En octobre dernier, le ministre polonais de la Défense, Tomasz Siemoniak, avait estimé que l’effort financier nécessaire à la modernisation des forces armées du pays allait avoir un coût d’au moins 24 milliards d’euros sur les 10 prochaines années.
Finalement, Varsovie a revu ses ambitions nettement à la hausse puisque, selon le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski, il est désormais question de plus de 33 milliards d’euros (140 milliards de zlotys).
“La modernisation des forces armées est notre priorité pour la décennie à venir. Pendant cette décennie, nous allons y consacrer presque 140 milliards de zlotys. Nous construisons des forces de dissuasion – nous allons nous procurer des missiles, des hélicoptères, des véhicules blindés, des sous-marins et des drones”, a-t-il ainsi affirmé le 20 mars dernier, devant le Parlement.
“Nous disposerons de notre propre système de défense aérienne. Notre bouclier national, avec le bouclier américain, dont les éléments seront installés sur notre territoire en 2018, fera partie du système de l’Otan. L’Alliance atlantique reste pour nous le principal garant extérieur de sécurité,” a encore expliqué Radoslaw Sikorski, qui fut également ministre de la Défense entre 2005 et 2007. Et pour ce dernier, les États-Unis restent le “principal partenaire de la Pologne hors continent européen.”
En outre, M. Sikorski a annoncé la réduction des effectifs militaires polonais en Afghanistan dès octobre prochain, avec le retrait de 800 soldats ainsi que l’organisation, en Pologne, l’automne prochain, d’un important exercice militaire de l’Otan appelé Steadfast Jazz. L’armée française devrait y participer.
Alors que les pays européens ont, dans leur ensemble, réduit leurs dépenses militaires à cause de la crise économique, la Pologne a quant à elle maintenu son effort de défense à hauteur de 1,95% de son PIB.
Admise au sein de l’Otan en 1999 et membre de l’Union européenne depuis 2004, la Pologne a su tirer son épingle du jeu au cours des ces dernières années marquées par le marasme économique sur le Vieux Continent. Entre 2008 et 2011, elle a connu une croissance cumulée de 15,8%, ce qui la place à la tête des pays européens.
Cette performance s’explique notamment par le versement de fonds structurels européens (pour préparer l’Euro 2012 de football), la vigueur de ses exportations (27% vers l’Allemagne, premier partenaire commercial) et la maîtrise de sa monnaie, ce qui permet à la Banque centrale de Pologne (NBP) de jouer avec son principal taux directeur en cas de nécessité. En cas de ralentissement économique, “la Pologne disposera d’une marge de manœuvre pour amortir le choc en assouplissant les conditions monétaires”, estimait récemment l’OCDE.
Pour 2013, la Commisison de Bruxelles table sur une croissance de l’économie polonaise de 1,8%. De quoi écarter tout risque de scénario X ou Y pour les forces armées polonaises…