La propagande souffre. Que ce soit en presse, télé ou cinéma, peu importe le support, la propagande a de plus en plus de mal à se vendre. Il faut dire que même gratuite, beaucoup de Français n’en veulent pas. Alors payante... et à 10 euros les 90 minutes, c’est mort.
Le cinéma, qui était encore un divertissement dans les années 1990, est devenu dans les années 2000 un des vecteurs les plus zélés de la parole dominante, faisant la part belle aux minorités souffrantes, enfin celles que l’oligarchie désignait comme telles.
Parallèlement à cette injonction politique, le niveau s’affaissait pour atteindre quelque chose de l’ordre du néant scénaristique, censé faire oublier leurs problèmes aux Français. Le problème, c’est que l’indigence renvoie encore plus fort à ses propres problèmes, sans donner de solution ni proposer du courage.
On souhaite bonne chance au CNC, ce croisement très privatisé entre l’État (pour le pognon) et la Grande Famille du Cinéma, une mafia qui sait comment vivre sur le dos de la Bête... immonde. On ne refera pas la liste de tous ces agents culturels qui vivent de la générosité du public pour le culpabiliser ou le mépriser dans leurs œuvres indispensables. Enfin, que la presse nous vend de la sorte.
La surproduction maladive couplée à la chute qualitative du film français sont les deux signes d’une fin proche : une étoile grossit toujours démesurément avant d’exploser.
Chaque année à la même période, le CNC (Centre national du cinéma) présente un bilan de la production française. Les mêmes indicateurs sont présentés à chaque fois... Sauf cette année, où l’établissement public a décidé de modifier sa présentation.
Précisément, c’est la présentation du nombre de films produits qui a changé. Jusqu’à présent, ce chiffre incluait les films où les capitaux français sont minoritaires, comme en attestent les communiqués publiés il y a un an ou deux ans. Mais cette année, le CNC a décidé de ne parler que des films à capitaux majoritairement français.
Résultat : le communiqué du CNC parle d’une « stabilité » à « 222 films produits », alors que, si la même présentation que les années précédentes avait été utilisée, l’établissement public aurait parlé d’une hausse à « 300 films produits ». Idem dans la présentation faite à la profession et aux journalistes, qui occulte totalement les films à capitaux français minoritaires, contrairement à il y a un an ou il y a deux ans.
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Mais en 2015, le CNC était fier d’avoir atteint ce record et l’avait mis en avant. Sa présidente Frédérique Bredin s’était félicitée « d’une forte reprise de la production. Voir cette reprise est un signe de vitalité ».
- Les trois fées qui symbolisent l’excellence du cinéma français : la réalisatrice Agnès Varda, la présidente du CNC Frédérique Bredin et le ministre de la culture Françoise Nyssen
Un record dont le CNC a honte
Alors pourquoi diable, deux ans plus tard, le CNC a-t-il si honte de ce record qu’il veut le cacher avec un subterfuge aussi maladroit ? Sans doute parce qu’en réalité, la filière a la gueule de bois. Canal Plus réduit ses investissements, le producteur Thomas Langmann s’est placé en procédure de sauvegarde, EuropaCorp et Wild Bunch affrontent de graves difficultés financières, deux petits producteurs (Chic Films, et LGM) et un distributeur (la Belle company) ont même été liquidés.
Autre raison de ne pas pavoiser : le rapporteur général du budget, le député LaREM Joël Giraud, est en train d’enquêter sur les allègements d’impôts dont bénéficient les producteurs de cinéma : « Il est étonnant que ces dispositifs aient tellement augmenté ces dernières années, je veux m’assurer que ces dépenses sont réellement efficaces », a-t-il déclaré au Figaro.
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Enfin, il y a quatre ans, le rapport de René Bonnell soulignait :
« Les deux tiers des films français n’atteignent pas 100.000 entrées. Et 47 % des films totalisent moins de 20.000 entrées. Le nombre d’échecs en salles est dix fois plus important que celui des succès. Le taux de mortalité commerciale des films (films à la carrière brève) est, selon les semaines, de l’ordre de 80 à 90%. À quoi bon encourager [le cinéma] pour que les quatre-cinquièmes de la production ainsi stimulée connaissent un sort funeste en salles ? »