Les propos du cinéaste au Festival de Cannes ont été interprétés comme une apologie de Hitler. La Justice suit donc tardivement son cours.
Lars von Trier a déclaré avoir été entendu mercredi par la police danoise sur les propos qu’il avait tenus au dernier Festival de Cannes. « J’ai été interrogé par la police de Zélande du Nord concernant une mise en examen préliminaire du procureur de Grasse en France en août 2011, sur une possible infraction des lois françaises concernant l’exaltation de crimes de guerre. »
« En raison de cette grave inculpation, je conclus que je ne peux pas m’exprimer sans ambiguïté », précise le réalisateur danois. J’ai donc décidé qu’à partir d’aujourd’hui je ne ferai plus de déclarations publiques. » Interrogé par l’Agence France Presse, le procureur de la République de Grasse Jean-Michel Cailleau a démenti toute mise en examen. « Ce n’est pas cohérent, je ne peux pas mettre en examen puisque je ne suis pas juge d’instruction. »
Le Danemark ou la France
« Cela étant, on ne reste pas les bras ballants après ce qui s’est dit lors du Festival de Cannes », poursuit le magistrat. « Depuis, on a fait un certain nombre d’investigations et on a demandé cet été aux autorités judiciaires danoises de nous indiquer si les propos tenus pouvaient entraîner des poursuites dans le cadre d’une infraction pénale au regard de la législation danoise. »
« Dans cette affaire, eux peuvent poursuivre. Nous aussi. Ma décision n’est pas prise. Si les Danois disent qu’ils retiennent leurs compétences, on ne poursuivra pas en France », a conclu Jean-Michel Cailleau.
Persona non grata
Connu pour ses provocations, Lars von Trier avait défrayé la chronique en affirmant notamment éprouver « un peu » de compassion pour Hitler, au dernier Festival de Cannes lors de la présentation de son film « Melancholia ». « Je dis seulement que je comprends l’homme. Il n’est pas vraiment un brave type, mais je comprends beaucoup de lui et je sympathise un peu avec lui », avait-il dit. Le cinéaste, qui avait présenté des excuses, avait alors été déclaré « persona non grata » pour la durée de l’édition 2011.