La Bible et les pères fondateurs d’Israël
Otto Weininger, auteur fascinant découvert chez Kontre Kulture, écrivait en 1903, tandis que le sionisme émergeait sur la scène géopolitique :
« L’histoire de son peuple est pour le Juif, même pour celui qui lui accorde la plus grande signification, non pas la somme de ce qu’il a été, mais uniquement, sans fin, la source de nouveaux rêves et de nouveaux espoirs : le passé du Juif n’est pas réellement son passé, il est son avenir. »
Ce passé que le Juif confond avec son avenir, c’est avant tout l’histoire biblique.
La Bible hébraïque (le Tanakh) est à la fois la mémoire identitaire du peuple juif, et la promesse de son avenir victorieux. Véritable « patrie portative » des Juifs de la Dispersion selon le mot d’Heinrich Heine, la Bible est restée au cœur de l’État d’Israël, qui ne s’est pas donné d’autre Constitution.
Il est vrai que les pionniers du sionisme politique, Moses Hess (Rome et Jérusalem, 1862), Léon Pinsker (Autoémancipation, 1882) et Theodor Herzl (L’État des Juifs, 1896), ne puisaient pas explicitement leur inspiration dans la Bible, mais plutôt dans les mouvements nationalistes de la fin du XIXe siècle.
Ce qui les motivait était aussi la constance de la judéophobie : Pinsker se convertit au sionisme durant les pogroms qui suivent l’assassinat d’Alexandre II, et Herzl, dans l’émotion de l’affaire Dreyfus. Et la justification principale de la création d’Israël en 1948 fut la persécution des Juifs par les nazis.
Néanmoins, en baptisant son mouvement « sionisme », Herzl lui-même l’avait inscrit dans la perspective biblique : « Sion » est une synecdoque de la Terre promise chez les Prophètes. Tout comme la revendication juive sur la Palestine, la résurrection de l’hébreu après 2 000 ans d’oubli n’a d’autre fondement que la Bible.
Mais surtout, les pionniers du Yichouv (l’immigration juive en Palestine avant 1947) et les fondateurs de l’État d’Israël étaient pétris de la Bible. David Ben Gourion – « la personnification du rêve sioniste » selon son biographe Dan Kurzman – plus qu’aucun autre.
« La vie de David Ben Gourion, écrit Kurzman dans Prophet of Fire, est plus que l’histoire d’un homme extraordinaire. C’est l’histoire d’une prophétie biblique, un rêve éternel. […] Ben Gourion était, en un sens moderne, Moïse, Josué, Isaïe, un messie qui se croyait destiné à créer un État juif exemplaire, une "lumière pour les nations" qui aiderait à racheter toute l’humanité. »
Pour Ben Gourion, écrit encore Kurzman, la renaissance d’Israël en 1948 « était analogue à l’Exode hors d’Égypte, la conquête de Canaan par Josué, la révolte maccabéenne ».
Pourtant, Ben Gourion n’avait aucune inclination religieuse ; il n’était jamais allé à la synagogue et mangeait du porc au petit-déjeuner. Il aimait à dire que « Dieu n’a pas choisi Israël ; c’est Israël qui a choisi Dieu » ; mais il citait Josué 24,22 à l’appui de cette affirmation. Selon le rabbin qui animait son groupe d’étude biblique, Ben Gourion « croyait inconsciemment avoir reçu une étincelle de l’âme de Josué ». Il était habité depuis son enfance par l’histoire antique de son peuple, au point d’adopter le nom d’un général juif ayant combattu les Romains (il était né sous le patronyme de Grün en Pologne). « Il ne peut y avoir aucune éducation politique ou militaire valable sans une connaissance approfondie de la Bible », répétait-il. En un mot, toute la politique de Ben Gourion était « biblique ». Trois jours après le début de l’invasion du Sinaï en 1956, il déclarait devant le Knesset que l’enjeu véritable était de « rétablir le royaume de David et de Salomon », et donc l’expansion d’Israël jusqu’aux frontières bibliques.
Un attachement profond à la Bible se retrouve chez presque tous les dirigeants israéliens de la génération de Ben Gourion et de la suivante. La biographie de Menahem Begin, qui revendique à juste titre une part aussi importante dans la fondation d’Israël par son action terroriste à la tête de l’Irgoun, a pour titre : La Bible et le fusil (1976). Moshe Dayan, le héros de la campagne d’annexion de 1967 (guerre de Six Jours), publie un livre intitulé Living with the Bible (1978) pour justifier sa conquête : « Si l’on se considère comme le peuple de la Bible, on devrait aussi posséder les terres de la Bible. »
Et ce n’est pas seulement en parole que le sionisme se révèle imprégné d’histoire et d’idéologie bibliques. Il ne s’agit pas de rhétorique, mais de géopolitique. Comme le remarque Avigail Abarbanel, Israélienne repentie :
« Les sionistes ont suivi à la lettre l’ordre biblique donné à Joshua de pénétrer et de tout prendre. […] Pour un mouvement soi-disant non religieux, c’est extraordinaire comment le sionisme a suivi la Bible de près. »
Le paradoxe n’est qu’apparent, car pour les sionistes, la Bible n’est pas un texte religieux, mais un livre d’histoire ; c’est le passé du peuple juif, et la référence immuable pour son avenir. C’est une référence non pas secrète, mais totalement assumée, proclamée. Il devrait donc être évident qu’on ne peut pas comprendre le comportement de la nation d’Israël sur la scène internationale sans pénétrer au cœur de l’idéologie biblique.
Pour cela, il faut renoncer à la lecture chrétienne de l’Ancien Testament, et nous familiariser avec la lecture juive du Tanakh. C’est alors seulement qu’on comprendra que le sionisme n’a jamais été un nationalisme comme les autres.
Il ne le pouvait pas, comme l’a bien dit Gilad Atzmon, à partir du moment où il se définissait comme un mouvement nationaliste « juif » destiné à créer un « État juif ». Le sionisme ne pouvait pas non plus être un simple colonialisme, car le colonialisme ne cherche pas à expulser les indigènes, mais à les exploiter. Ou si le sionisme est un colonialisme, ce ne peut être qu’au sens de la colonisation du monde par Israël, selon le programme du prophète Isaïe :
« Les richesses de la mer afflueront vers toi, et les trésors des nations viendront chez toi » (60,5)
« Tu suceras le lait des nations, tu suceras les richesses des rois » (60,16)
« Vous vous nourrirez des richesses des nations » (61,6)
« Car la nation et le royaume qui ne te servent pas périront, et les peuples seront exterminés » (60,12)
Isaïe est le prophète le plus souvent cité par les sionistes (tout récemment encore par Meyer Habib à l’Assemblée nationale). Dans une déclaration publiée par le magazine américain Look le 16 janvier 1962, Ben Gourion émettait cette prédiction pour le prochain quart de siècle :
« Toutes les armées seront abolies, et il n’y aura plus de guerres. À Jérusalem, les Nations unies (de vraies Nations unies) construiront un sanctuaire aux prophètes pour servir à l’union fédérale de tous les continents ; ce sera le siège de la Court Suprême de l’Humanité, où seront réglés tous les conflits entre les continents fédérés, comme l’a prophétisé Isaïe. »
D’Isaïe, les chrétiens connaissent surtout ce fameux verset :
« Ils briseront leurs épées pour en faire des socs, et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre » (Isaïe 2,4)
Mais les sionistes connaissent aussi le verset précédent, qui décrit ces temps messianiques comme une Pax Judaica : « toutes les nations » rendront hommage « à la montagne de Yahvé, à la Maison du Dieu de Jacob », car « de Sion viendra la Loi et de Jérusalem la parole de Yahvé », de sorte que Yahvé « jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux ».
Pour les fondateurs de l’État hébreu, les prophéties bibliques sont un programme, le programme. Et il s’agit d’un programme mondial.
On comprend mieux la géostratégie des néoconservateurs, ces crypto-sionistes, en lisant chez Zacharie comment Yahvé anéantira « toutes les nations » liguées contre Israël et transformera toute la terre en désert, à l’exception de Jérusalem, qui « sera élevée et demeurera en sa place », et où « les richesses de toutes les nations alentour seront rassemblées. »
« Il arrivera que tous les survivants de toutes les nations qui auront marché contre Jérusalem monteront année après année se prosterner devant le roi Yahvé Sabaot (Zacharie 14)
Trois leçons à tirer des livres d’Esdras et Néhémie
Pour comprendre la nature profonde du sionisme, les livres bibliques d’Esdras et de Néhémie (qui ne forment en fait qu’un seul livre) sont une clé indispensable. À l’époque d’Esdras, la puissance dominante du Moyen et Proche-Orient était la Perse, qui avait soumis Babylone en -539. Avant cela, les Judéens déportés à Babylone avaient joui d’une grande autonomie, et certains avaient acquis fortune et influence. Mais en -555, un prince du nom de Nabonad s’était emparé du pouvoir à Babylone, et il était en guerre contre le roi de Perse Cyrus (Koresch). Il faut croire, estime l’historien Heinrich Graetz, que les Juifs collaborèrent alors avec les Perses, à en juger par les mesures prises contre eux par Nabonad et la bienveillance que leur montra plus tard le conquérant.
À en juger aussi par les versets bibliques que l’on date de cette période :
« Ô fille de Babylone, qui doit être détruite, […] bienheureux celui qui prendra tes petits enfants et les fracassera contre les pierres » (Psaumes 137)
Peu après la victoire de Cyrus, une partie des Judéo-Babyloniens (42 360 individus avec leurs 7 337 esclaves et 200 chanteurs et chanteuses, selon l’estimation du Livre d’Esdras 2,64-67) retourna à Jérusalem sous la protection du roi Cyrus. Celui-ci est gratifié pour cela du titre d’ « Oint » (Mashiah) de Dieu, dans ce passage d’Isaïe qui résume à lui tout seul la stratégie d’instrumentalisation de l’Empire par Yahvé :
« Ainsi parle Yahvé à son oint, à Cyrus dont j’ai saisi la main droite, pour faire plier devant lui les nations et désarmer les rois […] : C’est à cause de mon serviteur Jacob et d’Israël mon élu que je t’ai appelé par ton nom, je te donne un titre, sans que tu me connaisses. […] Je te ceins, sans que tu me connaisses. » (Isaïe 45,1-5)
En -458, Esdras, prêtre de la lignée d’Aaron, se rendit de Babylone à Jérusalem, accompagné de quelque 1 500 disciples et du titre pompeux de « Secrétaire de la Loi du Dieu du Ciel » (Esdras 7, 21). Il fut bientôt rejoint par Néhémie, un haut dignitaire de la cour du roi de Perse également d’origine judéenne. Esdras était mandaté par l’empereur de Perse. Le Livre d’Esdras s’ouvre sur l’édit de Cyrus proclamant que Yahvé l’a « chargé de lui bâtir un Temple à Jérusalem, en Juda » (1,1-2).
L’empereur suivant, Xerxès, aurait produit un édit contraire, sous l’influence des Palestiniens hostiles aux Judéo-Babyloniens. Mais ces derniers aidèrent l’empereur suivant, Darius, à retrouver l’édit de Cyrus dans les archives de Babylone. Darius le résuma dans un nouvel édit qui autorise la reconstruction du Temple, ordonne d’y offrir de gigantesques holocaustes financés par « les fonds royaux », et condamne à l’empalement « quiconque transgressera cet édit » (6,11). Puis c’est l’empereur suivant, Artaxerxès qui, par un nouvel édit, aurait conféré à Esdras autorité pour guider vers Jérusalem « quiconque en mon royaume fait partie du peuple d’Israël, de ses prêtres ou de ses lévites », et pour exercer la justice sur « tout le peuple de Transeuphratène [district comprenant tous les territoires situés à l’ouest de l’Euphrate] » (Esdras 7,11-26).
Aucun historien ne prend le contenu de ces édits au sérieux, mais ils reflètent probablement une réelle activité de diplomatie et de lobbying par laquelle un groupe de proto-sionistes est parvenu à obtenir de l’autorité impériale perse la création en Judée d’un État semi-autonome de nature théocratique. Quels avantages le réseau d’Esdras et Néhémie a-t-il fait miroiter à l’empereur perse pour obtenir son soutien dans leur entreprise de mainmise sur la Palestine ? Cela n’est pas dit par les auteurs des livres d’Esdras et Néhémie, qui se contentent de dire que Yahvé a parlé à Cyrus.
Ce qui nous intéresse, c’est que l’on trouve dans cet épisode le prototype de la stratégie sioniste, qui consiste à favoriser une puissance impériale et à l’instrumentaliser en influençant ses choix géopolitiques.
Cette stratégie a été appliquée différemment à différentes époques. Dans son livre Occident et Islam, Youssef Hindi présente une tentative d’instrumentalisation de la papauté à la fin du XIIIe siècle, lorsque celle-ci s’est imposée comme la puissance impériale et coloniale dominante en Méditerranée, grâce aux croisades et à la prise de Constantinople par les croisés en 1204. Vers 1280, le kabbaliste espagnol Abraham Aboulafia se rend à Rome dans le but de rencontrer le pape Nicolas III. D’autres tentatives sont faites au début du XVIe siècle, après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453. Solomon Molcho (1500-1532), d’origine portugaise marrane, tente de convaincre le pape Clément VII de former une armée de marranes afin de prendre la Palestine aux Ottomans et d’y installer les Juifs.
Cependant, à cette époque, le mouvement proto-sioniste s’est déjà largement détourné du catholicisme, incarné par la puissance espagnole, pour favoriser la diffusion du calvinisme et la révolution puritaine en Angleterre. Et ce n’est qu’au XIXe siècle que l’empire britannique pourra être efficacement instrumentalisé.
Nahum Goldman considère Disraeli comme « le véritable créateur de l’Empire britannique », car c’est lui qui fit proclamer la reine Victoria impératrice, après avoir fait financer par le baron Lionel de Rothschild le rachat du Canal de Suez au profit de l’Angleterre. N’ayant pu obtenir du sultan ottoman qu’il leur cède la Palestine, les sionistes pousseront les Britanniques à se retourner contre l’Empire ottoman, puis obtiendront d’eux, à l’occasion de la Première Guerre mondiale, la première pierre de leur édifice : la Déclaration Balfour de 1917.
Mais lorsque les Britanniques feront par la suite obstacle à la colonisation juive de la Palestine, c’est vers la toute nouvelle puissance impériale américaine, qu’ils ont contribué à faire naître, que se tournent les sionistes. Et c’est au prix d’une seconde guerre mondiale qu’ils obtiennent finalement un État juif en Palestine, dans des frontières qu’ils entendent bien élargir, par une troisième guerre mondiale s’il le faut.
La leçon de cette histoire est la suivante : le sionisme a toujours besoin d’un empire auquel il peut forcer la main. Au besoin, il contribue à la création de cet empire pour l’utiliser. On pourrait dire que sionisme et impérialisme sont les deux faces interdépendantes d’un même processus historique. Or cette géopolitique remonte à la tradition biblique : ce fut très exactement la stratégie d’Esdras et Néhémie au Ve siècle avant notre ère.
Mais ce n’est pas la seule leçon des livres d’Esdras et Néhémie ; on y trouve également déjà les caractères essentiels de la conquête de la Palestine au XXe siècle. Esdras se plaint que « la race sainte [les exilés revenus de Babylone peu avant lui] s’est mêlée aux peuples des pays » en épousant « des femmes étrangères, prises parmi les peuples du pays », ces « gens abominables », « plongés dans leurs abominations » (Esdras 9,1-10,2). Il exige que tous les coupables renvoient leurs femmes « étrangères » (en réalité autochtones) et les enfants qu’elles leur ont donnés.
L’obsession pour l’endogamie est le thème central du Livre d’Esdras, dans lequel sont listées les généalogies des lignées pures dignes de se reproduire entre elles. On n’a pas, il est vrai, de nettoyage ethnique comme au XXe siècle, car selon la loi lévitique, la race sainte doit pouvoir se servir en esclaves parmi les indigènes :
« Ils seront votre propriété perpétuelle. Vous les aurez pour esclaves » (Lévitique 25,44-46)
Il y a encore une troisième leçon à tirer des aventures proto-sionistes d’Esdras et Néhémie : le nouvel État juif n’est vivable qu’à condition de continuer à bénéficier de la protection d’un empire, et cela suppose une diaspora puissante.
Pendant plus d’un siècle après Esdras, le royaume d’Israël fut pratiquement dirigé à distance par les exilés de Babylone, Néhémie lui-même y gardant sa résidence principale. Aujourd’hui encore, la survie d’Israël est dépendante de l’influence qu’exercent ses défenseurs aux États-Unis et en Europe. Bien qu’il ait pour vocation théorique d’accueillir tous les Juifs du monde, l’État d’Israël s’écroulerait s’il atteignait ce but.
La communauté juive américaine, et ses puissants réseaux tels que le B’nai B’rith ou l’AIPAC, remplissent aujourd’hui la même fonction que la communauté juive babylonienne au Ve siècle avant notre ère. C’est ce qu’a fait remarquer Jacob Neusner dans A History of the Jews in Babylonia (1965) ou encore Max Dimont dans Jews, God and History (1962). Selon ce dernier, les Juifs américains préférant rester aux États-Unis qu’émigrer en Israël sont tout aussi indispensables à Israël que le furent, à l’époque perse, les Juifs babyloniens qui déclinèrent l’invitation de retourner en Palestine :
« Aujourd’hui, comme ce fut le cas auparavant, nous avons d’un côté l’État indépendant d’Israël, de l’autre, la Diaspora. Mais, comme par le passé, l’État d’Israël n’est qu’une citadelle du judaïsme, un refuge, le centre du nationalisme juif où résident seulement deux millions sur les douze millions de Juifs du monde. La Diaspora, bien qu’elle ait déplacé son centre à travers les âges selon la naissance et la chute des civilisations, demeure l’âme universelle du judaïsme. »
Conclusion
Le sionisme était censé apporter la réponse finale à l’épineuse « question juive », et tout le monde espérait qu’il le ferait. Mais son succès a n’a fait que métamorphoser la question, qui est devenue la « question sioniste » : la question de la nature et du devenir d’Israël, depuis que ce nom désigne à nouveau un État du Moyen-Orient. Une partie des réponses à cette question, selon le point de vue défendu dans mon livre, se trouve dans la Bible. La question sioniste, c’est la question biblique. Ce sont les sionistes eux-mêmes qui nous le disent. N’ont-ils pas la Bible plein la bouche ?
En 2015 encore, le Premier ministre Benjamin Netanyahou justifiait devant le Congrès américain sa phobie de l’Iran en se référant au Livre d’Esther (le seul livre biblique qui ne mentionne jamais Dieu), dont l’héroïne juive déjoua un projet d’extermination de son peuple par les Perses :
« Aujourd’hui, le peuple juif fait face à une autre tentative, par un autre souverain perse, de nous détruire. »
Netanyahou a réussi à programmer son allocution la veille de la fête de Pourim, qui célèbre la fin heureuse de l’histoire d’Esther : le massacre de 75 000 Perses, femmes et enfants compris.
Que ceux qui pensent que la Bible et le sionisme n’ont aucun rapport – qu’il existerait un bon judaïsme biblique et un mauvais judaïsme sioniste – y pensent à deux fois : même la politique de dissuasion nucléaire israélienne porte un nom biblique : l’ « Option Samson ».
Et qu’ils relisent les prophètes :
« Et voici quelle sera la plaie dont l’Éternel frappera tous les peuples qui auront combattu contre Jérusalem : il fera tomber leur chair en pourriture pendant qu’ils seront debout sur leurs pieds, leurs yeux fondront dans leurs orbites, et leur langue fondra dans leur bouche. » (Zacharie 14,12)
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