On va commencer (et finir) par un très beau morceau d’Orient XXI sur le traitement médiatique de la politisation imprévue de la Coupe du monde au Qatar, politisation qui remet la question palestinienne, qui cache évidemment la question israélienne, au centre du terrain.
les envoyés spéciaux israéliens multiplient les déconvenues. L’un d’eux, demandant à des supporteurs anglais si « le football va rentrer chez lui » (comprendre : est-ce que l’Angleterre va remporter le trophée ?) a vu ces derniers joyeusement acquiescer avant que l’un d’eux ne s’empare du micro pour hurler « free Palestine ! »
L’un de ses confrères a quant à lui fait chou blanc en cherchant à interviewer des supporters marocains, sa phrase « but we have peace, now » (« mais on a la paix maintenant [entre nos deux pays] »), pour les convaincre de ne pas le bouder, provoquant des commentaires peu amènes et des slogans propalestiniens.
Les images de ces échanges tournent en boucle sur les réseaux sociaux et donnent encore plus d’ampleur au phénomène. C’est le cas ainsi d’une vidéo où un ressortissant saoudien, se disant « chez lui » au Qatar, explique vertement au journaliste israélien Moav Vardi de la chaîne Kan qu’il « n’y a que la Palestine », qu’il « n’y a pas d’Israël » avant de conclure : « Vous n’êtes pas le bienvenu ici. »
« Le Mondial de la haine », a titré le plus important quotidien israélien Yediot Aharonoth, faussement étonné que la politique de répression des Palestiniens puisse susciter une telle condamnation.
The Moroccan team celebrate with the Palestinian flag after reaching the quarter-final of the World Cup pic.twitter.com/sSCF2YG1SV
— • (@Alhamdhulillaah) December 6, 2022
C’est le bug Système intégral : l’équipe des Lions de l’Atlas, emmenée par la star Hakimi et son capitaine Saïss, et surtout le brillant sélectionneur Regragui, surnommé affectueusement Walid (c’est son prénom) par les commentateurs de BeIn Sports, a dédié sa victoire en quart de finale de la compétition au peuple marocain, évidemment, mais aussi à tous les Arabes et les musulmans du monde, tout en exhibant le drapeau de la Palestine, au moment où le Roi opère un rapprochement politique délicat avec l’entité israélienne !
Ce journaliste allemand du @BILD ose prétendre que l’équipe du Maroc est antisémite pour avoir brandi le drapeau palestinien et nie carrément l’existence de la Palestine !La culpabilité allemande pour l’holocauste en font les +gros propagandistes d’Israel. #FreePalestine https://t.co/XkCETNwhbY
— moonbee (@BMoon_bee) December 11, 2022
Cerise sur le loukoum, jamais dans les déclarations de victoire des joueurs il n’est question du Roi, de victoire dédiée au Roi Mohammed VI... De quoi mettre en rage la presse sioniste internationale, qui pensait le drame palestinien oublié, enterré, dégagé en touche. Le onze marocain vient rappeler avec fracas et pour une audience mondiale que les peuples arabes ne pensent pas exactement comme leurs dirigeants...
L’aventure extraordinaire que vit le Maroc à travers son équipe nationale n’est pas sans déplaire aux autorités qataries, qui l’air de rien envoient un message assez clair au monde : nous ne sommes pas tous alignés sur l’axe américano-sioniste !
Sur les RS, c’est la fête, et du côté de Benamou, c’est la panique : tout le travail pro-sioniste du conseiller du roi M6 André Azoulay s’effondre d’un coup de pied magique, celui donné par les Lions aux conventions et à la « normalisation » !
« On n’introduit pas un drapeau palestinien sur un stade comme ça, les informateurs marocains, la police marocaine qui est puissante et bien informée doit le savoir ! »
Si bien que certains ordonnent au roi aux ministres et aux ambassadeur de s'excuser que le drapeau de la Palestine soit brandi au Maroc. Quel culot quand même !!! pic.twitter.com/JKI9H0IG1R
— addhislam (@addhislam) December 11, 2022
TF1 n’a pas montré le nouveau drapeau du Maroc
Damien Rieu en PLS : Sofiane Boufal n’a pas dédié
la victoire de son équipe à Israël
« Cette victoire elle appartient à tout le peuple marocain, à tous les peuples arabes, à tous les peuples musulmans du monde. »
« Cette victoire appartient à tous les peuples arabes et musulmans du monde. »
Sofiane Boufal, joueur duImaginez le scandale si un joueur de l’équipe de France avait dit « Cette victoire appartient à tous les peuples européens et chrétiens du monde ». #MARESP #Maroc pic.twitter.com/MjVZSIujLG
— Damien Rieu (@DamienRieu) December 8, 2022
Savoir distinguer les bons des mauvais streakers
Le site Orient XXI nous apprend qu’en matière de streaking, il existe deux écoles : celle qui est bien, et celle qui est mal.
Le lundi 28 novembre 2022, lors de la rencontre du premier tour de la Coupe du monde de football entre le Portugal et l’Uruguay, un homme surgit des tribunes et galope quelques secondes sur la pelouse avant d’être plaqué au sol par le service d’ordre du stade de Lusail, à quinze kilomètres au nord de Doha, la capitale du Qatar. La Fédération internationale de football (FIFA) interdisant la diffusion d’images des irruptions de streakers (personnes qui perturbent les rencontres), les téléspectateurs qui suivaient le match en mondovision ne voient rien ou presque des messages délivrés par Mario Ferri, un habitué de ce genre de happening depuis 2009. Mais le soir même, les agences de presse diffusent les photographies détaillant sa cavalcade. D’abord, un drapeau arc-en-ciel avec dessus le mot « pace » (paix en italien) pour signifier sa solidarité avec les LGBTQ+ et son vœu de paix dans le monde. Ensuite, sur son tee-shirt de Superman, deux messages de soutien, l’un aux femmes iraniennes et l’autre à l’Ukraine. Banni des stades pour le reste de la compétition, Ferri explique à moult médias avoir voulu protester contre la censure imposée par les autorités du Qatar et la FIFA sur ces sujets.
Si « Il Falco » (« le Faucon », surnom de Ferri) a eu droit à une belle couverture médiatique pour son acte de bravoure, tel n’a pas été le cas d’un autre streaker qui, lui, a choisi la rencontre Tunisie-France pour accomplir un beau numéro d’acrobate sur le gazon de l’Education City Stadium à Al-Rayyan. Sous les hourras d’une grande partie du public acquis à la Tunisie et scandant « Falastine ! Falastine ! », l’homme brandissait dans sa course un drapeau palestinien et plusieurs joueurs tunisiens ont même tenté d’intervenir en sa faveur quand le service d’ordre l’a raccompagné sans ménagement en dehors du terrain. On ne connaît pas le nom de ce streaker, et aucun grand média occidental n’a cherché à l’interroger… Quelques jours plus tard, le joueur marocain Jawad El-Yamiq a célébré la victoire de son équipe sur le Canada et sa qualification pour les huitièmes de finale avec un drapeau palestinien agité devant les photographes de presse, mais seuls quelques titres et sites arabes ont diffusé le cliché. Et c’est ce même drapeau que l’équipe marocaine a brandi sur la pelouse puis dans les vestiaires après sa victoire aux tirs au but contre l’Espagne et sa qualification historique pour les quarts de finale.