Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a demandé jeudi au Parlement de la région autonome d’organiser un référendum d’indépendance, au moment où l’Irak est menacé d’implosion par une offensive jihadiste.
Les députés devraient "préparer l’organisation d’un référendum sur le droit à l’auto-détermination" de cette région qui aspire à l’indépendance depuis des dizaines d’années, a déclaré M. Barzani selon un enregistrement audio de sa déclaration à huis clos, obtenu par l’AFP.
"Cela renforcera notre position, et sera une arme puissante" à notre service, a-t-il ajouté.
M. Barzani avait prévenu en début de semaine, dans une interview à la BBC, que le Kurdistan envisageait d’organiser dans les mois à venir un référendum d’indépendance, ajoutant que la période s’y prêtait, l’Irak étant déjà, selon lui, divisé.
Depuis le lancement le 9 juin d’une offensive par des insurgés sunnites, de larges pans du territoire échappent au gouvernement de Bagdad. Beaucoup sont tombés aux mains de l’Etat islamique (EI), qui mène l’insurrection.
Mais l’offensive des insurgés a aussi permis aux Kurdes de prendre le contrôle de secteurs qu’ils souhaitaient intégrer à leur région autonome mais que Bagdad leur refusait, au premier rang desquels la ville multi-ethnique et pétrolière de Kirkouk. M. Barzani a affirmé que le contrôle de Kirkouk ne saurait être remis en question, ce que le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a balayé d’un revers de main, affirmant que personne n’avait "le droit d’exploiter les événements qui ont eu lieu pour imposer un fait accompli".
L’Irak, déjà miné par des conflits confessionnels notamment entre chiites et sunnites avant l’offensive des insurgés, est au bord de l’implosion, et le scénario d’une partition du pays pourrait commencer à se dessiner. Alors que les attentats étaient quotidiens dans le pays depuis plusieurs mois, le Kurdistan irakien faisait figure de havre de paix, avec un développement économique insolent comparé au resté du pays.