Le ministre français des Affaires étrangères s’est clairement prononcé en faveur de sanctions européennes contre le régime de Bachar al-Assad, mardi.
Tandis que les Etats membres de l’Union européenne ont chargé un comité d’experts de plancher sur l’élaboration de sanctions à l’encontre du gouvernement syrien, vendredi, Alain Juppé n’a pas hésité à dénoncer les pratiques de ce dernier. « Un gouvernement qui tue ses citoyens parce que ses citoyens veulent s’exprimer et instaurer une vraie démocratie perd sa légitimité », a-t-il ainsi déclaré avant d’affirmer que « si le régime syrien persévère dans cette voie, il tombera un jour ou l’autre, mais il tombera ».
S’il a assuré qu’il essayait « d’agir par le biais de l’UE », le ministre français des Affaires étrangères a toutefois reconnu que les Européens étaient pour le moment « dans l’incapacité d’aboutir » à une prise de décision quant aux sanctions à prendre, à cause du « risque de veto russe et chinois » mais également car les « neuf voix » nécessaires à cette adoption ne sont pas réunies. Alors qu’un embargo sur les armes à déjà été décidé et que les Etats-Unis ont annoncé, vendredi, avoir gelé les avoirs du frère de Bachar alAssad, l’ONU a opté pour l’envoi d’une mission en Syrie afin d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme.
D’après l’organisation des droits de l’Homme, Insan, la vague de contestation au régime a fait plus de 600 morts dont 451 dans la ville de Deraa, berceau du mouvement d’opposition, depuis qu’elle a commencé, en mars. Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, le nombre de personnes détenues ou disparues en Syrie pourrait dépasser les 8.000.
Cela dit, les autorités françaises recommandent aux Français de quitter provisoirement la Syrie compte tenue de la situation tendue dans le pays, a-t-on appris mercredi sur le site internet du ministère français des Affaires étrangères.
"Bien que les ressortissants étrangers ne soient pas jusqu’à présent directement menacés, les autorités françaises renouvellent leur conseil de différer tous les projets de voyage vers la Syrie", a indiqué le ministère français.
Le conseil aux voyageurs ajoute que dans l’attente d’une normalisation de la situation, les autorités françaises recommandent aux Français dont la présence dans le pays n’est pas indispensable ou motivée par des raisons impératives de quitter provisoirement la Syrie par des moyens de transports commerciaux.
"Compte tenu du contexte régional et de certains événements survenus ces dernières semaines dans le pays (violences notamment à Deraa, Homs, Banias, Lattaquié et dans certaines zones périphériques de Damas), où désormais plus d’une centaine de morts sont à déplorer, il est recommandé aux voyageurs de se tenir régulièrement informés et de consulter ce site le plus souvent possible", précise le ministère français des Affaires étrangères.
Sur le terrain et selon un militant des droits de l’Homme, cité par l’AFP, près de 150 étudiants ont observé mercredi un sit-in de solidarité avec Deraa !
"Entre 100 à 150 étudiants ont observé un sit-in pour exprimer leur solidarité avec Deraa, scandant "Par notre âme et notre sang nous nous sacrifions pour Deraa", "levez le siège de Deraa", a déclaré ce militant à l’AFP.
Le sit-in n’a pas duré longtemps, les étudiants ont été dispersés par la force par les services de sécurité, a-t-il affirmé.
Toujours selon l’AFP, qui cite un militant syrien des droits de l’Homme, une centaine de chars et de transports de troupes étaient massés mercredi soir sur l’autoroute entre Homs et Hama, à l’entrée de la localité d’Al-Rastan, dans le centre de la Syrie .
"Des renforts continuent d’être déployés à l’entrée nord d’Al-Rastan et selon des estimations, il y aurait une centaine de tanks et de transports de troupes, sur l’autoroute entre Homs et Hama près d’un barrage sur l’Oronte", a-t-il affirmé à l’AFP.
Par ailleurs, un groupe armé a ouvert hier le feu arbitrairement sur des voyageurs dans le site d’Ethrayya à al-Salamya, à Hama, faisant trois blessés parmi les citoyens et trois autres dans les rangs des forces de sûreté intérieure, dont un officier. Une voiture de police a pris feu du fait des tirs du groupe terroriste, a rapporté l’agence SANA.
Un source du ministère de l’intérieur a indiqué que les forces de la sûreté et de la police ont tué, lors des confrontations, un des éléments du groupe et saisi deux de leurs véhicules dans lesquels elles ont découvert des fusils et des munitions, soulignant que les services concernés poursuivent la traque du reste de la bande qui a pris la fuite vers le désert.
La source a indiqué que les blessés sont le lieutenant Adnan al-Khalaf et les deux policiers Kamal Hassan et Ragheb Chaabane, alors que les citoyens sont Moussa al-Hajj Zakaraya, Tamim Ahmad al-Hussein et Mohammad Berhan.
Enfin, la localité de Hoch Arabe dans la banlieue de Damas a fait le dernier adieu au policier Ahmad Moussa al-Bertaoui qui est tombé martyr des balles de groupes extrémistes à Daraa.
Le cortège funèbre est parti de l’hôpital de la police à Damas vers la localité natale du martyr. Les participants aux obsèques ont condamné ce crime, scandant que le sang des martyrs protège la sécurité et la stabilité de la patrie et consolide son unité nationale face aux complots tramés contre elle.
Sur le plan politique, le président syrien Bachar al-Assad a assuré que les unités de l’armée syriennes qui sont entrées à Deraa compte mettrent fin à leur mission trés bientôt !
Assad a déclaré devant une délégation représentant les personnalités civiles des villes de la province de Deir Al-Zour que chaque pays dans le monde est exposé à de tels événements comme ceux de Deraa.