nous faut enquêter davantage », a déclaré le porte-parole de Barack Obama.
Même prudence du côté de l’ONU qui par le passé avait couvert les mensonges et les abus des puissances qui ont conduit l’Irak et la Libye à leur perte : « Il n’est pas sûr que ces renseignements soient valides, en l’absence d’indications suffisantes sur la traçabilité des données recueillies » a prévenu Ake Sellström, chef de la mission d’enquête chargée par Ban Ki-Moon de vérifier les accusations d’emploi d’armes chimiques en Syrie. [5]
Combien de temps M. Fabius va-t-il encore pouvoir répéter sa certitude que Bachar el-Assad « a utilisé du gaz sarin » ? Combien de temps les médias français comme Le Monde et Libération vont-ils pouvoir continuer de mentir avec lui ?
Combien de temps faudra-t-il à l’opinion publique pour comprendre que les objectifs de leur gouvernement - la France et la Grande Bretagne en tête - sont criminels et que les reporters de guerre, envoyés spéciaux, correspondants - de France télévision, Radio France, Arte, France 2 notamment - qui couvrent leur crimes sont généralement liés aux renseignements militaire et font partie d’un tout, de la machine de guerre ?