Selon la narration ressassée par les médias occidentaux, la guerre de Syrie aurait opposé une rébellion assoiffée de libertés démocratiques à un État autoritaire porté à bout de bras par ses alliés. Pour les faux naïfs, une héroïque « révolution syrienne » se serait même dressée contre un pouvoir clanique et mafieux, coupable par définition de tous les crimes imaginables. « Démocratie », « révolution », « droits de l’homme », tout le répertoire de la bien-pensance occidentale, tout le jargon déniché derrière les fagots de l’impérialisme par des hordes de plumitifs, a été mobilisé au service d’une propagande dont le seul but était de justifier, auprès d’une opinion qui n’y comprenait goutte, l’intervention multiforme des prétendus « amis de la Syrie ».
Désignant la coalition internationale déterminée à liquider l’État syrien, cette appellation recouvrait ainsi d’un incroyable euphémisme l’opération consistant à adouber une constellation de groupes terroristes dont la loyauté à la cause dépendait de l’épaisseur de la valise de billets.
Comme on le sait, le principal résultat de cette ingérence massive fut une décennie de guerre absurde et meurtrière. Gigantesque tribut payé à une folie collective orchestrée de l’étranger, qui a vu des mercenaires de 120 nationalités affluer au pays de Cham en rêvant d’y instaurer un nouvel « émirat islamique » et promettant d’expédier « les chrétiens à Beyrouth et les alaouites au cimetière ».
Heureusement, et l’on ne tarda pas à s’en apercevoir, cette coalition anti-syrienne vassalisée par Washington n’était qu’un tigre de papier. Car de nombreuses nations ont rejeté ce nouvel avatar du néocolonialisme occidental repeint aux couleurs de la démocratie et des droits de l’homme. À tout bien tout honneur, la première à le faire fut la nation iranienne.
Alliée géographiquement proche, la république islamique d’Iran a d’emblée mis en échec la tentative d’isolement de la Syrie, quitte à en découdre avec les Occidentaux, leurs affidés et leurs supplétifs. De l’envoi d’experts militaires à l’aide financière, Téhéran n’a jamais fait défaut à Damas au cours de cette longue épreuve où les Syriens ont appris à distinguer leurs vrais alliés de leurs faux amis.
Appartenant à l’axe de la résistance au côté du Hezbollah libanais et d’autres composantes, les deux États ont à l’évidence des objectifs partagés et des adversaires communs. Leur alliance stratégique a tenu bon en dépit des pronostics pessimistes de ceux qui prenaient leurs désirs pour des réalités.
Les terribles sanctions économiques infligées par les États-Unis n’ont pas dissuadé l’Iran, manifestement, de remplir fidèlement ses obligations vis-à-vis de son allié. Mais cette configuration régionale de la résistance à l’impérialisme ne pouvait accomplir l’impossible. D’une grande importance stratégique, l’aide iranienne n’aurait pas suffi, pour autant, à faire basculer le rapport des forces. Il en fallait davantage pour repousser les hordes de mercenaires et conforter l’État syrien sur le plan politique, économique et militaire.
En intervenant militairement, en septembre 2015, la Russie a brisé les reins des milices extrémistes mandatées par la coalition impérialiste. Dotée de moyens modestes (5 000 hommes et 70 avions), mais menée de main de maître, l’entrée en lice de Moscou a permis à l’armée arabe syrienne de reconquérir peu à peu une grande partie du territoire national. Solidarité iranienne et intervention russe ont été les deux piliers auxquels l’État syrien a pu s’adosser pour faire face à la déferlante du mercenariat takfiriste.
La contribution chinoise à la défense de la souveraineté syrienne, jusqu’à présent, s’est montrée beaucoup plus discrète, mais elle a fait preuve d’une grande constance. Plus profondes qu’on ne le pense, les relations entre Pékin et Damas ne datent pas d’hier. Au lendemain de son indépendance (1946), c’est d’abord vers l’URSS que s’est tournée la Syrie. Un rapprochement qui s’est traduit par l’envoi de conseillers militaires soviétiques et l’établissement d’une base navale dans le port de Tartous en 1971.
Mais la Chine n’est pas oubliée. Le 1er août 1956, la Syrie est le second pays arabe, deux mois après l’Égypte, à reconnaître la république populaire de Chine. Ulcérés par l’expédition coloniale de Suez, les progressistes arabes voient un allié privilégié dans le monde communiste, toutes tendances confondues. Un peu distantes durant le schisme sino-soviétique, les relations entre Pékin et Damas s’intensifient à nouveau à la fin des années 1960. Un renouveau diplomatique qui se traduit par un premier accord de fourniture d’armements en 1969, l’établissement de relations militaires de haut niveau, bientôt suivis de participations chinoises dans le secteur des hydrocarbures.
Les échanges commerciaux se développent, et en 2010 la Chine devient le premier fournisseur de la Syrie, avec 7 % du total. Pays en développement dont le potentiel est considérable, carrefour stratégique des itinéraires pétroliers et gaziers, la Syrie a naturellement vocation à coopérer avec cette grande puissance asiatique au pacifisme assumé, qui n’a jamais transigé avec les principes dont elle se réclame.
Les responsables chinois n’ont eu de cesse de le rappeler. La Chine soutient résolument la Syrie dans la sauvegarde de sa souveraineté nationale et de son intégrité territoriale, dans l’amélioration des conditions de vie de sa population, dans ses efforts pour rejeter les sanctions unilatérales et atténuer les difficultés humanitaires. La Chine s’oppose fermement à toute tentative d’imposer un changement de régime en Syrie, et elle soutient résolument ce pays dans sa lutte contre toutes les forces terroristes.
Bref, la Chine n’est pas l’Occident. Du côté chinois, respect scrupuleux de la souveraineté des États et de la loi internationale ; refus de toute ingérence et insistance sur la nécessité d’une solution syrienne à la crise syrienne ; souci primordial pour le sort des populations civiles et urgence de la reconstruction ; engagement au côté de l’État syrien dans la lutte contre l’extrémisme. Du côté occidental, mépris absolu pour la loi internationale et ingérence systématique dans les affaires intérieures syriennes ; indifférence au sort des populations prises en otage par des sanctions économiques criminelles ; hypocrisie de la lutte contre le terrorisme et connivence avec les organisations extrémistes.
S’imaginant qu’ils allaient provoquer sa chute à la faveur des soi-disant « printemps arabes », les dirigeants occidentaux ont feint d’ignorer la légitimité dont jouissait le gouvernement syrien. Ils pensaient que l’armée régulière se déliterait sous l’effet de désertions en masse qui n’eurent jamais lieu.
Aveuglés par leur lecture orientaliste de la société syrienne, ils la croyaient dominée par la minorité alaouite. Ils faisaient mine de croire à la légende d’un peuple héroïque dressé contre un despote aux abois, alors que la légitimité du président Assad se trouvait confortée, au contraire, par sa détermination à lutter contre les ennemis de la Syrie.
Tandis que la myopie volontaire du regard occidental sur la Syrie pulvérisait tous les records, les Chinois comprenaient la véritable nature des rapports de forces. En Occident, l’imagination propagandiste réduisait au silence le simple bon sens. En Chine, le bon sens disait à ses dirigeants qu’un État qui résiste avec succès à une tentative de déstabilisation d’une telle ampleur n’est pas près de s’écrouler. Les Russes ont fait le même raisonnement, et ils sont intervenus militairement pour aider leur allié arabe.
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