Médecins du Monde dresse un état des lieux catastrophique de l’accès aux soins des plus démunis en France.
"Après le krach boursier", l’association dénonce un "krach sanitaire" qui pour elle "n’a pas seulement pour origine la crise économique", mais aussi "une politique qui volontairement écarte du soin les plus vulnérables" et "fait disparaître les quelques solutions même temporaires de mise à l’abri et de prise en charge".
Dans son rapport annuel 2010/2011 paraissant jeudi, et dont l’Associated Press a obtenu une copie, l’association interpelle les candidats à l’élection présidentielle sur cette situation sanitaire, et met en garde contre "une crise humanitaire aux portes du système de santé Français" en 2012, si rien n’est fait.
Dans ce document, MdM note une recrudescence de 10% en deux ans des consultations médicales et dentaires dans ses centres de soins gratuits en France. Parmi les patients, l’association a enregistré une hausse de 30% de mineurs. Et "seul un tiers des enfants de moins de six ans reçus pour la première fois dans les centres MdM sont à jour dans leurs vaccinations".
Enfants mal vaccinés
L’association constate aussi que "près de la moitié des patients vus en consultation en 2010 aurait besoin d’une prise en charge d’au moins six mois", mais que "ces personnes accèdent de plus en plus difficilement au système de soins ou n’arrivent pas à faire valoir leurs droits à la couverture maladie".
Autres constats : "près d’un quart des personnes ont eu recours aux soins de façon trop tardive", et "les enfants, dont la fréquentation reste importante (12% des patients), n’ont pour la majorité toujours pas accès à la vaccination ni même à une simple couverture maladie".
Concernant les femmes enceintes reçues, MdM précise que "près de la moitié présente un retard de suivi de grossesse", et que "68% d’entre elles n’ont pas accès aux soins prénataux ordinairement proposés aux femmes enceintes". De plus, 8% des femmes enceintes rencontrées vivent à la rue.
De manière plus générale, l’organisation estime que "l’année 2010 a aussi été marquée par la dégradation significative des conditions de vie des personnes rencontrées : le nombre de personnes avec un logement stable a baissé de 45% en 10 ans".
Nombreux malades à la rue
Et dans ce contexte, "la crise de l’hébergement d’urgence a été accentuée en 2011 par la baisse des subventions, et par voie de conséquence, la baisse du nombre de places disponibles", souligne également Médecins du Monde.
"En témoigne le nombre de femmes enceintes, et de mineurs (9 à la rue reçus par MdM. De nombreuses personnes malades restent aussi à la rue. Des personnes en danger sur le plan sanitaire et social", précise l’association.
"Pénalisées par la crise économique, exclus du soin par de nouvelles lois qui en limitent l’accès, les conditions de vie de ces personnes vulnérables sont aggravées par une politique systématique de harcèlement et de stigmatisation qui entraîne expulsions sans relogement, rupture de soins, arrêt de la prise en charge, non suivi des vaccinations", dénonce encore MdM dans son rapport.