« L’investisseur multimilliardaire tente de créer une panique pour augmenter ses profits » , déclare un éditorial, après que l’homme d’affaires a prédit que l’économie chinoise se dirigeait « vers un atterrissage dangereux ».
Soros a déclaré que la Chine avait reconverti trop tard son économie basée sur l’exportation vers une économie de la demande intérieure.
Le principal média d’État chinois a intensifié ses attaques et commentaires mordants contre George Soros et autres spéculateurs sur les monnaies, accusés eux aussi d’avoir « déclaré la guerre » à la monnaie nationale.
Au dernier Forum économique annuel de Davos, la semaine dernière, Soros a déclaré sur Bloomberg TV que la seconde économie mondiale – dont la croissance a déjà ralenti sur la base de données officielles – ferait bientôt face à des problèmes grandissants.
« Un crash économique est pratiquement inévitable », a-t-il annoncé.
Soros – dont les gigantesques spéculations sont encore pointées du doigt par de nombreux pays pour avoir été à l’origine de la crise financière asiatique de 1997 – dénonce l’inflation et la dette excessive comme raisons principales du ralentissement chinois.
Le yuan chinois habituellement stable, dont la valeur est soigneusement contrôlée par Pékin, a été soumis ces derniers mois et ces dernières semaines à des pressions continues de la part des marchés étrangers ainsi qu’à des sorties de capitaux. Les autorités ont dépensé des centaines de milliards de dollars pour soutenir le yuan.
L’agence de presse officielle Xinhua a déclaré vendredi dernier que Soros avait déjà plusieurs fois par le passé prédit des troubles économiques pour la Chine. « Soit les vendeurs à terme n’ont pas fait leur travail… soit ils essayent intentionnellement de créer une panique pour engranger du profit », écrit-elle.
Un article en anglais dans le très nationaliste Global Times a dénoncé les occidentaux, coupables de ne pas assumer la responsabilité du désordre dans l’économie mondiale.
Les commentaires ont fleuri après la publication dans l’édition mondiale du Quotidien du Peuple, l’organe de propagande officiel du Parti communiste chinois, d’un article de couverture titrant « On déclare la guerre à la devise chinoise ? Ha ha ! », qui a été amplement repris sur les médias sociaux chinois.
« Soros a publiquement déclaré la guerre à la Chine », note le papier, expliquant que l’octogénaire est connu pour avoir pris des positions contre les monnaies asiatiques.
Pourtant, quelques observateurs se sont demandé si la rhétorique officielle n’allait pas alimenter les craintes des investisseurs en Chine.
« Ils crachent leurs slogans habituels, mais est-ce que les médias officiels savent que les investisseurs chinois sont en enfer ? », a commenté un internaute sur le réseau social Weibo [l’équivalent de notre Twitter mais avec 500 millions d’utilisateurs en tout, et 50 millions par jour, NDLR).
« Je crains que les investisseurs chinois ne meurent dans une tempête avant que Soros ne montre même ses griffes ».
Dans les années 1990, Soros avait entraîné les spéculateurs à parier contre la Banque d’Angleterre, qui avait échoué à défendre le taux de change de la livre sterling.
« La Chine a trop longtemps négligé le modèle économique basé sur la consommation intérieure pour pouvoir abandonner le choix actuel de la dépendance à l’export », a déclaré en substance Soros, même si Pékin dispose d’une « plus grande marge de manœuvre » que d’autres pour assurer une telle transition, grâce à sa réserve de devises, estimée à 3 000 milliards de dollars.