« La franc-maçonnerie n’a jamais été a-politique et si elle a cru l’être, elle s’est trompée sur sa nature. » (Thomas Mann, La Montagne magique.)
Quand on commence à approcher le terrain de la franc-maçonnerie, il faut s’armer d’une extrême vigilance, au point qu’en dépit des travaux monumentaux de Scholem, Puech ou René Le Forestier, on risque encore de s’y perdre, ce qui ne serait pas pour lui déplaire, étant entendu que la maçonnerie a toujours des secrets froidement gardés derrière son rideau rouge, lesquels continueraient de nous échapper ; elle se définit d’abord par un processus d’initiation en se réclamant de la tradition orale, comme une sorte de gigantesque téléphone arabe.
En loges, que l’on soit apprenti, compagnon ou maître, on passe toujours par plus supérieur que soi. Ce dernier aurait un secret appelé à devenir nôtre, ce qui participe à stimuler l’insatisfaction intellectuelle.
Au reste, tout l’attrait de la maçonnerie réside en ses mystères, au sens propre du terme. C’en est même le laboratoire.
Une salle de musculation à gnoses. Une secte, devenue religion.
Il s’agit d’une école, à plus forte raison puisqu’elle est l’instigatrice de l’école de la République, « sanctuaire de la nation » (Jack Lang). Elle est d’abord une secte institutionnalisée en 1717 en multiples obédiences qui ne doivent leur existence… qu’à l’Eglise, raison pour laquelle on l’a souvent présentée comme une « contre-Eglise », une église sans Révélation.
Le sociologue des religions, Rodney Stark, définit une secte par rapport à une REACTION devant une orthodoxie déjà existante, en se réclamant d’un retour à la pureté doctrinale et rituelle originelle ; c’est pourquoi le christianisme n’est pas une secte juive puisqu’il n’entend pas abolir le judaïsme (et pas n’importe lequel) mais le continuer – aucune rupture n’est revendiquée, contrairement au gnostique, Marcion.
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