Le problème est-il la couleur de peau ou la capacité à fabriquer des Français ?
Les Guadeloupéens, les Martiniquais sont (plus ou moins) noirs et français, ce n’est donc pas la couleur de peau le problème. La machine à fabriquer des Français, à partir de l’école, est grippée, on le sait, elle est même quasiment en panne. Pourquoi ? Parce que soudainement les immigrés seraient devenus infrancisables ?
Pas forcément, sauf que le nombre compte : il est plus difficile de gérer une classe composée à 30 ou 40 % de primo-arrivants qu’une classe ethniquement homogène, c’est une réalité que les profs du 93 connaissent. Enfin, ceux qui restent en poste, car le turn-over est important.
Non, ce qui compte encore plus, c’est la fin de la volonté politique de franciser les nouveaux arrivants, on appelle ça l’antiracisme, l’anticolonialisme (car franciser les Africains qui arrivent chez nous serait du colonialisme éducatif !), et ça fait beaucoup de mal à une nation qui se communautarise.
Le problème est double : d’abord, le nombre, ensuite le communautarisme. Si les Françaises d’origine non immigrées font moins de bébés, ce n’est pas qu’elles n’aiment pas faire des enfants sur les conseils des écolos, comme le souligne Laurent Alexandre, c’est que les conditions sociales ne le permettent plus, et Le Gallou a raison d’insister sur la politique familiale qui a été abandonnée par le politique. Comme par hasard !
Le nombre ralentit la dissolution des migrants dans la nation, car il faut un certain temps pour digérer des étrangers (300 000 à 400 000 par an), et pour ne rien arranger, le communautarisme interdit toute digestion : les communautés deviennent étanches, ce qui est mauvais signe (ignorance mutuelle, violences possibles).
Le trop-plein d’un coup et le communautarisme sont donc les deux ennemis de l’unité nationale. Or, c’est justement ce que visent nos dirigeants politiques, qui veulent encore plus d’immigrés, et encore plus de communautarisme à l’américaine. C’est le sens du « respect » des autres cultures, même étiques, désormais enseigné à l’école.
On n’est donc pas sortis de l’auberge, sauf si on sort les politiques de l’auberge (on appelle ça une révolution), justement. Ce sont eux – et on ne parle même pas de l’effet de ciseaux désastreux du couple formé par le regroupement familial et l’avortement de masse, qui sont arrivés, comme par hasard au mitan des années 70... – qui ont mené la France où elle est aujourd’hui.
Par calcul politico-économique à courte vue (des ouvriers pas chers, mal payés et peu formés, histoire de conserver les profits sans moderniser l’outil de travail, tout en empêchant la résurgence communiste) et par volonté politique profonde de détruire le modèle social français.
Et là, on touche à une autre couche que Bayrou et Le Gallou se gardent bien de dénoncer dans l’article de Sputnik qui suit.
Face au risque d’effondrement démographique, François Bayrou prône notamment l’ouverture des frontières. Alors que la crise de Covid-19 a dangereusement fait chuter le taux de natalité en France, le recours à davantage d’immigration est une option éculée qui s’est avérée catastrophique par le passé, avance l’essayiste Jean-Yves Le Gallou.
« François Bayrou pose ce diagnostic avec cinquante ans de retard ! », lance d’emblée Jean-Yves Le Gallou au micro de Sputnik.
Le dirigeant de la fondation Polémia n’en démord pas : la solution proposée par François Bayrou pour « assurer le renouvellement des générations » et sauver le modèle social français est selon lui « un peu la même que celle qui était posée dans les années 70-80, où on expliquait qu’il fallait faire venir des immigrés pour payer les retraites. » Dans une note transmise à l’AFP, le haut-commissaire au Plan propose notamment un « pacte national pour la démographie ».
« Assurer notre avenir démographique » passe par « deux voies : avoir plus d’enfants ou accueillir des personnes d’autres pays », écrit le président du MoDem, pour qui « la France devra jouer des deux leviers dans des proportions raisonnables qui garantissent le maintien de la cohésion nationale. »
Pour Jean-Yves Le Gallou, auteur de L’invasion de l’Europe (Éd. Via Romana, 2020) et ancien eurodéputé du Front national, le recours à l’immigration, même pour un motif lié à l’emploi, ne peut être une solution pour la relance économique et démographique du pays.
« L’immigration de travail se transforme très vite en immigration familiale et en immigration d’aides sociales », avance notre interlocuteur. « Il est évident que des immigrés de langue et de culture différente ne peuvent pas se substituer aux Français ou cela porte un nom : cela s’appelle le “Grand remplacement” ! », ajoute-t-il, reprenant sans crainte et à son compte le syntagme de l’écrivain controversé Renaud Camus.
Après le « baby boom », le « baby crash » ?
Si la baisse des naissances est une tendance lourde depuis plusieurs années en France (l’indicateur conjoncturel de fécondité diminue depuis six ans, pour s’établir à 1,84 enfant par femme en 2020, contre 2 entre 2006 et 2014), la crise de Covid-19 pèse de tout son poids sur la courbe démographique du pays. En 2019, le solde naturel (les naissances moins les décès) en France était de 141.000, soit le plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2020, année marquée par le Covid-19 et les confinements, le solde naturel est estimé à 67.000. « Il manquerait 40 à 50.000 naissances par an pour assurer le renouvellement des générations », résume François Bayrou dans sa note.
« Vraisemblablement, en 2021 ou en 2022, le solde naturel en France ne sera plus positif. En 2021, l’effet du confinement a déjà produit sur les mois de décembre, de janvier et de février 40.000 naissances de moins par rapport à l’année précédente », corrobore Jean-Yves Le Gallou.
La perspective d’un « baby-crash », par opposition au « baby-boom » des années 50, se confirmerait donc. Selon l’INSEE, le nombre de naissances enregistrées en France en janvier 2021 a diminué de 13 % par rapport à janvier 2020. Une chute « sans commune mesure avec les baisses qui ont pu être observées dans le passé », selon l’institut de statistiques.
Sauf que dans le même temps, le solde migratoire, lui, continue sa poussée. Pour la seule année 2020, « il est estimé de manière provisoire à + 87.000 personnes », rappelle François Bayrou. Cela sans compter l’immigration illégale. Dans son livre Immigration : ces réalités qu’on nous cache (Éd. Robert Laffont), le haut fonctionnaire Patrick Stefanini estime que la France compte environ « 900.000 étrangers en situation irrégulière sur son sol. » De plus, poursuit l’ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration de Nicolas Sarkozy, depuis 2016, le solde migratoire des immigrés est supérieur au solde naturel. « Entre 2000 et 2015, la population de l’UE a crû de 20 millions, dont un cinquième seulement en raison du solde naturel », écrit-il.
Abandon des politiques familiales
Si la France veut sauver son modèle social, basé notamment sur le financement des retraites par répartition, Jean-Yves Le Gallou opte sans hésiter pour la première option suggérée par François Bayrou, à savoir une refonte complète de la politique familiale en faveur de la natalité. « Les politiques de soutien à la famille ont été dégradées dès l’époque Chirac et sur-dégradées à l’époque Hollande, avec une conséquence sur le taux de fécondité », dénonce-t-il.
« La solution, c’est une aide aux familles déconnectée du revenu. Il faut compenser la charge de l’enfant : cela supposerait de rétablir les quotients familiaux dans leur intégrité et d’aider les familles à partir du deuxième enfant », plaide le président de la fondation identitaire Polémia.
Pessimiste, Jean-Yves Le Gallou n’envisage toutefois pas une sortie du « paradigme immigrationniste » dans les années à venir.
« Derrière le baratin pour tromper les électeurs, toute la politique des pouvoirs politique, judiciaire et médiatique consiste à faciliter l’immigration en France. Il suffit de voir la façon dont on a changé la jurisprudence pour éviter une condamnation à ce paysan de la région de Nice qui aide des clandestins [Cédric Herrou, NDLR] », illustre-t-il.
Le débat du Figaro sur la natalité (à partir de 18’20)