Les Palestiniens ont décidé de "tourner pour l’éternité la page noire de la division", a déclaré mercredi le président palestinien Mahmoud Abbas lors d’une cérémonie de réconciliation au Caire entre le Fatah qu’il dirige et le Hamas.
"Nous annonçons que nous tournons pour l’éternité la page noire de la division", a-t-il déclaré lors de cette cérémonie en présence du chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal.
Lors d’une réunion mardi au Caire, capitale d’Egypte, en présence d’une délégation égyptienne de haut rang, les responsables de 11 factions palestiniennes mineures et de mouvements politiques ont signé un accord mis au point par l’Egypte visant à la réconciliation palestinienne, a-t-on appris de source officielle.
Selon cet accord, le Fatah et le Hamas ont convenu de former d’ici un an un gouvernement national de transition indépendant, qui sera chargé de préparer les élections générales prévues en mai 2012.
"Nous sommes certains de réussir tant que nous serons unis (...) la réconciliation ouvre la voie non seulement à la remise en ordre de la maison palestinienne, mais aussi à une paix juste", a ajouté M. Abbas, en présence du secrétaire général de la Ligue arabe et de hauts responsables égyptiens ainsi que de représentants des différentes factions palestiniennes.
M. Abbas a ajouté que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, fermement opposé à l’accord interpalestinien devait "choisir entre la colonisation et la paix".
Le président palestinien a également accusé Israël de se servir "de la fin de la division (du camp palestinien) comme d’une excuse pour éviter des discussions de paix".
Intervenant à son tour, M. Mechaal, chef du Hamas a affirmé que "notre unique combat est contre Israël", assurant en même temps que le temps de la division entre Palestiniens était "derrière nous".
Il a souligné que son mouvement allait oeuvrer pour parvenir à "l’objectif national palestinien" qui est d’établir en Etat souverain dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
La cérémonie s’est ouverte vers 12H15 locales (10h15 GMT) en présence notamment de Amr Moussa et des deux responsables égyptiens les plus impliqués dans la médiation, le ministre des Affaires étrangères Nabil al-Arabi et lechef des renseignements Mourad Mouafi.
Trois députés arabes israéliens ont assisté à cette cérémonie.
Sur le terrain, des jeunes Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie célébraient cet accord.
Dans la ville de Gaza, environ 700 manifestants ont défilé jusqu’à la place centrale du Soldat inconnu, en brandissant le drapeau national palestinien, et des fanions verts, pour les islamistes du Hamas, et jaunes, pour les nationalistes du Fatah, dans une atmosphère de fête et d’excitation bon enfant.
"C’est la première fois en quatre ans que je peux tenir un drapeau du Fatah à côté des couleurs palestiniennes", s’est réjoui Mahmoud al-Riati, un ingénieur de 20 ans enveloppé dans un drapeau palestinien.
"Voici le jour tant attendu. Le jour de notre libération", s’est exclamé un autre activiste, haranguant la foule au micro, en rendant hommage au "Mouvement du 15 mars", un des groupes de jeunes Palestiniens qui ont organisé des rassemblements de dizaines de milliers de personnes via les réseaux sociaux.
A Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, l’assistance voulait croire à la sincérité de la réconciliation.
"Le peuple palestinien n’a d’autre choix que la réconciliation. J’espère que cela va continuer sur le terrain parce qu’un échec signifierait la fin des projets du Hamas et du Fatah", a déclaré à l’AFP Bachir Saleh, 48 ans, responsable d’une ONG.
Officiellement, les chefs politiques palestiniens ont applaudi à la réconciliation.
"C’est un premier pas. Nous attendons ce moment depuis longtemps parce que l’unité nationale est une des questions fondamentales pour être prêts à avoir notre Etat", a déclaré à des journalistes à Ramallah en Cisjordanie le Premier ministre Salam Fayyad, dont le gouvernement doit, en vertu de cet accord, céder la place à un exécutif transitoire d’indépendants.
Dans les camps palestiniens au Liban, une ambiance de fête et d’espoir régne parmi les réfugiès palestiniens, qui ont réiteré leur attachement à leur droit de retour en Palestine, a rapporté notre correspondant.
Par ailleurs, le président français Nicolas Sarkozy a laissé entendre dans une interview exclusive réalisé avec l’hebdomadaire français L’Express, qu’une reconnaissance de la partie française d’un Etat palestinien pourrait intervenir à l’automne.
Si le processus de paix palestino-israélien reste dans l’impasse en septembre, date où l’Assemblée générale de l’ONU aura lieu à New York, "la France prendra ses responsabilités sur la question centrale de la reconnaissance de l’Etat palestinien", a indiqué le président Sarkozy .