Face à la menace islamiste, les autorités libyennes réclament plus de moyens pour mener la guerre et éviter une intervention militaire égyptienne.
Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohammed al-Dairi, a rejeté l’idée de voir Le Caire intervenir militairement et réclamé mercredi de l’ONU la levée de l’embargo sur les armes imposé à son pays depuis 2011, « pour que notre armée puisse recevoir des équipements et des armes pour lutter contre le terrorisme », ajoutant que la communauté internationale n’accordait pas la même attention à la Libye qu’à la Syrie ou l’Irak.
La diplomatie égyptienne soutient le projet de résolution qui doit être présenté aux 15 pays membres du Conseil de sécurité, prévoyant de lever les blocages sur la fourniture d’équipements à l’armée libyenne, sous réserve qu’un blocus naval soit mis en place afin d’éviter les milices islamistes ne puissent se fournir en armement.
La Russie a émis des réserves concernant cette résolution, craignant que les armes fournies au pouvoir libyen, ne finissent entre les mains des groupes rebelles.
Le représentant de l’ONU en Libye, Bernardino Leon, s’accroche toujours à la possibilité d’obtenir un accord politique entres les différentes parties en conflit, soutenu en cela par les États-Unis, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne qui optent pour une « solution politique du conflit » en Libye.
Cependant, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ne l’entend pas de cette oreille et souhaite intensifier l’action de son armée sur le sol libyen. Après un raid de l’armée de l’air sur les positions de l’État islamique, en réponse à la décapitation de 21 chrétiens coptes, il souhaite peser sur les discussions internationales, estimant que les Nations unis n’ont pas d’autre choix que de mettre sur pied une coalition internationale.
Le maréchal al-Sissi s’est rendu hier sur une base de l’ouest égyptien pour s’assurer du degré de préparation des forces chargées de la sécurité de la frontière avec la Libye, alors qu’à l’est du pays, l’armée est aux prises avec les jihadistes du mouvement Ansar Beït al-Maqdess qui a fait allégeance à l’EI en novembre.
L’Algérie et la Tunisie se sont dit hostiles à l’idée de voir l’Égypte, ou une coalition d’État, prendre part au conflit libyen, quant au Qatar, il a rappelé jeudi son ambassadeur au Caire, suite aux propos tenus par la délégation égyptienne lors d’une réunion de la Ligue arabe, qui ont accusé l’émirat du Golfe de soutenir le terrorisme.
Une certaine cacophonie a eu lieu ces jours-ci en Italie, le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, affirmant lundi que la Libye devait être la « priorité absolue » de la communauté internationale. Le ministre de la Défense, se disant prêt à déployer 5 000 hommes pour lutter contre l’État islamique. Des propos modérés par le Premier ministre, Matteo Renzi, pour qui « ce n’est pas le moment pour l’intervention militaire ».
L’État islamique à réagi en promettant un « chaos en Méditerranée » en cas d’engagement occidental sur le sol de la Libye, en envoyant 500 000 migrants sur des centaines d’embarcations vers l’Europe.