Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que le malingre Salingue opère un virage à 180 degrés, valeur probablement égale à la température atteinte par son anatomie lorsqu’il prit conscience de la situation extrême dans laquelle il s’était mis, seul, par son arrogance de petit intellectuel de deuxième partie de soirée. Petit effronté nous assurant que, vous allez voir, il allait lui casser la gueule à la récré au morveux Soral ! Mais quand on parle trop vite, d’autant qu’on pense lentement, on risque le télescopage merdeux. C’est ce qui arriva prématurément à notre corsaire médiatique qui jugea un peu rapidement que, costumé de son attirail auriculaire, l’abordage serait une formalité.
On l’avait pourtant prévenu du côté d’Égalité & Réconciliation : « La tâche sera rude pour vous. Pétri de certitudes, vous ne l’imaginez visiblement pas. » Peu importe, le Juju n’était pas – mais alors vraiment pas – content qu’on ait pu associer sa virginale image d’intellectuel à la fange d’un site « homophobe », « sexiste » et, bien sûr, « antisémite » (sic) : « Je n’ai rien à voir avec vous et avec vos méthodes. »
Pourtant la romance avait presque bien commencée. Dans la posture voltairienne de l’ado idéaliste quoique boutonneux, il promettait beaucoup :
« Je suis disponible pour tout débat afin qu’enfin Alain Soral arrête de discuter avec lui-même. De la confrontation naît l’intelligence, n’est-ce-pas ? »
Diable, nous en sommes encore émus ! Cela faisait si longtemps qu’on ne nous avait pas parlé comme ça. Mais, telle une midinette éconduite, notre déception n’en fut que plus grande lorsque, rangeant les trompettes et pliant les gaules, il déserta le champ de bataille.
L’heure était aux explications. Il fallait justifier la reculade. Un pas en avant, un pas en arrière, comment veux-tu, comment veux-tu, dit la chanson. Notre gavroche s’était beaucoup trop avancé sur la barricade pour faire demi-tour sans passer pour un minable. Mais le temps de comprendre ce qui se passait, et après probablement quelques coups de fil de la Kommandantur, notre Julien Salingue se retrouva rapidement au-dessus du vide, pédalant comme un dératé, avant de s’écraser platement dans le ravin de sa pensée creuse.
« Il n’y a pas débat : l’extrême-droite à la sauce Soral reste l’extrême-droite. » N’en jetez plus ! Les arguments sont lourds et l’explication définitive. Mais, quelques jours plus tôt, ne faillait-il pas pourtant discuter avec Alain Soral, et que de la confrontation naîtrait l’intelligence ? Il était disponible notre pirate pour péter la baraque et en remontrer au soliloque Alain ! Que s’est-il donc passé entre-temps ? Une mauvaise nuit ? Une révélation nocturne comme d’autres ont leurs pollutions ?
Car, quand même, il ne faut vraiment plus avoir de froc pour affirmer : « Faute de quoi, je ferai savoir publiquement que vous refusez de me laisser m’exprimer sur votre site et qu’Alain Soral refuse de se confronter publiquement avec moi » et puis s’en retourner l’air de rien, presque en sifflotant. Ou comment accuser son adversaire de ses propres turpitudes. Vraiment, ça ne doute donc plus de rien ! D’ailleurs, paraît même que c’est à ça qu’on les reconnaît.
Par humanité, on passera sur les mensonges éhontés énoncés dans la réponse : nous aurions mis en ligne une vidéo retravaillée augmentée d’une quenelle à la fin de celle-ci. Nous n’avons pourtant fait que relayer une vidéo d’un internaute qui avait jugé l’intervention intéressante, et en aucun cas nous ne sommes intervenus sur cette séquence qui, par ailleurs, reprenait in extenso les propos de Julien Salingue, sans coupure. Il paraîtrait d’autre part que nous n’avons pas accédé à votre droit de réponse (point 1), ce qui justifierait que vous décliniez le débat (point 2). La belle affaire ! Mais si ce n’est que ça, nous vous l’offrons, votre droit de réponse ! Ah, c’est trop tard ? Mince alors, il y avait une date limite à l’offre exceptionnelle ? Zut, quels idiots nous faisons !
Et puis ensuite, les menaces. Brandissant même un commentaire venu de nulle part, et en tout cas pas du site E&R, M. Salingue nous affirme qu’on allait lui casser la gueule, que ça allait être une boucherie. Bon, c’est pas faux, comme dirait Dieudonné. Mais voir de la violence physique là où il n’y avait que métaphores, effets de langage, c’est vraiment tragique. Il faut vraiment être à bout d’arguments pour faire les fonds de tiroir de la sorte. Non, Julien, personne n’allait te mettre sur le tapis, si ce n’est celui de la dialectique, de la pensée, des idées quoi. Bon oublie, visiblement tout cela t’échappe. C’est tellement plus agréable d’être entre soi. Une petite crotte de nez à la figure de Laurent Joffrin dans le cadre d’une théâtrale pseudo-confrontation télévisuelle et déjà tu avais atteint tes limites. T’as du en perdre des litres de transpiration pour avoir été aussi loin dans la dissidence ! Quel courage, quelle bravoure. Non là vraiment, tu nous as assis.
Bref, Julien Salingue ou la pantalonnade de plus. Pourtant on l’avait, notre héros. Et puis il a fait pschitt, un vrai pschitt que n’aurait pas renié notre abracadabrantesque ancien président. Il s’est dégonflé, a virevolté comme un zébulon à ressort dans tous les sens, en rapetissant, diminuant, s’évanouissant petit à petit dans l’atmosphère en laissant dans son sillon le petit vrombissement propre à la baudruche qui désenfle, puis quelques minuscules gouttelettes de bave. Et a rejoint le néant dont il venait.
La messe était dite.
Égalité & Réconciliation
La réponse de Julien Salingue : Blog de Julien Salingue
Rappel sur les fanfaronnades radiodiffusées de Julien Salingue sur Beur FM (extrait) :