Le Haut-Commissaire des nations Unies pour les réfugiés Antonio Guterres critique ce lundi la montée de la xénophobie. Devant le comité exécutif du HCR, il a affirmé que le « multiculturalisme n’est pas seulement une bonne chose, il est inévitable ».
« Les réfugiés ne doivent pas devenir les dommages collatéraux d’attitudes et de politiques anti-immigrés », a déclaré le Haut-Commissaire, en ouvrant à Genève la réunion annuelle de l’agence de l’ONU.
« A mon avis, des sociétés multiculturelles, multiethniques et multireligieuses ne sont pas seulement une bonne chose, elles sont inévitables. Construire des communautés ouvertes et tolérantes est un processus lent et délicat. Mais la non-discrimination est un principe de base des droits de l’Homme et tous les Etats ont le devoir de le respecter », a souligné Antonio Guterres.
43 millions de réfugiés
Pour le Haut Commissaire, la montée de la xénophobie menace l’espace disponible pour la protection des réfugiés, alors que l’environnement international est toujours plus complexe. Cela rend plus difficile de trouver des solutions pour les 43 millions de réfugiés, déplacés internes et apatrides dans le monde, a-t-il averti.
« L’incertitude est devenue la règle du jeu. Les crises se multiplient, les conflits sont plus complexes et les solutions de plus en plus difficiles à atteindre », a estimé Antonio Guterres.
Depuis le début de l’année, une multitude de crises se sont succédées, a-t-il souligné, de la Côte d’ivoire à la Libye, des soulèvements dans les pays arabes à la corne de l’Afrique.
14 millions de gens ont faim
La crise humanitaire dans la corne de l’Afrique est l’une des plus graves qu’il ait connue, a confié le Haut-Commissaire. Près de 14 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire en Somalie, Ethiopie et au Kenya.
« Nous pouvions prévoir cette détérioration depuis longtemps. Mais la communauté internationale a été trop lente à réagir aux premiers signaux », a-t-il dit. « Ce qui est pire, nous n’avions pas non plus la capacité à prévenir une telle aggravation de la situation », a reconnu M. Guterres.
Le secteur privé à la rescousse
Le HCR doit présenter cette semaine aux donateurs un budget de 3,5 milliards de dollars pour ses activités en 2012 et de 3,4 milliards pour 2013. Le Haut Commissaire a indiqué qu’il allait chercher à élargir la base de ses contributeurs, notamment en faisant appel au secteur privé, pour financer des besoins en hausse.
Lundi soir, le prix Nansen doit être officiellement remis à Genève au fondateur de la Société pour la solidarité humanitaire (SHS), Nasser Salim Ali Al-Hamairy. Cette ONG du Yémen a contribué à assister des milliers de réfugiés somaliens et éthiopiens ayant traversé le golfe d’Aden.