Des députés européens, ainsi que le Premier ministre néerlandais, ont vertement critiqué une publication du chef du gouvernement slovène, qui occupe la présidence tournante de l’Union européenne. Janez Jansa se défend de son côté de tout complotisme.
Plusieurs députés européens ont dénoncé le 15 octobre la dégradation, selon eux, du débat public en Slovénie, fustigeant un « ton inapproprié », après que Janez Jansa a assimilé des députés européens à des « marionnettes de Soros ».
Leurs remarques ont été formulées au lendemain d’un échange acrimonieux de tweets entre les Premiers ministres slovène et néerlandais, le second critiquant une publication jugée complotiste et « de mauvais goût » du premier.
Le chef de la délégation européenne, la libérale Sophie in ’t Veld, elle-même néerlandaise, a refusé de commenter les tweets du chef conservateur du gouvernement slovène.
Mais elle a trouvé « très frappant », devant des journalistes à Ljubljana, la capitale slovène, que « des membres du gouvernement [slovène] s’engagent dans un type de débat qui ne convient pas à une société civilisée et démocratique ».
Le 14 octobre, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte avait condamné dans un tweet, « dans les termes les plus forts », la publication sur Twitter d’un montage photo par Janez Jansa. « Le gouvernement vient de transmettre ce même sentiment à l’ambassadeur de Slovénie à La Haye », a ajouté Mark Rutte, qui a récemment eu une série de démêlés avec des dirigeants d’Europe centrale.
Janez Jansa supprime son tweet, mais ne se rétracte pas
Le cliché représentait un tableau reliant Georges Soros – controversé milliardaire américain d’origine hongroise et fondateur de l’Open Society Foundations – à plusieurs députés européens, dont Sophie in ’t Veld, qualifiés de « marionnettes » du financier. Janez Jansa a ensuite supprimé son tweet, mais a répondu à Mark Rutte sans se rétracter sur le sujet.
Le Premier ministre slovène a posté une série de tweets à l’adresse de son homologue néerlandais, faisant notamment référence au meurtre à Amsterdam en juillet du journaliste spécialisé dans les affaires criminelles Peter R. De Vries.
« Eh bien, Mark, ne perdez pas de temps avec les ambassadeurs et la liberté des médias en Slovénie. Avec Sophie in ’t Veld, protégez vos journalistes contre les meurtres dans la rue », a ainsi rétorqué Janez Jansa, qui a également contesté le caractère complotiste de son tweet liant des eurodéputés et George Soros.
Sous le gouvernement de Janez Jansa, la Slovénie est accusée par Bruxelles de porter atteinte à la liberté de la presse. « La pression sur les organismes publics et les médias est de plus en plus forte », a affirmé Sophie in ’t Veld. « Ce type de débat conduit à un climat de méfiance, d’hostilité et d’intimidation », a-t-elle ajouté, précisant que la délégation était également préoccupée par « la polarisation » de la société.
Janez Jansa s’exprime régulièrement de façon énergique sur Twitter, où il a également qualifié le travail de l’agence de presse nationale STA – dont le financement gouvernemental a été suspendu – de « honte nationale ». Sophie in ’t Veld a réitéré l’appel de l’Union européenne (UE) à rétablir le financement de STA.
Ses remarques sont intervenues à la fin d’une visite de trois jours d’une délégation de huit députés européens visant à évaluer la situation de l’État de droit et la liberté des médias dans ce pays de deux millions d’habitants. Janez Jansa et plusieurs ministres ont refusé de recevoir la délégation, selon Sophie in ’t Veld. La délégation a rencontré des fonctionnaires, ainsi que des personnes issues de la société civile, des journalistes et des universitaires.