Avant le 11/9, Goldman Sachs avait prédit que les BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine) feraient partie des plus grosses économies du monde, mais pas avant 2040. Une décennie plus tard, la Chine est déjà le N°2, l’Inde est dixième, et même la Russie s’en rapproche.
En PPA (parité de pouvoir d’achat), une méthode alternative de comparaison des pays qui compare les pouvoirs d’achat, c’est même encore plus patent : la Chine est seconde, l’Inde est quatrième, la Russie sixième, et le Brésil, septième. Alors que l’économie américaine s’est développée de moins de 1% depuis 2007, celle de la Chine a gagné 45%. Pas étonnant que Jim O’Neill, le père de l’acronyme « BRIC », avait averti que les Etats Unis et l’Europe ne dirigeraient plus le monde.
Pour beaucoup d’experts, désormais, c’est l’Asie qui domine le monde, et dans les 30 prochaines années, les 5 premières puissances seront la Chine, les Etats Unis, l’Inde, le Brésil et le Mexique. L’Europe de l’Ouest n’y aura plus sa place.
Le capitalisme ne vit pas un clash à proprement parler, écrit Pablo Escobar dans Asia Times, il vit un clash de civilisation.
Les Etats Unis
- Trois évènements ont marqué le tournant pour les Etats Unis :
Les attentats du 11/9
L’invasion de l’Iraq
La crise financière de 2008.
Depuis, l’Amérique n’est plus une référence, elle est devenue une puissance « pétrifiée » et « opérant en pilotage automatique ».
Toutefois, les Etats Unis sont toujours l’économie la plus forte du monde, le dollar est toujours la devise mondiale de référence et l’armée américaine est toujours la plus puissante, et la plus présente tout autour du monde.
Mais politiquement, c’est un pays en déclin, oscillant entre un « populisme boiteux et une orthodoxie rassie ». « C’est un pouvoir géant enveloppé dans une paralysie politique et économique », incapable de développer une stratégie de sortie.
L’Europe
Elle est condamnée à décliner tant qu’elle sera engluée dans sa crise financière.
Elle demeure toutefois le plus gros marché du monde. Dans certains domaines de compétences technologiques, elle est au même niveau ou dépasse les Etats Unis.
Ce sont les démocraties européennes qui ont inspiré le Printemps Arabe, pas le système politique américain. Et les grandes villes d’Europe, Londres et Paris, restent les places de prédilection pour la diversification des portefeuilles des fortunes asiatiques.
Pourtant, avec des dirigeants comme le « néo-napoléonique Président Nicolas Sarkozy », le « Premier Ministre David (d’Arabie) Cameron, le Premier « Silvio (« bunga bunga ») Berlusconi, et la Chancelière Angela (« Chère Prudence ») Merkel, l’Europe manque de leaders créatifs et compétents.
Presque la moitié des jeunes Espagnols est au chômage, et dans le reste de l’Europe, environ 20% des jeunes n’arrivent pas à trouver du travail. En France, 13,5% de la population est officiellement pauvre, et vit avec moins de 1000 euros par mois. Dans beaucoup de pays d’Europe de l’Ouest, l’Etat a « brisé le contrat social », et comme l’ont clamé les « Indignados » espagnols, « Nous ne sommes pas contre le système, c’est le système qui est contre nous ».
Mais l’Europe pourrait s’offrir des opportunités en se tournant vers l’Asie. Elle pourrait offrir le modèle de sa société, son économie, et sa culture à la Chine, l’Inde et la Russie, tout en développant des contact avec la Turquie, le reste du Moyen Orient, l’Amérique Latine, et l’Afrique, mais hors de l’OTAN.
L’Asie
On assiste à l’émergence d’une classe moyenne, pas seulement en Chine et en Inde, mais aussi en Indonésie (population de 240 millions), au Vitenam (85 millions). En Chine, 300 millions de gens vivant dans des zones urbaines, soit 23% de la population, gagnent des salaires réguliers et leur économie représente déjà les 2/3 de l’Allemagne. Selon McKinsey, 190 millions de foyers chinois forment la classe moyenne, et en 2025, elle devrait gonfler de 75%, pour atteindre 372 millions de foyers.
En Inde, 15 millions de foyers vivent avec plus de 10.000 dollars annuels sur une population de 1,2 milliards d’individus, toujours selon McKinsey. Dans 5 ans, il devrait y en avoir 40 millions, ce qui correspond à 200 millions de personnes. Un salaire de 10.000 dollars permet de vivre très confortablement dans ces régions du monde.
Selon Nomura Securities, les ventes de détail de la Chine dépasseront celles des Etats Unis dans 3 ans.
La Chine détient 3200 milliards de dollars en réserves de change, 40% du total mondial.
Conclusion :
Les « ogres mythiques de notre monde », c’est-à-dire Oussama Ben Laden, Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi, Mahmoud Ahmadinejad, tous Musulmans, de façon notable, agissent comme des « trous noirs » qui absorbent nos peurs. Mais ils ne sauveront pas l’Ouest de son déclin.
10 ans après les attentats du 11/9, l’évènement majeur de 2011 est le Printemps Arabe, et la conquête de la liberté et de la démocratie des peuples arables, alors que l’Ouest sombre dans la peur, la crise économique, l’islamophobie, et que des émeutes éclatent un peu partout. L’OTAN a donné un coup de main qualifié d’ « humanitaire » à ces mouvements pour redorer son blason. Mais ces tentatives ont été minées par le pouvoir médiéval saoudien et leurs alliés du Golfe Persique.
Désormais, la mission de l’OTAN est d’essayer de maintenir le pouvoir de l’Europe et des Etats Unis, et de tenir les BRICS et les « indigènes » à l’écart.
Dans les pays occidentaux, les classes moyennes sont désespérées.
Le monde retient son souffle dans l’attente de la chute des pays de l’Ouest, un à un.
Quand le capitalisme doit être porté aux urgences, ceux qui paient la facture d’hôpital sont toujours les plus vulnérables – et la facture est toujours payée avec le sang », conclut Pablo Escobar.