Chaque année, le Centre Simon-Wiesenthal publie son « top ten » des « insultes antisémites et anti-Israël ». Le dessinateur Zéon figure en septième position au palmarès de l’édition 2013 !
1.
Parce qu’il a déclaré qu’Israël est le « chien enragé de la région » et que ses leaders « ressemblent à des bêtes et ne peuvent être qualifiés d’humains », c’est le Guide suprême de la Révolution islamique Ali Khamenei qui remporte le titre cette année.
Le Centre Simon Wiesenthal considère que Khamenei aurait proféré des « menaces de génocide contre l’État juif » (curieusement non-citées) et dénonce comme conspirationniste l’idée du Guide suprême selon laquelle le pouvoir aux États-Unis serait entre des mains sionistes. Pour apporter quelque nuance à cette propagande grossière, le Centre Wiesenthal représente le Guide iranien saluant la foule bras et main tendus, à la manière d’Hitler.
2.
Le dauphin 2013 est le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Probablement soucieux de sauver les apparences auprès d’une population turque à majorité musulmane et hostile à l’occupation de la Palestine, Erdogan et son entourage avaient imputé à la « diaspora juive » la responsabilité des manifestations anti-gouvernement en début d’année, puis estimé que le renversement militaire de Mohamed Morsi en Égypte avait été instigué par Israël.
Des déclarations horrifiantes pour le Centre Simon Wiesenthal. Mais que celui-ci se rassure : il n’est pas très difficile d’opposer aux mots du Premier ministre certains de ses actes, beaucoup plus concrets, qui ont marqué durant cette même année 2013 la position parfaitement sioniste du gouvernement turc. La Turquie dirigée par Erdogan a en effet été l’adversaire le plus direct de la Syrie, servant de véritable base arrière et de point d’entrée aux djihadistes venus de toute la région et même d’Europe pour mettre à bas l’État laïc de Bachar el-Assad. La Syrie étant l’ennemie d’Israël (en elle-même, mais aussi parce qu’elle est sur le chemin de son ennemi principal, l’Iran – cf. le n°1 de ce classement) Erdogan est donc, dans les actes, le meilleur allié d’Israël au Moyen-Orient depuis 2011.
3.
En troisième position, Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU pour les Territoires palestiniens, qui a récemment accusé Israël d’intentions génocidaires en Palestine.
4.
Ex-aequo en quatrième position, le mouvement Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS), l’American Studies Association, Roger Waters et l’Église unie du Canada.
L’American Studies Association a osé s’en prendre à « la seule vraie société libre au Moyen-Orient ». Elle a notamment « refusé de condamner les vrais architecte du mur de séparation – les terroristes et leurs soutiens, qui ne peuvent accepter l’existence d’un petit état juif au sein de 23 États arabes ». « Infâme », selon le Centre Wiesenthal.
Le cofondateur du groupe Pink Floyd Roger Waters a commis le crime de comparer Israël à l’Allemagne nazie, de le qualifier d’État d’apartheid et de contester que l’Iran ait la moindre intention hostile à son égard. Le symbole qui lui vaut sa place au classement : une étoile de David dessinée sur un cochon volant au-dessus de la foule durant les concerts de sa tournée estivale.
Quant à l’Église unie du Canada, elle « empoisonne les relations interconfessionnelles ». Motif ? Son appel au boycott des produits israéliens.
5.
Cinquième, le parti hongrois Jobbik. Déjà en 2012, le député Marton Gyöngyösi avait demandé le recensement des dirigeants juifs représentant une menace pour la sécurité nationale. En 2013, il a chargé son dossier en déclarant que la la manipulation des chiffres de l’Holocauste était devenue un « business fantastique », que l’État d’Israël « fonctionne comme un système nazi fondé sur la race », que « les juifs essaient de construire hors d’Israël. Il y a une sorte d’expansionnisme dans leur comportement », et que le sionisme était une « menace pour la paix ».
6.
En sixième position, ceux qui se sont un peu trop approchés du Diable. Parmi eux, entre autres, l’actrice Najwa Karam, qui a déclaré qu’Hitler avait du charisme, ainsi que deux étudiants turcs arrêtés après avoir fait un salut nazi à Auschwitz.
7.
Septième : Zéon !
Le Centre Wiesenthal retient les deux dessins suivants :
Ils refléteraient « une pré-occupation envers les juifs et le sang de leurs (supposées) victimes ».
À noter que Zéon a été relaxé par la justice dans l’affaire qui l’opposait à la LICRA à propos du second dessin. Pour plus d’informations, lire notre article : « Victoire de Zéon contre la LICRA ! »
Parmi les dernières places du classement, dans la catégorie « sport » – l’« antisémitisme » et l’antisionisme touchent beaucoup de catégories –, signalons la présence de Tony Parker faisant sa « Nazi-like Quenelle » aux côtés de Dieudonné. Toujours dans la nuance, le Centre Wiesenthal affirme sans rire que la quenelle est désormais « largement utilisée par les néo-nazis ».
Télécharger le palmarès complet (en anglais) : wiesenthal.com (pdf)