En dépit d’accusations et de critiques exagérées stigmatisant dans les médias internationaux une censure d’Internet, le président Chavez a annoncé un nouveau programme gouvernemental de promotion de l’utilisation d’Internet et des cyber-communications dans tout le Venezuela.
Le Venezuela a fait récemment les gros titres dans les médias internationaux en raison de supposées menaces sur la liberté d’expression, centrées cette fois sur Internet. Mais comme par le passé, nombre de ces accusations contre l’administration Chavez, qui sont diffusées par les médias, les Tweets et les blogs à travers le cyber-espace à la vitesse de la lumière, sont tout simplement fausses.
Les agences de presse et les principaux quotidiens internationaux, tels le New-York Times, El Païs et The Guardian, furent prompts à réagir aux déclarations du président Hugo Chavez qui avait dénoncé deux semaines auparavant l’information malveillante d’un site web qui avait diffusé la fausse nouvelle de l’assassinat de deux personnalités éminentes du gouvernement. "Le Venezuela de Chavez appelle à un contrôle d’Internet", titrait une dépêche de l’agence Reuters, qui poursuivait en affirmant que Chavez était en colère contre l’opinion politique vénézuélienne et stigmatisait le site Noticiero Digital pour avoir faussement communiqué la nouvelle de l’assassinat de Diosdado Cabello, un important ministre et proche collaborateur.
En qualifiant la réaction de Chavez à cette fausse et dangereuse nouvelle, comme réaction personnelle du style « Chavez est fâché », l’agence Reuters minimise et ridiculise de très sérieux crimes tels l’incitation à la violence et la diffusion délibérée d’informations fausses et malveillantes pour inciter à d’autres crimes. En outre, Reuters avait écarté le contenu de l’information en la réduisant à quelque chose que le président Chavez aurait dit, mettant dès lors en doute l’authenticité de sa déclaration. Pourtant, le site web vénézuélien, Noticiero Digital, avait bien publié de fausses informations sur l’assassinat de Diosdado Cabello par une bande armée ainsi que d’autres tout aussi fallacieuses annonçant que le présentateur TV pro-Chavez, Mario Silva, avait été abattu le jour suivant. Ces deux histoires sont restées sur le site pendant deux jours au moins avant d’être retirées sous la pression de partisans du gouvernement qui dénonçaient publiquement ce site pour informations malveillantes.
Internet n’est pas n’importe quoi pour n’importe qui
Le président Chavez a déclaré qu’Internet ne pouvait être quelque chose où on dit et fait n’importe quoi, un principe partagé par tous les gouvernements et associations au monde. Aux Etats-Unis, les contrôles d’Internet sont fréquents. Les contenus tels que la pornographie sont strictement régulés et les actes criminels tout comme les incitations à en commettre sont rigoureusement interdits, y compris sur les chats, les blogs et les nombreux forums informels et anonymes. Début 2009, Steven Joseph Christopher, un habitant de 42 ans du Wisconsin,a été arrêté par les services secrets US pour avoir proféré des menaces d’assassinat à l’encontre du président Obama sur le chat d’un forum d’UFO et d’étrangers. Christopher a été poursuivi pour la violation d’une loi US qui interdit de menacer de mort un président sous peine d’une condamnation maximum à cinq années de prison et 250.000 $ d’amende. Fin décembre 2009, le président Obama a nommé Howard Schmidt, un ancien conseiller à la sécurité de Georges W. Bush, comme chef de la cyber sécurité afin de superviser les lois et règlements ainsi que l’aide à la protection des données informatiques US. Le congrès US a également débattu d’une loi qui confèrerait au président un droit de contrôle sur le Net en cas d’urgence et autoriserait la saisie de données informatiques privées en cas de situation qualifiée d’urgence cybernétique sécuritaire.
Ce type de réglementation va bien au delà de ce qui est actuellement débattu au Venezuela. Tout au plus, le gouvernement vénézuélien , l’exécutif et le législatif, envisagent-ils une extension des dispositions du code pénal actuel au cyber-espace. Des rumeurs se répandent au niveau international, via Twitter utilisé par plus de 160.000 vénézuéliens, disant que l’assemblée nationale du Venezuela débattrait d’une loi visant à contrôler le contenu d’Internet. Les députés vénézuéliens ont rapidement démenti ces rumeurs et fait savoir que seule la législation actuellement en vigueur serait appliquée aux infractions commises sur le Net, comme c’est le cas partout ailleurs.
L’Allemagne a également envisagé la création d’une agence gouvernementale pour réguler et légiférer dans le secteur du cyber-espace, une des activités le plus en expansion dans les affaires et l’industrie.
Accès libre et universel à Internet
Répondant aux critiques et aux soi-disant défenseurs internationaux des droits à la liberté d’expression, qui prétendaient que le président Chavez coupait l’accès des Vénézuéliens à Internet, le chef de l’Etat à déclaré dimanche à la TV : « une fausse rumeur se répand, et elle est erronée, qui prétend que nous allons limiter l’accès à Internet, que nous allons le contrôler. C’est faux. Nous avons une stratégie fondamentale qui n’est autre que le transfert du pouvoir au peuple, or le premier et plus important pouvoir est la connaissance. »
Le président Chavez a inauguré vingt-quatre nouveaux Info-centres dimanche dernier dans le cadre de ce programme - Allo Presidente - ,amenant leur nombre à 668 dans le pays. Il a également approuvé l’allocation de plus de 10 millions de dollars US pour l’ouverture de 200 cyber-centres communautaires gratuits supplémentaires en 2010. Les Info-centres sont un projet du ministère des sciences et des technologies, financé par le gouvernement et destiné à fournir à toutes les communautés disséminées dans le pays, un accès gratuit à Internet , ses technologies et ses services. Vingt-sept Info-centres mobiles vont être lancés cette semaine, ils voyageront à travers tout le pays jusqu’aux régions les plus reculées de l’Amazonie, les Andes et les régions rurales, garantissant le libre accès à Internet et la formation des citoyens, qui ont peu ou pas d’accès aux nouvelles technologies, à l’usage des PC.
Aujourd’hui, les Info-centres fournissent l’accès Internet et les services d’ordinateurs à plus de 2,5 millions d’usagers permanents et à plus de 10 millions d’occasionnels par an. L’objectif du gouvernement est de transférer la gestion et l’utilisation des Info-centres à des groupes communautaires organisés, tels les conseils de communautés, qui peuvent décider collectivement de l’usage et des besoins technologiques de leurs membre, du voisinage et de la région. Le transfert de la gestion et de l’administration des Info-centres et des espaces technologiques construits par la révolution doivent permettre aux communautés de prendre des décisions collectives concernant l’utilisation de ces espaces. « Notre objectif stratégique est de promouvoir la croissance technologique et l’accès à la communication pour contribuer à la création d’un Etat communautaire », explique le président Chavez.
« Cette technologie sera gérée comme moyen de communication du pouvoir populaire, afin d’accroître les capacités et synergies entre communautés », a ajouté Chavez. Le peuple doit avoir la responsabilité d’entretenir et de gérer les Info-centres ainsi que de garantir leur bon fonctionnement, a-t-il dit. Insistant aussi sur le fait qu’Internet est un outil de la révolution et devrait contribuer à la création et au développement d’une presse alternative au Venezuela.
« Chaque communauté peut créer un réseau et communiquer avec les autres pour suivre le processus de développement », dit Chavez, annonçant par la même occasion l’ouverture de son propre blog. "Je commence mon combat personnel sur Internet avec un blog. Il sera plein d’informations variées et nous serons prêt pour le tir nourri de réponses que nous recevrons. Y compris de mes adversaires, ils m’attaqueront et je leur répondrai. Une bataille est une bataille, un assaut est un assaut » a-t-il prévenu.
Technologie pour le peuple
Le président Chavez a rappelé qu’en 2000, il n’y avait que 273.537 abonnés d’Internet au Venezuela. Mais qu’au premier trimestre 2009, on en dénombrait plus de 1.585.497, une augmentation de 600 %. De même, le nombre d’internautes est passé pendant la même période de 820.000 en 2000 à 7.552.570 en 2009, une augmentation de 900 %.
En 2000, 3-4 % des vénézuéliens avaient accès à Internet ; fin 2009, ils sont 30 %, une augmentation massive due en grande partie aux programmes gouvernementauix. Le projet Info-centre ne fournit pas seulement des PC et des accès Internet, il forme aussi les usagers. Des brigades de formateurs, financés par le ministère des sciences et de la technologie, ont formé des milliers de vénézuéliens à l’usage des ordinateurs : de l’utilisation de base aux applications les plus sophistiquées : blogs, recherches avancées.
Champ de bataille des médias – Internet comme arme
Tandis que l’état Vénézuélien rendait ses citoyens aptes à entrer dans le cyber-espace de manière compétente et responsable, un autre gouvernement entraînait et finançait un groupe sélectionné de vénézuéliens pour déstabiliser leur nation et promouvoir un changement de régime avec l’Internet comme arme.
Au cours de ces dernières années, plus de 7 millions de dollars US ont été injectés à partir des US via l’USAID ( Agence des Etats-Unis pour le Développement International ) dans des groupements de jeunesse et d’étudiants au Venezuela afin de « renforcer les nouveaux outils médiatiques susceptibles d’améliorer l’accès à l’information et de susciter un débat ouvert et constructif sur Internet ». Depuis 2002, l’USAID a financé des centaines d’organisations d’opposition et de partis politiques au Venezuela à hauteur de 50 millions de dollars $ dans un effort constant pour promouvoir le renversement de l’administration Chavez.
La révolution Twitter
Ces millions investis dans Internet en faveur des mouvements d’opposition des jeunes ont contribué à la prolifération des blogs, websites et propagandes en ligne anti-Chavez, contribuant à l’offensive médiatique contre le gouvernement vénézuélien. Les nouveaux médias, comme Facebook et Twitter, sont aussi pris d’assaut par des utilisateurs anti-Chavez. Et ce n’est pas une surprise. En octobre 2009, le département d’état US a sponsorisé le second sommet annuel de l’alliance des mouvements de jeunesse (AYM ) qui se tenait à Mexico City, réunissant les créateurs et les représentants des nouvelles sociétés de médias telles que Twitter, Facebook, Youtube, Myspace, Google, Meetup et d’autres, ainsi qu’une sélection d’étudiants et de dirigeants de mouvements de jeunesse choisis un peu partout dans le monde. Des représentants d’agences gouvernementales US, comprenant le département d’Etat, USAID, Maison des libertés, Institut International Républicain ( IRI ), Mouvement national pour la Démocratie ( NED ), Cato Institute, Initiative pour le développement de Cuba, et bien d’autres, étaient également présents à cette réunion qui comprenait un discours de bienvenue de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
Quarante-trois jeunes activistes politiques financés par le département d’Etat étaient invités à ce sommet de l’AYM. Ils provenaient de pays tels que le Sri Lanka, la Colombie, le Brésil, l’Arabie Saoudite, le Liban, la Turquie, la Moldavie, la Malaisie, le Mexique, l’Equateur et le Venezuela. Les participants Vénézuéliens étaient Yon Goicochea, dirigeant actuel du parti ultra-conservateur Primero Justicia et lauréat de la bourse Milton Friedman du Cato Institute pour la promotion des politiques néo-libérales ; Géraldine Alvarez, membre de la fondation Goicochea Futuro Presente, financée par des agences US ; et Raphael Delgado, un autre dirigeant étudiant lié à l’opposition.
L’objectif du département d’Etat lors de cet événement était de former ces jeunes sélectionnés à la connaissance, la technologie et le mode de financement des révolutions Twitter dans leurs pays, montrant en exemple l’Iran, la Moldavie et les mouvements anti-FARC et anti-Chavez organisés en Colombie via Facebook et Twitter.
Equilibrer le champ de bataille
Néanmoins, les groupes pro-Chavez et activistes au Venezuela investissent maintenant ces mêmes nouvelles technologies médiatiques utilisées par Washington pour promouvoir l’agenda impérialiste. Des comptes Facebook et Twitter viennent d’être ouverts par d’éminentes personnalités proches de la révolution bolivarienne ; de nouveaux blogs, websites et e-mails se multiplient pour prendre pied dans le champ de bataille de l’information cyber-spatiale.
Alors qu’Internet est toujours dominé par des forces qui visent à déstabiliser et discréditer l’administration Chavez et la révolution bolivarienne, les chavistes comblent rapidement leur retard. Les centaines de nouveaux Info-centres à travers le pays garantissent le libre accès de tous les vénézuéliens et le partage de leurs millions de voix et d’histoires - autrefois silencieuses et ignorées – avec la communauté internationale. Un blog tenu par le président Hugo Chavez en personne sera certainement une arme pour la révolution bolivarienne, et pourra neutraliser les nombreux mythes et mensonges propagés à son sujet et à celui de son gouvernement partout dans le monde.