A lui seul le projet donne une idée de la gravité des problèmes de délinquance dans les transports en commun franciliens. La RATP s’apprête ainsi à proposer un gilet pare-balles à ses quelque 1 000 agents de sûreté employés dans le Groupement de protection et de sécurisation des réseaux (GPSR).
Un appel d’offres a été lancé au premier semestre pour que la régie puisse acheter ces équipements. D’après un porte-parole de la direction, "la date limite pour le dépôt de candidatures arrive dans les prochains jours, et les candidatures seront examinées dans les semaines qui suivent".
Le moment où les gilets seront remis reste indéterminé, mais "ce ne sera pas avant la fin de l’année", estime un syndicaliste.
Il y a plusieurs mois, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du GPSR s’était exprimé en faveur de cette initiative, rapporte Philippe Kismoun, délégué syndical central adjoint UNSA-RATP. D’après lui, cette position avait été prise quelque temps après des incidents survenus en Seine-Saint-Denis : des agents du GPSR avaient essuyé des tirs alors qu’ils circulaient en voiture pour accompagner un bus qui dessert des zones urbaines sensibles.
"Nous ne sommes pas à l’abri", commente Olivier Diarra, de la CGT, en relevant que "la délinquance a beaucoup évolué" depuis quelques années : être confronté à des individus qui ont "la gâchette facile" est moins rare qu’avant. M. Diarra affirme que la CGT était déjà "montée au créneau" après les émeutes urbaines de 2005 pour que son service soit doté de gilets pare-balles. "A l’époque, la direction avait refusé", dit-il. Aujourd’hui, cette hypothèse est en train de se concrétiser.
Elle suscite des débats au sein du département sécurité de la RATP. "La question est de savoir si le port du gilet sera obligatoire ou non", indique un syndicaliste.
Ce point-là semble avoir été tranché puisque selon un porte-parole de la direction, le but de l’opération est d’équiper, "de façon facultative et dans certaines circonstances", les salariés qui le souhaitent de manière à "leur assurer le maximum de sécurité dans leur mission de sécurisation des réseaux".
Les agents du GPSR s’interrogent également sur les éventuels inconvénients posés par ces protections (poids, sensation de chaleur, etc.). Seule précision de la direction à ce sujet : les salariés disposeront de gilets pare-balles "à port dissimulé".
La RATP souligne que sa démarche n’est pas isolée : "D’autres opérateurs de transport ont d’ores et déjà fait la même chose avec leurs équipes de sécurisation, certaines polices municipales aussi."