Egalité et Réconciliation
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La relocalisation, ça existe !

Rossignol a choisi de relocaliser sa production en France - où se situe la grande partie de son marché - car les coûts gagnés sur la main d’oeuvre ne contrebalancent pas ceux perdus dans la logistique. Un exemple à suivre pour le blogueur Hexaconso.

Dans l’actualité de ce jour, deux nouvelles : une bonne et une mauvaise. La bonne nouvelle, c’est l’annonce par Rossignol de la relocalisation d’une partie de sa fabrication de skis. 60.000 paires de skis junior, jusqu’à présent produites en Asie, seront dorénavant fabriquées par l’usine de Sallanches (Haute-Savoie). Cette nouvelle production devrait représenter 20 emplois équivalents temps plein. Le site de Sallanches, seule usine de skis en France, est présenté comme le pôle d’excellence du groupe Rossignol, orienté vers la production d’environ 200.000 skis haut de gamme par an pour les deux marques Rossignol et Dynastar. « Le quart de l’effort d’investissement du groupe est ainsi concentré sur le développement du savoir-faire de Sallanches, l’innovation et la qualité » , précise le communiqué du groupe. Mais la motivation du groupe réside plus dans la souplesse de gestion des commandes liée à la proximité qu’au savoir-faire français.

« Pour nous, il est plus efficace de produire en France. Notre marché se situe autour de l’arc Alpin et 95% des matières premières proviennent d’Europe », explique Mimmo Salerno, directeur de l’usine de Sallanches. La proximité entre le lieu de production et le marché permet de mieux gérer l’activité saisonnière. « Notre production sera ainsi au plus près des besoins, en bonne quantité et au bon moment » , précise-t-il.

La différence de coût de main d’œuvre entre la France et Taïwan ne devrait pas entraîner d’augmentation du prix des skis pour le consommateur final. « A Taïwan, on gagnait sur les coûts de main d’oeuvre mais on perdait en coûts logistiques » , résume Mimmo Salerno. Les coûts sont donc à peu près équivalents pour une meilleure réactivité, tout en permettant au fabriquant de ski une meilleure organisation. A noter également qu’en janvier 2010, Rossignol avait également rapatrié une chaîne de production depuis la Pologne à Nevers, où sont produites les fixations du groupe, permettant la sauvegarde de 10 emplois.

Si je peux me permettre une petite remarque : quand les marchés, les clients, les matières premières et l’innovation sont en Europe, quel peut bien être l’intérêt de produire en Asie ? Surtout quand la main d’œuvre représente à peine 20% du coût du produit, et qu’aujourd’hui Rossignol nous explique que cela n’avait aucun intérêt, même pas financier !

La mauvaise nouvelle, c’est l’annonce par Unilever de la fermeture de son usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), seul site en France à fabriquer les thés Lipton et les infusions Éléphant. L’entreprise justifie ses intentions par « les difficultés structurelles d’Unilever sur le marché du thé et des infusions en Europe de l’Ouest » et les problèmes de compétitivité du site.
 Selon elle, Unilever a perdu en 6 ans 20% de ses parts de marché dans les trois zones (France, pays nordiques, Italie) où est vendu l’essentiel des productions de Fralib, face à la progression notamment des marques de distributeurs.
 Pour le groupe, la demande des consommateurs pourrait être satisfaite par les productions de ses usines de Bruxelles, Pologne et Grande-Bretagne, tandis que l’usine de Gémenos représente aujourd’hui 27% des coûts pour 5,1% des volumes de production européens.

Selon Olivier Leberquier, représentant de la CGT, « Ce projet est totalement injustifié, et ne tient pas la route. L’usine est rentable. Le coût total des salaires, cotisations sociales et patronales incluses, représente 15 cents par boîte de thé ! A part travailler bénévolement, on ne voit pas ce qu’on pourrait faire de plus ». Ce sont en tout cas 182 emplois directs qui sont menacés par la fermeture de cette usine, créée il y a 78 ans à Marseille sous le nom de thés Éléphant. Bilan :

+20 chez Rossignol – 182 chez Unilever = – 162 emplois !