La crise entre les Etats-Unis et le Pakistan couvait depuis l’opération américaine sur sol pakistanais qui a coûté la vie à Oussama ben Laden le 2 mai dernier. Elle a éclaté ce week-end à la suite d’une bavure des forces de l’OTAN. Samedi, des hélicoptères de l’Alliance transatlantique ont bombardé par erreur deux installations militaires pakistanaises, provoquant la mort d’au moins 25 soldats.
Allié de Washington dans la guerre contre le terrorisme, le Pakistan a dénoncé des attaques « inacceptables et intolérables ». En représailles, Islamabad a fermé ce week-end deux postes-frontières qui permettent aux Américains et à leurs alliés de ravitailler leurs bases en Afghanistan. Le gouvernement pakistanais a aussi ordonné à la CIA de quitter dans les 15 jours la base militaire de Shamsi, située dans le sud-ouest du Pakistan.
La Maison-Blanche a tenté ces deux derniers jours d’apaiser les tensions avec Islamabad. De nombreux membres du gouvernement Obama ont été en contact avec leurs homologues pakistanais pour exprimer leurs condoléances. Ces démarches ont toutefois été suivies hier par des mises en garde de la part de Richard Durbin, sénateur démocrate de l’Illinois, et de Jon Kyl, sénateur conservateur de l’Arizona.
La décision du Pakistan de bloquer les ravitaillements de l’OTAN à la frontière avec l’Afghanistan a d’ailleurs donné lieu à un rare accord entre républicains et démocrates à Washington. Jon Kyl a rappelé que l’aide financière américaine à Islamabad dépend de la coopération pakistanaise à l’effort de guerre américain contre les réseaux terroristes.
Depuis 2001, les Etats-Unis ont versé quelque 20 milliards de dollars au Pakistan. Cette aide est régulièrement remise en question par les députés américains. La méfiance envers l’allié pakistanais a été ravivée par l’opération secrète ordonnée par Barack Obama pour mettre Oussama ben Laden hors d’état de nuire, alors que le chef spirituel d’Al-Qaida se cachait au Pakistan.
En campagne pour l’investiture républicaine, Rick Perry, le gouverneur du Texas, a récemment demandé à ce que la politique d’aide au Pakistan soit revue. Une approche que partagent Mitt Romney et Newt Gingrich, ses deux principaux concurrents. Ancien secrétaire adjoint à la Défense sous George Bush, John Bolton s’est distancé de ses collègues de parti. « C’est tentant de dire que nous devrions arrêter d’aider les Pakistanais (…) » a-t-il affirmé à Fox News.
« Mais tant que ce pays a une arme nucléaire qui peut tomber entre les mains des extrémistes (…), il a des arguments incroyables. »