Voici en exclusivité sur E&R la retranscription de l’appel assez violent de Jean-Dominique Michel au ministre de la Santé Olivier Véran. Nous rappelons que le Suisse Jean-Dominique Michel n’est ni médecin ni infectiologue : il se présente comme anthropologue médical. Critiqué pour son approche dans la presse mainstream (suisse et française), il a donné une interview au Figaro le 10 juillet 2020 dans laquelle il affirmait que « le confinement généralisé n’était pas la meilleure réponse ».
Cependant, il a le droit, comme tout un chacun, de discuter la politique de santé du gouvernement français.
« Monsieur le ministre, les mesures que vous avez récemment annoncées ont provoqué une levée de boucliers à travers tout le pays. Les responsables politiques, les personnalités, les penseurs, des scientifiques se sont levés pour vous demander de revenir en arrière. Le 13 mars dernier je lançais un appel au calme sur la base des premiers éléments qui parvenaient à notre compréhension sur l’envergure réelle de l’épidémie de Covid. Tous ces éléments étaient rassurants : ils montraient que nous faisions face à une épidémie respiratoire hivernale d’un ordre de grandeur comparable à ce que nous avons l’habitude de connaître. Il s’avère qu’il ne s’agit malgré la somme d’erreurs que vous avez commises et leur coût sur la population en termes de surmortalité, il ne se sera agi que la dixième épidémie la plus grave depuis l’après-guerre.
Les indicateurs que vous continuez à brandir au nez la population semaine après semaine ne veulent plus rien dire. Les tests ont une telle sensibilité que dans l’immense majorité des cas ils révèlent des personnes qui ont pu être en contact avec le virus mais qui ne sont ni infectées ni contagieuses. Vous êtes vous-même neurologue, Monsieur le ministre et vous savez mieux que personne l’impact que peut avoir sur le cerveau des informations anxiogènes et erronées sur un problème de cette nature.
Le professeur Raoult a rappelé devant le Sénat la réalité de l’effet nocebo : vous pouvez rendre quelqu’un malade et vous pouvez même le tuer avec ce genre de communication. Le fait est que votre réponse depuis le début mai jusqu’à aujourd’hui a été désordonnée, incohérente, brutale à de nombreux égards, et malhonnête parfois vis-à-vis de la population. Les personnes aujourd’hui font confiance à des personnes comme le professeur Didier Raoult ou le professeur Christian Perronne. Ils ont reconnu en elles des médecins, chercheurs, mais qui sont médecins avant tout. Avoir mis en échec comme vous l’avez fait les médecins généralistes qui dans tous les textbooks épidémiologiques sont les premiers rideaux face à un phénomène de cette nature est une violation crasse des droits des soignants et des patients, dont vous aurez à répondre devant la Haute Cour de justice.
N’aggravez pas votre cas, Monsieur le ministre, il est temps de sortir de toute cette propagande, de toute cette agitation, de toute cette incohérence, qui est en train de provoquer, depuis des mois, rien moins qu’un état de délire collectif dans notre pays. Nous ne parlons plus d’erreur.
Le propre d’un délire, c’est un emballement qui est devenu immaîtrisable et qui dévaste tout sur son passage. Les conséquences des mesures que vous avez prises, Monsieur le ministre sont infiniment pires que le tribut que cette maladie a pris sur la population en fauchant essentiellement des personnes en fin de vie et gravement malades. Vous êtes en train d’organiser, Monsieur le ministre un saccage des forces vives de la société, un effondrement de l’économie, une asphyxie de la culture, il n’est pas une seule catégorie de la population qui n’est endommagée par des décisions excessives que vous prenez les unes après les autres avec un autoritarisme qui laisse pantois, et ce, d’autant plus qu’elles ne reposent pas sur des bases scientifiques.
Le seul pays d’Europe qui n’a pris que des décisions basées sur des données probantes c’est la Suède, dont on s’est beaucoup gaussé, et qui est aujourd’hui en bien meilleure position que les pays latins d’Europe face à ce qu’il reste de cette épidémie. Épidémie, c’est pas un mot qu’on dit parce qu’il nous vient à l’esprit, ce sont des critères objectifs. Vous savez comme moi, Monsieur le ministre, qu’en ce qui concerne les infections respiratoires virales, on parle d’épidémie dès lors qu’il y a 150 cas de personnes avec des symptômes et malades pour 100 000 habitants. Vous avez baissé ce seuil à 60 pour le Covid avec des tests qui, jusqu’à hauteur de 9 sur 10, peuvent être positifs sans que la personne soit malade, infectée ou infectieuse.
Ces éléments ne veulent plus rien dire. Tous les axes de ceux qui pilotent une réponse de santé publique ont été complètement bouleversés par les incohérences successives que vous continuez d’imposer à la population. Il est urgent de mettre les priorités dans le bon ordre et d’arrêter cette destruction qui conduit déjà à des millions de chômeurs en plus, à des centaines de milliers de fermetures et de faillites d’entreprises, tout ça pour une épidémie respiratoire virale qui n’aura été que la dixième la plus pire depuis l’après-guerre.
Nous sommes dans un délire collectif, il est urgent d’en sortir, confiez les rênes des décisions à des personnes compétentes en qui les Françaises et les Françaises ont confiance comme le professeur Raoult ou le professeur Perronne, qui a assumé cette fonction pendant longtemps dans le cadre des politiques de santé. Et puisque votre action et votre communication sont désormais devenues toxiques pour le pays, Monsieur le ministre, prenez vos responsabilités, et je vous en prie, démissionnez. »