Écrivain et cinéaste, Claude Lanzmann n’y est pas allé par quatre chemins. Dans une tribune publiée dans Le Monde, il proclame qu’un « mauvais coup se perpètre à l’éducation nationale et chez les éditeurs » scolaires.
Il pointe en effet une circulaire du Bulletin officiel de septembre, qui « insistait sur la nécessité de supprimer le terme “Shoah” des manuels scolaires. Circulaire d’autant plus remarquable qu’elle prétendait faire suite au discours prononcé par Nicolas Sarkozy lors d’un précédent dîner du CRIF et dans lequel, après avoir utilisé plusieurs fois et avec le plus grand naturel le mot “Shoah”, il proposait que chaque enfant juif assassiné soit parrainé par un lycéen français du même âge ».
C’était il ya quelque temps, Xavier Darcos était encore à l’Educnat, et a dû réunir une commission pour réfléchir à la mise en place de cette décision.
Sauf que le bulletin en question aurait été un peu désavoué. On dit qu’il n’était pas dans le Journal officiel, et qu’il n’émanait pas de la République directement.
Tailler à la Hachette
Et puis voilà que l’on télescope cette histoire de bulletin, tintamarre, avec l’affaire Hachette, où l’éditeur a été accusé de négligence, et essuya les protestations d’associations juives. Des erreurs factuelles volontiers reconnues, et d’autant plus que l’ouvrage en question était un spécimen, lequel est relu et corrigé avant de partir à l’impression. (voir notre actualitté)
Mais le temps tourne au gris. Et Claude Lanzmann de pointer : « Le manuel des éditions Hachette, qui suit à cent pour cent la recommandation du bulletin de l’éducation nationale, nous le dit on ne peut plus clairement : il faut utiliser désormais le mot “anéantissement”. » Diantre !
Heureusement, il a eu l’occasion entre-temps de s’entretenir avec Luc Chatel, notre ministre L’Oréal de l’Educnat. Lequel « est sûrement un homme de bonne foi et de bonne volonté, c’est ce que je retiens des propos qu’il m’a tenus. Je pense qu’il n’a pas été indifférent à l’importance de la question du nom, lorsque je lui en ai parlé ».
Une question à shoah multiples
Alors disparition ou non du mot Shoah, voilà qui intrigue. Effectivement, le bulletin en question pose « La Seconde Guerre mondiale : guerre d’anéantissement et génocide des Juifs et des Tziganes », chose étrange. Mais l’AFP, ayant consulté plusieurs éditeurs, et notamment le Groupe des éditeurs scolaires, semble démontrer que le terme Shoah n’est pas ostracisé.
Sylvie Marcé, présidente du GPE, PDG de Belin explique : « On est un peu surpris de la polémique. Le terme ne figure pas dans les programmes, mais nous n’avons eu aucune demande d’aucune sorte qu’il ne figure pas dans les manuels et, de fait, la très grande majorité des manuels mentionne le terme et le définit. »
Alors, suppression, or not suppression ? C’est au pied du mur que l’on verra le mieux les maçons de cette polémique