La démographie russe est un sujet fort complexe qui a donné lieu à de terribles erreurs d’appréciation (stratégiques, économiques…) et de compréhension de la réalité russe.
Loin des calculs d’experts et des idées reçues, la situation démographique de la Russie ne semble pas connaître une dynamique aussi dramatique et aussi grave que nombre d’observateurs l’ont laissé entendre.
La décennie infernale
Brutalement propulsé dans l’économie de marché après la chute de l’URSS, le pays a traversé durant les années 90 une période de dérèglement politique, économique, social et moral généralisé. Un dérèglement caractérisé par un effondrement démographique sans équivalent historique, dont les conséquences démographiques étaient équivalentes à celles d’une guerre, alors que le pays était à peu près en paix.
Sur le plan sanitaire, l’explosion de la toxicomanie a provoqué une explosion du VIH et l’on a vu réapparaître de nombreuses maladies qui n’existaient plus que dans certains pays du tiers monde comme par exemple la diphtérie, le typhus, le choléra ou la tuberculose.
La conséquence de ce grand dérèglement sur la démographie du pays fut quasi-instantanée. Dès 1991 le nombre de naissances va commencer à diminuer, passant annuellement de 1 794 626 à 1 214 689 en 1999, tandis que le taux de fécondité s’effondrait de 1,89 à 1,17 enfants par femme.
Dans le même temps, le nombre de décès augmentait en flèche, passant de 1 690 657 en 1991 à 2 144 316 en 1999. Cette situation donna naissance à une nouvelle terminologie démographique propre au pays : le terme de « croix russe » définissant une natalité en baisse et une mortalité en hausse.