La CIA admet avoir orchestré le coup d’État qui a renversé le Premier ministre iranien Mohamed Mosssadegh le 18 août 1953, selon des documents récemment déclassifiés.
Le Premier ministre avait nationalisé en 1951 l’Anglo-Iranian Oil Company, ancêtre de BP, provoquant l’ire de Londres.
Le rôle de l’agence américaine de renseignement était un secret de polichinelle depuis des années et hante toujours les relations entre les États-Unis et l’Iran. Des documents internes à l’agence datant des années 1970, récemment déclassifiés et publiés lundi montrent clairement son rôle.
« Le coup d’État militaire qui a renversé Mossadegh et son cabinet de Front national a été mené sous la direction de la CIA dans un acte de politique étrangère », affirme l’agence dans l’un des documents.
Les documents de la CIA montrent que l’agence comprenait les raisons du positionnement de Mossadegh, loin de l’image de « fou » sénile véhiculée par les médias occidentaux. Les hommes politiques et responsables d’entreprises britanniques manquaient de respect pour les Iraniens, perçus comme « inefficaces, corrompus et servant leurs propres intérêts », affirme même la CIA.
Le chah intronisé
L’agence justifie son action par les contingences de la guerre froide et la peur que les Soviétiques n’envahissent et ne prennent le pouvoir à Téhéran si Londres envoyait ses navires de guerre. Ce que fit la Grande-Bretagne trois ans plus tard après la nationalisation du canal de Suez.
« Alors, non seulement le pétrole iranien aurait été irrémédiablement perdu pour l’Ouest, mais la chaîne de défense autour de l’Union soviétique, une composante de la politique étrangère américaine, aurait été rompue », justifient les auteurs.
Le chah Mohammad Reza Pahlavi fut mis sur le trône et devint un proche allié de Washington jusqu’à son renversement lors de la révolution islamique de 1979.
En 2000, la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, pour tenter d’améliorer les relations avec Téhéran, avait déclaré que les États-Unis avaient « joué un rôle significatif » dans le renversement de Mossadegh et jugé que le coup d’État avait constitué un « revers pour le développement politique de l’Iran ».
Le président Barack Obama avait lui aussi exprimé une position similaire après sa prise de fonctions.