Quel est le point commun entre Macron, le NPA, Syria Charity, Israël, Le Monde, les Frères musulmans, le Parti socialiste, BHL, Alain Juppé, Alexis Corbière, la droite, la gauche, Noël Mamère, les écolo-bobos, les atlantistes, les droits-de-l’hommistes et les gauchistes ? On devine la réponse. Tout ce beau monde aime le peuple syrien ! Il pleure sur ses malheurs, il veut le sauver (SaveGhouta), il condamne ses « tortionnaires » et ses « bourreaux », il proclame sa solidarité sans faille, héroïquement, depuis les salles de rédaction et les plateaux télé.
Qui se réjouit des malheurs répandus par cette guerre absurde ? Personne. Qui a livré des armes au conglomérat terroriste ? On le sait. Qui est responsable de la poursuite du massacre, alors que les jeux sont faits ? On le sait aussi. Mais en décrétant qu’il y a des « bons » (les « rebelles démocrates ») et des « méchants » (« Assad-le bourreau » et ses alliés), les consciences borgnes du monde occidental peuvent pleurer à bon compte. Elles peuvent s’acheter une virginité, se draper dans un humanisme de pacotille. Dopées à la moraline, elles accréditent inlassablement, depuis sept ans, un véritable conte de fées.
Cette théâtralisation du conflit syrien, depuis l’origine, est l’envers de son instrumentalisation impérialiste. Elle arrose de daube humanitaire le carnage perpétré par la meute wahhabite made in USA. Démasquée par Vanessa Beeley, la gueule enfarinée des Casques Blancs qui ripolinent leurs propres scènes de crime est comme la métaphore de cette imposture. Trousse de maquillage à la main, se filmant eux-mêmes dans leurs basses œuvres, ils s’acharnent à produire les effets spéciaux qui orchestrent la compassion sélective indispensable au regime change.
Au fond, la guerre des « gentils rebelles » chers à l’Occident n’est qu’une sorte d’Halloween. C’est un concours de déguisements, un bal masqué pour coupeurs de têtes qu’on habille en secouristes pour les besoins de la cause. Avatar de la « société du spectacle », la séquence est toujours la même : l’image trafiquée provoque l’indignation sélective qui justifie l’ingérence étrangère. Après Alep, la Ghouta est devenue le lieu emblématique de cette supercherie, où les tours de passe-passe de la propagande font prendre des vessies pour des lanternes, et des terroristes sanguinaires pour des « rebelles modérés ».
Que l’on sache, c’est l’armée syrienne qui installe des couloirs d’évacuation pour la population de la Ghouta prise au piège. Et ce sont les « gentils rebelles » qui prennent pour cibles les civils qui osent tenter de fuir ce nid de scorpions. Mais peu importe ! Les bonnes consciences occidentales ne voient que les victimes qui les intéressent. Comme jadis les habitants d’Alep-Ouest, les citadins damascènes bombardés par « l’Armée de l’islam » sont le menu fretin d’une victimologie sélective. Qu’ils meurent, si c’est pour les beaux yeux de cette « révolution » qui brandit l’étendard de la « charia » avec la bénédiction laïque du gouvernement français !
Comme disait Laurent Fabius, après tout, nos amis du Front Al-Nosra « font du bon boulot ». Pour les hémiplégiques de la pleurniche, de toutes façons, un mort n’est pas un mort. Dans un cas, on le condamne à l’insignifiance, dans l’autre on le voue à l’hyperbole. D’un côté, les chiffres invérifiables fournis par l’officine de Coventry (OSDH), de l’autre, des victimes « prorégime » qui passent sous les écrans-radars. On n’accorde de réalité à la souffrance que si les suppliciés en valent la peine. Ils n’existent, en fait, que s’ils corroborent la narration servie en boucle aux téléspectateurs occidentaux.
Nos humanistes à géométrie variable prétendent aimer la Syrie, mais ils veulent la voir dépecée, en lambeaux. S’en doutent-ils seulement ? En triant les victimes, ils se font les idiots utiles d’un regime change qui a échoué. Cette compassion sur commande devait servir la destruction de l’État syrien, mais cette politique est un fiasco. Comme Alep, Palmyre ou Deir Ezzor, la Ghouta sera bientôt libérée par une armée de conscrits, l’armée arabe syrienne. Ils voulaient parler à la place du peuple syrien. En battant les terroristes qui infestent le verger oriental de Damas, le peuple syrien leur répond qu’il est assez grand pour décider de son avenir.