Une étude française relayée dans la revue scientifique Human Reproduction le mercredi 5 décembre, dresse un bilan inquiétant de la fertilité masculine en France. Les examens des échantillons de sperme de plus de 26 000 donateurs âgés de 35 ans ont révélé une chute brutale de 32,2 % du nombre de spermatozoïdes par millilitre entre les années 1989 et 2005.
La concentration spermatique française aurait donc diminué d’un tiers, passant de 73,6 millions à 49,9 millions par millilitre soit une baisse de 1,9 % par an. L’0rganisation mondiale de la santé définit le seuil de fertilité masculine à 15 millions de spermatozoïdes par millilitre.
Plus grave, le taux de spermatozoïdes « normaux » ou « bien formés » a diminué de 33,4% entre 1989 et 2005. Soit une baisse conjointe d’un tiers du nombre (niveau de fertilité) et d’un tiers de la qualité (pouvoir fécondant) des spermatozoïdes en l’espace de 17 ans. Une étude moins importante publiée en 2000 relevait déjà une diminution de la concentration de spermatozoïdes de 3 % par an en Europe et de 1.5 % par an aux États-Unis.
Les chercheurs travaillent principalement sur les facteurs environnementaux qui permettraient d’expliquer de telles variations. Au premier rang des suspects, les perturbateurs endocriniens :
- issus de l’industrie chimique (phtalates notamment) que l’on retrouve dans les produits de grande consommation (plastiques, jouets, rideaux de douche, emballages alimentaires, peintures, adhésifs, colles, cosmétiques) ;
- issus de l’industrie pharmaceutique : éthinylestradiol notamment (hormone synthétique, ingrédient, avec d’autres stéroïdes, de nombreuses pilules contraceptives), dont la concentration dans les eaux d’épuration inquiète les experts britanniques Richard Owen et Susan Jobling ;
- issus de l’industrie agroalimentaires : pesticides notamment ;
- électromagnétiques : téléphones portables ou lignes à haute-tension.
L’étude publiée par Human Reproduction est la plus importante et la plus complète réalisée à ce jour. Les 26 000 donateurs testés bénéficiaient d’une vie plus saine que la moyenne de la population française selon les experts. Des études menées sur un groupe masculin plus large pourraient donc avoir des résultats plus inquiétants encore.