J’en ai déjà abondamment parlé ailleurs, mais comme ces spécialistes de la com’ se confondent en éloges sur le « sublime » texte « ciselé » que serait le titre « nés sous la même étoile » de I AM, et que Mélenchon en a ailleurs parlé comme d’un poème pour moquer la bévue de Macron, il me tient à coeur de remettre les choses à leur place : si les rappeurs sont des poètes, ce sont de très mauvais poètes. Leurs textes sont truffés de solécismes, de contresens et d’images incohérentes et mal réfléchies, même quand il s’agit d’un soi-disant chef-d’oeuvre textuel du rap français.
La toute première phrase de « nés sous la même étoile » (du refrain donc) est absurde et ne veut à peu près rien dire — bien que l’on comprenne ce qu’ils ne parviennent à formuler ou imager correctement :
« La vie est belle, le destin s’en écarte » est une proposition absurde. Que signifie le destin qui s’écarte de la vie qui est belle, sinon que les prétendus poètes qui ont écrit cela démontrent leur incurie littéraire et leur piètre conscience du langage ? Comment diable le destin pourrait-il « s’écarter » de la vie ?
En fait, si on lit bien le texte, on remarque que presque à chaque fois qu’ils utilisent un verbe non banal (être, avoir, voir, etc..), c’est à mauvais escient ou à contre emploi.
Autre exemple : « les cages dorées agissent à leur aise ». Là aussi, on saisit ce qu’ils auraient voulu dire, mais, encore une fois, c’est totalement maladroit, et du verbe mal choisi résulte une image absurde.
Hormis ces fautes de sens qui apparaissent dès qu’ils veulent « élever le niveau », le reste du texte (soit la quasi entièreté de celui-ci) s’appuie sur un style des plus prosaïquement pauvres, une plate énumération d’antithèses triviales.
À ceux qui penseraient éventuellement que je ne serais pas sensible au discours poétique et aux audaces langagières qu’il permet, je les informe être un admirateur de poètes comme Mallarmé ou Valéry.
Pour finir je vais résumer l’effet que me font 99,9% des textes de rap, en rapportant un petit passage anodin du roman « L’homme qui rit » de Victor Hugo. Il y fait parler un personnage qui finit sa tirade emportée par « Je suis étranglé par la fièvre ! ». Victor Hugo, en narrateur omniscient, répond ceci à son propre personnage : « La fièvre n’étrangle pas. Fausse métaphore. »
Les textes de rap, c’est souvent ça, une succession de fausses métaphores ou une manifestation crasse d’indigence littéraire. Seul la bien-pensance fait dire l’inverse.
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