Il y a deux semaines, un professeur s’immolait par le feu dans son lycée de Béziers. Parallèlement, le Monde faisait un article sur une étude qui révèle que 17% des professeurs souffrent de « burn out », un grave épuisement physique et mental.
Quand l’Etat abandonne les professeurs
L’étude révélée par le Monde est proprement effrayante. Un professeur sur six serait dans un état très difficile. En clair, n’importe quel élève de collège ou de lycée a un ou deux professeurs qui souffrent d’un grave épuisement physique et mental. Cela est doublement révoltant. Tout d’abord, il est inacceptable que l’Etat laisse ainsi les personnes en charge de l’éducation de la jeunesse à l’abandon, mal à l’aise dans leur métier, 30% souhaitant même le quitter.
Il n’est pas acceptable que tant de personnes souffrent à cause de leur travail du fait des frustrations et des difficultés que ce noble métier provoque aujourd’hui. Il est primordial que le métier de professeur soit épanouissant non seulement pour eux, mais aussi pour leurs élèves. Comment espérer que l’éducation nationale fasse bien son travail si les professeurs sont si mal dans leur peau, comme le montrent ces quelques témoignages récoltés par le Figaro ?
Et ces témoignages ne sont malheureusement pas anecdotiques. D’innombrables articles dans les journaux ou les magazines rappellent à quel point la condition de professeur est aujourd’hui difficile. Absence d’autorité sur des élèves qui n’ont plus le moindre repère, manque absolu de soutien de la part d’une administration qui préfère trop souvent ignorer les problèmes. Aujourd’hui, il faut un sacré courage et une belle vocation pour continuer à exercer dans de telles conditions.
Améliorer les conditions de travail
En outre, il faut reconnaître que le niveau de rémunération est bien faible par rapport au niveau d’études et à l’investissement demandé à l’immense majorité des professeurs. Tout cela créé un cocktail détonnant pour l’Education Nationale. Malgré un niveau de chômage extrêmement élevé et la sécurité procurée par le fait de devenir professeur, le nombre de candidats ne cesse de baisser, réduisant dramatiquement le niveau de sélectivité et illustrant le manque d’attrait de la carrière de professeur.
En fait, nous assistons depuis quelques années à une grande déconstruction de l’éducation nationale, qui était pourtant une des grandes forces de notre pays. Le niveau baisse avec des méthodes d’éducation qui ne fonctionnent pas, les professeurs se sentent mal, et il n’y a plus d’autorité dans les cours. Pourtant, les gouvernements ne font presque rien pour régler les problèmes. Le PS a cédé à un pédagogisme imbécile et refuse l’autorité nécessaire pour faire fonctionner l’école.
L’UMP se contente de réduire le nombre de professeurs pour donner des gages aux agences de notation et marquer sa différence avec les socialistes. Et pendant ce temps, les professeurs et les élèves trinquent. En fait, il faudrait à la fois améliorer les conditions de travail des professeurs, remettre de l’autorité dans les classes et revoir les méthodes d’enseignement et les programmes. Les solutions existent, comme l’avait montré la Convention Nationale de DLR du début d’année.
Il est extrêmement préoccupant de constater à quel point les grands partis semblent ignorer l’immense malaise de l’ensemble du corps professoral, qui ne cesse de grandir. Avec la lutte contre le chômage, la refonte de l’éducation nationale doit être la priorité des prochaines années.