Dans un contexte marqué par des tensions sino-japonaises et leur contentieux à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), la Chine et les Etats-Unis ont fait assaut d’amabilités à l’occasion de la visite à Pékin, la semaine passée, de Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense.
Ainsi, le chef du Pentagone a tenu à rassurer ses interlocuteurs en affirmant que la réorientation des moyens militaires américains vers la région Asie-Pacifique ne vise pas la Chine, même si le développement de l’arsenal chinois, notamment dans le domaine naval, fait l’objet de commentaires inquiets à Washington.
Mieux encore, Leon Panetta a offert à la Chine de travailler en tant que partenaire pour faire face à des menaces communes, comme par exemple la piraterie maritime. Et pour donner un gage de bonne volonté, il a invité Pékin à participer à l’édition 2014 de l’exercice Rim of the Pacific (RIMPAC), qui rassemble tous les deux ans une vingtaine de pays.
D’ailleurs, une information selon laquelle la frégate chinoise Yi Yang et le destroyer américain USS Winston S. Churchill ont mené, le 18 septembre, un exercice conjoint contre la piraterie, dans le golfe d’Aden, a été opportunément diffusée à la fois par les médias chinois et l’US Navy.
De leur côté, les dirigeants chinois ont permis à Leon Panetta, et cela pour la première fois pour un responsable américain, de visiter la base navale de Qingdao, qui, située dans l’Est du pays, abrite l’état-major de la flotte Nord de la marine chinoise. Le chef du Pentagone a ainsi pu voir de près une frégate ainsi qu’un sous-marin mis en service en 2003.
Cela étant, la visite de Leon Panetta en Chine aura été encadrée par deux évènements. Le premier est la diffusion de photographies montrant un second prototype d’avion furtif, le J-31 ou J-21, et dont on ignore encore s’il s’agit d’un concurrent du J-20, qui a réalisé son premier vol en janvier 2011 ou si cet appareil est développé pour d’autres desseins. Le second a trait aux préparatifs de la livraison imminente du premier porte-avions de la marine chinoise.
La cérémonie de la remise de ce navire a eu lieu, selon la presse officielle, le 23 septembre, à Dalian, dans le nord-est de la Chine, c’est à dire là où il a été remis en condition après avoir été racheté à l’Ukraine avec le prétexte d’en faire un casino flottant…
Pendant très longtemps, Pékin a nié vouloir se doter de capacités aéronavales, avant finalement de le reconnaître, en 2011, avec l’annonce des premiers essais en mer de ce porte-avions, anciennement appelé “Varyag”.
En mars dernier, l’amiral Xu Hongmeng, alors commandant adjoint de la marine chinoise, avait affirmé que le porte-avions allait être mis en service avant la fin de cette année. Il s’était même risqué à donner la date du 1er août, “journée de l’armée” en Chine.
Cela étant, livraison ne veut pas dire que le navire sera immédiatement opérationnel. En effet, la marine chinoise aura besoin de temps pour envoyer en mission son nouveau bâtiment, étant donné qu’il lui faut encore maîtriser les techniques liées à l’aviation embarquée. A moins qu’elle ait dissimulé son réel degré de préparation, ce qui n’est pas impossible.
Ce porte-avions, qui a été aussi officiellement baptisé “Liaoning”, sera très probablement suivi par d’autres. Le chef du National Security Bureau, le service de renseignement taïwanais, avait avancé il y a quelques mois, que Pékin envisageait de construire deux autres navires de ce type pour les mettre en service entre 2020 et 2022.
Depuis les années 1990, la Chine a énormément investi dans ses forces navales, avec l’acquisition de plus d’un quarantaine de nouveaux navires. Et ce n’est pas fini, au vu de l’évolution de ses dépenses militaires, qui, avec une progression moyenne à deux chiffres, a atteint officiellement 106 milliards de dollars en 2012. Mais ce montant pourrait être en fait beaucoup plus élevé – entre 120 et 180 milliards -, Pékin étant très discret sur sa politique de défense.
Cela étant, si la marine chinoise est devenue la troisième du monde en terme de tonnage, elle a encore des efforts à faire au niveau de la qualité de ses navires. Ses sous-marins, par exemple, même les plus récents, sont encore trop bruyants. C’est du moins ce qui était ressorti d’un rapport de l’US Navy publié l’an passé.