Il souffle toujours du Yémen au Maroc en passant par Bahreïn et l’Irak et a atteint le sultanat d’Oman, où deux manifestants ont été tués et cinq blessés dimanche par des tirs de la police.
Dans ce sultanat voisin du Yémen, des violences se sont produites alors que des manifestants tentaient d’attaquer un poste de police, selon une source des services de sécurité. Ces incidents s’inscrivent dans le cadre d’un rassemblement de chômeurs à Sohar, à 200 km au nord de la capitale Mascate.
Les quelque 250 contestataires ont scandé des slogans demandant des emplois, de meilleurs salaires et des mesures de lutte contre la corruption. D’autres manifestations ont eu lieu dimanche à Salalah, dans le sud de ce petit pays de trois millions d’habitants où les partis politiques sont interdits.
Au Yémen, théâtre de véritables scènes de guerre dans la nuit de vendredi à samedi à Aden, au sud du pays, qui ont fait au moins trois morts, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a dit son intention de défendre le « régime républicain » jusqu’à la « dernière goutte de sang » et parlé de « complot ».
En outre, cinq protestataires ont été blessés dans une manifestation à Moukalla, à l’est du Yémen. Dans la capitale Sanaa, les étudiants ont poursui dimanche leur sit-in devant l’université.
Mécontentement général dans les émirats
A Bahreïn, des milliers de manifestants ont défilé dans la capitale Manama. Ils ont réclamé la chute du régime de la dynastie sunnite des Al-Khalifa, alors que le groupe chiite au parlement a confirmé sa démission en bloc, au lendemain de l’annonce d’un remaniement ministériel que l’opposition a jugé insuffisante.
Au Qatar voisin, un appel sur Facebook à l’éviction de l’émir Hamad ben Khalifa al-Thani a rassemblé samedi plus de 20’000 sympathisants. Au Koweït, un groupe d’opposition nouvellement formé a demandé des réformes et l’émir cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah a annoncé des mesures sociales.
En Arabie Saoudite, une centaine d’intellectuels ont eux-aussi exhorté à des réformes politiques, économiques et sociales, notamment à l’instauration d’une « monarchie constitutionnelle ». L’appel demande en outre « d’accorder aux femmes le droit au travail, à l’éducation, à la propriété et à la participation à la vie publique ».
Depuis les soulèvements en Tunisie et en Egypte, des appels à des réformes dans le royaume ont fleuri sur internet, la plupart réclamant une monarchie constitutionnelle. Aucun n’a toutefois appelé au renversement de la dynastie des Al Saoud, au pouvoir depuis 1932.
Ultimatum en Irak
En Irak, le premier ministre Nouri al-Maliki a donné dimanche 100 jours à ses ministres pour faire leurs preuves, après des manifestations de colère contre le gouvernement. A Amara, à 305 km au sud de Bagdad, onze manifestants et neuf policiers ont été blessés dans des échauffourées au cours d’une manifestation de jeunes réclamant du travail.
Au Maroc, près de mille personnes encadrées par d’importantes forces de sécurité avaient réclamé samedi à Casablanca des « réformes politiques et une nouvelle Constitution ». Au même moment à Alger, une centaine de contestataires avaient bravé un important dispositif policier pour tenter, en vain, leur troisième marche en un mois en faveur d’un changement de régime.
Enfin, en Egypte, près de 2000 manifestants s’étaient rassemblés samedi pour exiger un nouveau gouvernement.