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La Grèce prend le chemin de l’Argentine

Il y a un peu moins d’un an, j’avais fait un premier papier évoquant le parallèle entre la situation de Buenos Aires au tournant du siècle et celle de la Grèce aujourd’hui. Malgré l’accord de la troïka, les manifestations montrent bien qu’Athènes finira par suivre Buenos Aires.

Une situation extrêmement comparable

Au début des années 1990, après avoir souffert d’hyperinflation, l’Argentine avait décidé de fixer la parité de sa monnaie par rapport au dollar, le « peg ». Dans un premier temps, l’inflation a été vaincue, les taux d’intérêt ont baissé, l’économie est repartie. Malheureusement, la crise des pays émergents, en 1997, a précipité la crise du pays. En effet, les monnaies des pays asiatiques et du Brésil ont été fortement dévaluées, plongeant l’Argentine dans une grave crise.

Le problème du pays était une monnaie beaucoup trop chère qui pénalisait son industrie et provoquait un déficit commercial intenable. Le pays rentre dans une grave récession en 1998 et demande l’assistance du FMI, qui lui prête de l’argent pour payer ses créanciers, en échange de programmes d’austérité qui ne font qu’aggraver la récession. Fin 2001, après quatre ans de crise, le PIB a baissé de 10%, le chômage et la pauvreté se sont envolés. Et les capitaux fuient le pays.

Il est impressionnant de constater à quel point la situation de la Grèce aujourd’hui ressemble à celle de l’Argentine au tournant du siècle, à ceci près que le peg est remplacée par la monnaie unique. En réalité, la situation est pire puisque fin 2012, après quatre années de récession, le PIB de la Grèce devrait avoir baissé de près de 15%, la dette sera près du triple de celle de l’Argentine. Et il faut noter que les dépôts ont déjà baissé de plus de 20% depuis 2010.

L’issue qui semble inéluctable

Début 2002, après de graves troubles sociaux et politiques, l’Argentine décide de faire défaut sur sa dette et de dévaluer sa monnaie de plus de 70% pour retrouver de la compétitivité. Dans un premier temps, la crise s’approfondit (le PIB perd 10% cette année), tous les dépôts sont autoritairement convertis dans la nouvelle monnaie et les retraits sont très strictement limités. Néanmoins, comme l’a très bien rapporté Yann, l’économie redémarre vigoureusement dès l’année suivante.

En effet, la croissance dépasse 7% par an, portée non seulement par les exportations agricoles, mais bien plus par un redressement industriel que permet la très forte dévaluation du peso. Le chômage et la pauvreté baissent. Bien sûr, ce modèle n’est pas sans limite. L’inflation n’a sans doute pas été assez combattue. Le pays ne peut plus emprunter sur les marchés financiers et doit donc équilibrer ses échanges commerciaux pour éviter d’avoir à utiliser ses réserves de devises.

Mais l’Argentine mène alors une véritable politique protectionniste pour lutter contre la concurrence déloyale de la Chine. Et si elle ne peut pas emprunter sur les marchés, cela signifie aussi qu’elle ne dépend pas d’eux et qu’elle contrôle à nouveau sa politique monétaire. Bien sûr, le retour à une monnaie nationale n’est pas une sinécure, mais rien ne laisse à penser que la situation serait plus dure pour la Grèce que pour l’Argentine, malgré les prévisions catastrophistes de certains.

Une sortie organisée dans le cadre de l’UE serait forcément plus simple. Mais même seule, Athènes n’a pas de raison de faire moins bien que Buenos Aires car elle n’a pas besoin d’une dévaluation aussi importante. Bien sûr, il faudra faire défaut sur la dette, mais un défaut important est aujourd’hui inévitable. Et la Grèce pourrait financer son petit déficit primaire (avant intérêts) en reprenant le contrôle de sa monnaie, même si elle ne pourrait plus se financer sur les marchés.

Bien sûr, aujourd’hui, une telle issue peut sembler fantasmagorique car les Grecs eux-mêmes ne veulent pas quitter l’euro. Pour eux, l’Europe a toujours été synonyme de solidarité et de subsides. Ils n’arrivent pas à mordre la main qui les a nourris pendant si longtemps. C’est pourquoi, comme je l’ai souvent souligné, il faudra du temps pour qu’une telle solution s’impose politiquement. Mais il faut noter que le Premier Ministre a récemment évoqué un tel scénario, certes pour le rejeter.

Bien sûr, sur le moment, la sortie de l’euro ne sera pas une partie de plaisir, mais plus le temps passe et plus on constate que, comme en Argentine, le statut quo n’est pas tenable. La Grèce finira tôt ou tard par revenir à la drachme pour sauver son économie.

 






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4 Commentaires

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  • #53838
    Le 14 octobre 2011 à 12:29 par leo valentin
    La Grèce prend le chemin de l’Argentine

    ah bon ? les grecs ne veulent pas sortir de l’euro ? on essaierait pas de nous la faire à l’envers là ? le peuple ne demande que ça...

     

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    • #53871
      Le Octobre 2011 à 15:36 par bogatyr
      La Grèce prend le chemin de l’Argentine

      Mais enfin non ils ne veulent pas sortir de l’Euro !
      Ils veulent aussi que le FMI et la BCE continuent a diriger leur pays voyons !
      Et ils veulent toujours plus de manifestations, toujours moins d’acces aux soins, toujours etre payés moins.
      Et que leur pays parte en flammes aussi !
      En effet, la bonne blague.

       
    • #54051
      Le Octobre 2011 à 02:20 par polo33
      La Grèce prend le chemin de l’Argentine

      une Grèce sans l’euro c’est une Grèce souveraine ,l’état nation c’est une monnaie
      de plus pour retourner à la drak
      la Grèce doit utiliser l’article 49A de la constitution européenne,vous ne pouvez pas quitter l’euro sans quitter l’union

       
  • #54109
    Le 15 octobre 2011 à 10:35 par bibi
    La Grèce prend le chemin de l’Argentine

    la grece "notre mere a tous comme dit ma vieille tantine " ruinée par les europeistes
    quel singlant aveux d’echec de ce projet totalitaire uniquement voué a satisfaire quelques milliers
    d’individus

     

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